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Compte rendu – Handicap et validisme au sein des luttes LGBTI+

Handicap et validisme au sein des luttes LGBTI+

Ceci est un compte rendu qui vise à retranscrire la table ronde du 27/06/2020 lors du festival de Queerantaine.

Salut ! Je suis Panda, la personne qui anime cette table ronde. Pour me présenter rapidement, je suis non binaire et je suis en situation de handicap invisible. Je suis atteint·e du Syndrome d’Ehlers Danlos. Je suis militant·e bédéiste sur Lille, où je n’ai pas d’implication associative fixe, mais où je travaille avec pas mal d’associations différentes. J’aborderai donc ici une perspective politique et associative particulièrement.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je tiens a définir quelques termes que j’utiliserai par la suite.

Situation de handicap : a mon sens, on n’est pas handicapé. La situation, la société et son manque d’accessibilité me met en situation de handicap comparé a d’autres gens. Si j’avais les adaptations nécessaires, je ne serais probablement pas en situation de handicap.

Validisme et valide : les personnes valides sont les personnes qui ne sont pas en situation de handicap. Le validisme est le nom donné à l’oppression que subissent les personnes en situation de handicap.

Neuroatypie : correspond à un fonctionnement neurologique ou psychologique qui s’écarte de la norme, contrairement à la neurotypie.

Non binarité : correspond aux genres différents de homme et femme.

Pour introduire un peu mon propos, je vais commencer par parler un peu de ce qu’est être en situation de handicap et LGBTI+. Tout d’abord, cela correspond à une convergence de plusieurs oppressions, donc plusieurs luttes. Les personnes en situation de handicap et LGBTI+ vont subir des LGBTIphobies dans le milieu médical, et inversement. La convergence des luttes est là pour prendre en compte les personnes qui sont au centre de plusieurs oppressions.

Ensuite, je tiens à parler de la pathologisation à outrance des personnes LGBTI+. En effet, pour la majorité dominante, iels sont vu·e·s comme étant des personnes « à soigner », que « c’est dans leur tête ». Allant parfois jusqu’aux thérapies de reconversion, toujours légales en France. Être LGBTI+, ce n’est pas être malade. Cependant, les personnes LGBTI+ peuvent également être malades et / ou neuroatypiques. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut chercher à les soigner, car cela correspond simplement à une perception différente du monde.

Les personnes LGBTI+ sont certes plus souvent déconstruites aux sujets des situations de handicap comparé aux personnes non LGBTI+, cependant, cela n’empêche pas qu’il y ait énormément de validisme présent dans cette communauté. C’est une remise en cause permanente et nécessaire. De plus, on pourra remarquer que ce validisme de manière très générale est encore plus présent sur les réseaux sociaux. Encore récemment, nous avons pu remarquer une vague oppressive de part le mouvement Trans Et Handi lancé sur Twitter. Ce mouvement consistait simplement à se visibiliser en temps que personnes à la convergence de ces deux oppressions, cependant, il a été directement repris par des trolls et autres fascistes, laissant place a une vague de validisme, transphobie, nazisme, pédocriminalité et j’en passe. Cette affaire a été étouffée, peu de médias en ont parlé malgré nos sollicitations. Nous avons été invisibilisés une fois de plus.

Mais parlons désormais du militantisme LGBTI+. J’aborderai à ce sujet 3 points essentiels : l’associatif, les lieux queer, et les manifestations.

Comme je vous le disait un peu plus tôt, je ne travaille jamais avec une association fixe, en temps que bénévole. Je préfère de loin la liberté de travailler avec un peu toutes les associations que je rencontre. Cependant, j’ai tout de même fait parti d’une association LGBTI+ sur Lille au début de l’année scolaire 2019. Cette association était a hiérarchie horizontale, ce qui veut dire que tout le monde avait le même pouvoir. A la création de celle ci, plusieurs idées très très limite ont été proposées. Dans le lot, il y avait par exemple le fait d’exclure les bénévoles ne venant pas à 3 assemblées générales consécutives, ou l’obligation de lecture de certains livres, documentaires, films. Ces propositions sont tout simplement dangereuses pour les personnes en situation de handicap, cependant plusieurs personnes avaient voté pour. Nous avions décidé de mettre en place des formations internes faites par des personnes concernées, pour mieux nous déconstruire sur certains sujet. Avec un·e ami·e, nous avons mené une formation sur les situations de handicap et la non binarité. Ces formations n’ont malheureusement pas changé grand chose au validisme qui y régnait. Beaucoup de personnes minoritaires, particulièrement les personnes en situation de handicap, doivent passer leur temps à former et sensibiliser leur entourage. C’est encore plus présent dans le militantisme et l’associatif, où personne n’est formé sur ces sujets. Nous ne sommes pas vos profs, les personnes en situation de handicap plus que quiconque ont de l’énergie et du temps limités. Bien entendu, il est actuellement complexe de trouver de bonnes ressources pour se documenter, sans tomber dans la désinformation. Cependant, certaines personnes sont plus a même de vous aider, ces personnes en général le signalent. C’est mon cas, d’où le fait que je fasse cette table ronde (et ce festival).

Pour préparer cette prise de parole, j’avais un peu sondé les gens autour de moi, notamment pour savoir ce qu’iels pensaient de accessibilité des lieux LGBTI+. Valides ou pas, la majeure partie voyaient très bien qu’il y a un gros problème d’accessibilité. Ce n’est pas rare que certains bars par exemple soient « accessibles » pour y entrer (encore faut il aller demander une rampe au bar, complexe si on ne peut pas rentrer demander) mais que leurs toilettes ne le soient pas. En outre, ils ne sont pas accessibles. Certes, ces travaux ne dépendent pas que d’eux, cependant des lois d’accessibilité existent mais ne sont prises en compte ni par l’état, ni par les propriétaires des locaux, ni par les locataires (bars, locaux associatifs..). Et c’est nous, personnes en situation de handicap, qui en subissons les conséquences. Encore. Et puis, quand un bar est accessible aux fauteuils roulants (miracle!), il ne l’est pas nécessairement aux PMR (Personnes à Mobilité Réduite). Combien de fois je me suis retrouvé·e à faire tout le chemin pour venir dans un bar, pour me retrouver face à une salle pleine, sans chaise prévue, ou a des escaliers imprévus ? Hop, marche arrière, je rentre chez moi. On me prive encore d’une soirée. Je ne crois pas, personnellement, que ça soit très compliqué de garder une ou deux chaises pliantes dans la réserve, et une affiche au bar qui mentionne « si tu as besoin de t’asseoir, préviens moi ! ». Je ne crois pas que ça soit si compliqué que ça de mentionner sur un événement Facebook qu’il y a des escaliers, que des gens peuvent t’aider à descendre si besoin. Je crois simplement en de l’hypocrisie. Car oui, ne toujours pas prendre en compte ces choses alors qu’on s’époumone à vous les dire depuis des années, c’est de l’hypocrisie. Et puis, ça fait également beaucoup d’années qu’on demande à prendre en compte les personnes hypersensibles. Lumières trop blanches, son trop fort, soirée foutue. Pourtant c’est pas très compliqué de baisser le volume de la sono, il me semble. Enfin, probablement que si, vu que ce n’est jamais fait. Parlons un peu des soirées fumette et alcool. C’est toujours la même chose, ne jamais proposer de soirée sans fumer, sans boire, c’est un manque d’accessibilité. Il y a un nombre incalculable de personnes qui ne peuvent et veulent pas être confrontées à ces éléments, pourtant.

A-t-on encore besoin de parler de l’accessibilité (ou plutôt la non-accessibilité) des manifestations ? Visiblement, oui. La marche des fiertés (manifestation devenue technoparade) est, je pense, l’un des exemples les pires dans le domaine. Reparlons de la musique trop forte, par exemple. Reparlons du manque d’endroits où l’on peut s’asseoir quand on est PMR. Baisser le son n’est toujours pas une tâche compliquée. Prévoir des fauteuils roulants à emprunter (par exemple sur l’un des chars) ou un itinéraire avec des bancs sur la route n’est pas non plus très complexe. Les fauteuils roulants sont quasiment toujours inutilisables lors de ces manifestations, faute de crevasse et de dos-d’âne. Et c’est la responsabilité des organisateur·ice·s pourtant. Sur toute la France, ça ne fait quelques années seulement (3, il me semble) qu’un char handi est mis en place. Ce char n’est présent qu’à Paris. Il n’existe non pas sur la demande des organisateur·ice·s, mais bien sur les demandes incessantes de l’association handi queer auprès de la mairie et autres. Pourtant ce char est nécessaire. Il est limité, une poignée de personnes seulement peuvent y accéder, sur réservation de plus. Il n’est pas suffisant. Et dans les autres villes ? Où est il ? Ne cherchez pas la réponse, ce char n’existe pas ailleurs. Ajoutez à cela qu’une grande partie des militant·e·s en situation de handicap ne manifestent pas par peur des violences policières. Par peur de mauvaise prise en charge médicale en cas d’arrestation, par peur de ne pas savoir fuir, par peur de ne pas savoir respirer dans les lacrymo, par peur de se faire tabasser.

La conclusion, c’est à vous de la tirer. Comment faisons nous pour lutter pour nos droits quand nous sommes exclu·e·s des luttes ? Comment faisons nous pour faire bouger les choses quand on ne nous accepte pas dans les locaux ? Comment faisons nous pour nous chercher, et pour nous trouver, quand nous ne pouvons pas être auprès de nos adelphes ?

Il est temps que tout cela change. Il est urgent que vous, valides ou non, LGBTI+ ou pas, preniez conscience de la gravité de la situation. Il est urgent de faire entendre nos voix et nos revendications. Nous ne voulons plus être les oublié·e·s des luttes. Chaque pride month, j’espère ne pas avoir à en revivre un autre sans y avoir réellement ma place.

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Mairie de Lille transphobe

Il aura fallu presque un an avant que je réussisse à poser mes mots ici. 6 mois d’angoisse et de peur, 6 mois recul sur les évènements et de préparation à ce que je vais écrire aujourd’hui.

En juillet 2021, j’ai déposé mon dossier de changement de prénom à la mairie de Lille. J’étais serein·e, j’ai apporté beaucoup de preuves et d’attestations (bien plus que ce qu’il ne faut), et la mairie de Lille était réputée pour avoir été formée sur la question, et donc accepter les dossiers facilement et rapidement s’ils étaient correctement constitués (ce qui était le cas du mien).

Quelques jours après avoir déposé mon dossier, un mail :
« Monsieur,
En date du 30 juillet 2021, vous avez déposé un dossier de demande de changement de prénom.
Je vous propose de nous rencontrer le vendredi 13 août prochain à 9h pour en échanger.
Je vous remercierais de bien vouloir me confirmer votre disponibilité. »

J’appelle pour savoir le motif de ce rendez-vous (qui n’est pas une convocation, insistera-t-elle plus tard), mais on ne veut rien me dire. « C’est confidentiel » (retenez bien ce passage). J’envoie un mail, réponse « nous souhaiterions échanger au sujet du dossier que vus avez déposé ». Super précis /s.

Nous informons plusieurs assos de cette prise de rendez-vous qui n’est pas illégale, mais qui est tout à fait hors procédures d’une demande de changement de prénom. L’asso En Trans décide de contacter la mairie, et aussitôt la mairie annule la demande de rendez-vous qu’on m’avait envoyé.

Durant l’été, En Trans + une autre personne demandent (de ce qu’elles nous ont dit) des rendez-vous à la mairie, qui trouve toujours un prétexte pour annuler, car untel est en vacances ou autre.
13 septembre, je reçois de nouveau une demande de rendez-vous, sans qu’En Trans n’ait pu voir les membres de la mairie. Sur conseils de plusieurs associations, je décline le rendez-vous, mais la mairie persiste. Je finis par dire que sans motif clair de rendez-vous, étant en situation de handicap et en reprise d’études, je ne peux pas me déplacer pour quelque chose sur lequel on refuse de me donner des infos.
Aucune réponse.

Le 27 septembre, je reçois une lettre du Tribunal : mon dossier y est, la mairie ne pouvant pas prouver de mon intérêt légitime (pour rappel, la transidentité est reconnu comme un interet légitime). Pour celleux qui ne connaissent pas ces démarches, légalement la mairie doit informer les personnes concernées que leurs dossiers sont renvoyés vers le Tribunal, ce qui n’a absolument jamais fait.
Le Tribunal, avec son grand respect des personnes trans (/s), adresse son courrier à « Madame » au sujet de ma « transsexualité » en disant que les preuves justificatives datant de 2019 ne permettent pas de prouver de l’usage prolongé de mon prénom.

En clair, on me demande de fournir d’autres pièces justificatives, à savoir « attestations professionnelles, abonnements anciens, attestations de vos professeurs… ».

Alors soyons clair·e·s, je suis auto-entrepreneur donc à part m’auto attester, je ne vois pas trop, et j’ai taffé dans des structures où je n’étais pas out car je ne me sentais pas en sécurité.
Pour avoir un abonnement il faut souvent que ça soit au même prénom que celui sur la carte de paiement par exemple.

Et pour ce qui est de mes profs, iels me harcelaient pour la plupart dès que j’ai fait mon coming out au lycée, ou refusaient de changer mon prénom sur les documents non officiels, entrainant une déscolarisation et un retour au placard pendant quelques années.

Désolé.e de vous décevoir hein, mais si on fait une demande de changement de prénom c’est justement pour éviter d’avoir à se manger cette transphobie.

Enfin bref, autant vous dire que je me suis retrouvé.e dans un état catastrophique en pensant que c’est un cauchemar qui n’en finira jamais.

Mais bon, peut être que tu me connais un peu, et que tu sais que je suis de la team « tout cramer » plutôt que de me laisser abattre.

Donc je retourne vers les camarades d’asso (mais pas vers En Trans, dont concrètement on a plus trop de nouvelles depuis plus d’un mois). On se regroupe à 4 assos, et on décide d’écrire 2 lettres, une à Martine Aubry (maire de Lille) et une à Marie-Christine Staniec-Wavrant (adjointe à l’état civil), disant que les associations ont recensé plusieurs personnes ayant eu des difficultés sur leurs dossiers de changement de prénom, et on leur demande un rendez-vous. Le 29 octobre, nous envoyons les lettres, laissant un délais de 3 semaines pour nous répondre.
Bien entendu, nous n’avons jamais eu de réponse.
La fin des 3 semaines approchant, nous apprenons par un contact qu’une association (En Trans) a un rendez-vous prochainement à la mairie. Nous relançons la mairie, demandant à ce que les 4 autres associations et collectifs co-signataires de la lettre soient également conviés. On nous envoie globalement bouler en nous disant qu’iels n’accepteront qu’une seule autre association car il n’y a qu’une seule signature au bas de la lettre (c’est faux, mais passons). Les réunions s’enchainent, on choisit nos représentant·e·s, on prépare tout, on s’informe auprès d’avocats et de membres de la mairie…

Puis on prévient En Trans de la venue de 2 représentant·e·s. Ce à quoi En Trans refuse finalement de venir au rendez-vous.

Les 2 autres personnes décident d’y aller quand même. La réunion se tient quelque chose comme le 1er décembre, avec 6 membres de la mairie, contre 2 personnes trans venues défendre les dossiers. Pendant 2h, ces personnes n’ont pas la parole, sont coupées dès qu’elles essaient de parler, et rabâcher d’élitisme à base de « moi je sais mieux que vous » (oui bien-sûr Jean-Michel cis)

Avant de continuer à raconter à quel point cette réunion était inutile, absurde et violente pour les personnes trans qui y étaient, voici quelques éléments dont je ne me souviens plus trop de la temporalité.

Nous avons appris d’un contact sûr que les dossiers avaient été traités par… l’adjointe aux sports. Petit retour sur les textes lois qui précisent bien (absolument tous) que le dossier de changement de prénom revient à un·e membre de l’état civil OU au tribunal. Les dossiers sont donc sortis de ce cadre pour être traités par Sarah Sabé, sous prétexte qu’elle est directrice de pôle au CHU de Lille.

Autre point, nous avons eu d’autres témoignages de personnes ayant eu le même parcours depuis a peu près la même période que moi (été 2021, donc). Une personne a vu son dossier être envoyé au tribunal car il y aurait une circulaire interdisant aux personnes trans de choisir un deuxième ou troisième prénom qui soit de leur genre assigné (j’y reviens après, mais no stress, c’est du bullshit).

En décembre 2021, la ville de Lille à voté un « plan d’action contre les discriminations envers les personnes LGBT+ » dans lequel on nous promet une exemplarité de l’administration lilloise sur l’inclusion des personnes LGBTQIA+. Plutôt paradoxal.

Après quelques brèves nouvelles d’une ancienne membres d’En Trans (enfin, techniquement) indiquant qu’elle revenait d’un rendez-vous avec le procureur, nous avons appris avec grande surprise que celui-ci demanderait soit disant des photos de nous comme preuves de transition (c’est totalement illégal), et elle n’aurait pas bronché.

Petit point personnel, mais le cumul d’informations grosses et absurdes provenant de cette association, leurs menaces, leur invisibilisation volontaire de la situation, sans compter la transphobie (voir harcèlement) que d’ancien·ne·s membres ont subi de leur part en plus de leur collaboration avec Trans Santé (anciennement la SOFECT) ne me donnent personnellement pas confiance en leurs propos. Je dis personnellement, mais en vrai on est beaucoup, beaucoup, à pas se sentir du tout safe auprès d’elles (j’aurais des 10aine d’anecdotes à raconter alors que je ne les ai quasi jamais vues). Bref je m’arrête là avant qu’on me menace de nouveau de porter plainte.

De mon côté, j’ai décidé de tenter le tout pour le tout en envoyant d’autres pièces au procureur, plus « officielles » (une attestation sur l’honneur ça l’est visiblement pas assez) mais absolument pas anciennes (genre 2021). J’y ait joint mon ancien dossier et une lettre expliquant qu’en temps que personne trans je ne peux pas fournir plus officiel ou plus vieux, et sous entendant que jamais je n’enverrai de photo (et que jamais ça n’a été demandé officiellement, et heureusement).

Bref, revenons-en à notre fameux rendez-vous à la mairie. Donc après s’être tapé du cissplaining à tout bout de champ, est venu la tant attendue question de « mais pourquoi vous convoquez les gens ? ». Leur réponse : « c’est parce que vous dites dans les dossiers que c’est pour transidentité, ça nous arrange pas, on voulait juste demander aux gens de refaire le dossier en disant que c’était pour cause d’usage prolongé ». Motif ultra confidentiel, donc /s.

Des infos sur la fameuse nouvelle circulaire ont été demandées, dans la panique c’était un bafouillement de « ah heu ben on va vous retrouver le numéro, on vous enverra ça ». Sans surprise, 6 mois après on en a toujours pas vu la couleur. De notre côté, on avait fouillé partout et contacté une avocate, aucun texte n’existe sur cette décision de 2eme ou 3eme prénom du genre assigné. Bref, un gros mensonge.

Puis, comble du comble, l’adjointe aux sports à eu le culot de venir pour se justifier elle-même d’avoir traité des dossiers. Bref, la mairie de Lille aime bien s’auto-tirer dans le pieds je crois.

Bien-sûr, les camarades étant allé·e·s à cette réunion sont ressorti·e·s complétement dépité·e·s et épuisé·e·s, avec l’impression de n’avoir avancé sur absolument rien.

Le temps passe et rien n’avance.

Puis le 7 janvier, je reçois un appel de ma mère. Mon changement de prénom est enfin accepté, elle a reçu mes papiers (me demandez pas pourquoi, j’ai jamais donné son adresse, mais bref). Bref, je m’effondre dans la rue. C’est presque 6 mois d’angoisse, d’espoir qui s’estompe de jour en jour, et toute une vie de lutte, pour un petit papier.

Quelques mois après, d’autres personnes avec qui j’étais en contact (dont la personne à qui on a inventé une circulaire) voient leurs dossiers être acceptés.

Malheureusement, ça ne s’arrête pas là, car d’autres cas sont apparus, et nous sommes toujours en quête de trouver ces personnes là pour pouvoir les aider dans leurs démarches. Un refus total du Tribunal a même eu lieu, sans justification. Les dossiers sont renvoyés au Tribunal quasi directement après leur dépôt en mairie. Puis d’autres sont épargné·e·s.

Si tu me connais un peu, tu dois connaître mon non-amour pour Fiertés Lille Pride (si non, rendez sur le post « le jour où les queers ont pris la place des cisgays à Lille »). Mais bon, la Pride arrive, et on s’est dit que c’était nécessaire de mettre en avant cette revendication. Des discours ont été prévus, et Fiertés Lille Pride et En Trans ont tenté de censurer les parties concernant la mairie, sous prétexte qu’il ne c’est jamais rien passé. Avec un coup de pression, la question a vite été réglée et les discours auront bel et bien lieu, nous rappelant tout de même qu’on est bien loin d’avoir des allié·e·s dans la « communauté ».

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Les commu drag sont validistes

Bon, je voulais parler du validisme que le milieu drag m’a fait subir et continue de me faire subir.
Ce matin je crois que j’ai passé le cap de la tristesse, je suis angoissé•e et en colère. J’en peux plus de miliiter, j’en peux plus de subir les oppressions que vous portez, j’en peux plus de répéter cette histoire en boucle, que les gens m’écoutent mais ne fassent rien. Donc on va l’écrire, et ça sera plus possible de l’ignorer.

Y a 2 ans, j’ai quitté le milieu drag lillois duquel j’étais assez proche, à cause du validisme.
Je suis arrivé•e dans le milieu par intermédiaire d’une drag qui a été par intermittence une agresseuse validiste et transphobe, une pote, une harceleuse et une relation (mais on parle plus tard tkt).
J’étais læ seul•e non binaire out, je ressortais de pas mal de harcèlement scolaire transphobe et validiste. Je me faisais mégenrer h24, par les drag, c’était vraiment terrible. Je les corrigais souvent (et c’est vraiment quelque chose d’horrible pour moi) et ça changeait rien.
Et en même temps, ça a été la période la plus empouvoirante de mon identité queer que j’ai pu connaître. Ça a probablement été les quelques mois où j’étais læ plus fier•e d’être queer.

Mais les dragshow étaient jamais accessibles. J’ai toujours dû me démerder pour venir et essayer de gérer des malaises, des douleurs, des crises d’hypersensibilité. Parce que c’était mon groupe de « potes », qu’elleux avaient plein de monde, mais moi j’avais qu’elleux, que c’était mes seules sorties. Un jour, il y a eu La Myth, et j’ai été vraiment très mal, malaises et douleurs énormes à cause de la mauvaise gestion du public, alors je l’ai dit.

J’ai eu l’indécence de dire sur Twitter que ça serait vraiment bien de prévoir des espaces assis pour les handi•e•s et de prévenir s’il y avait des escaliers. J’ai eu l’indécence de dire que je comprenais qu’elles aient beaucoup à gérer, et que si elles le voulait je pouvais m’occuper de gérer l’accessibilité.

Petits extraits de la réponse de Karen Von Sheitan : « malheureusement on ne peut pas forcément trouver de bar qui soit accessible aux personnes en situation de handicape pour chaque soirée même si on aimerait beaucoup »
(alors que chaque dragshow se produisait dans des caves, l’intention suffit pas a pas être validiste)
« En ce qui concerne les places assises, n’hésite pas à venir me voir discrètement si tu as besoin j’essaierai d’être attentive et de trouver une solution »
(parce que bien-sûr j’étais læ seul•e handi•e queer de Lille, c’est bien connu).

Crystal Chardonnay, elle, a été la plus soft je pense, en me disant juste que les lieux étaient souvent découverts le jour J par les drag, c’est que je comprends totalement, mais qui est quand même très facilement resolvable (du style faire du repérage avant).

Quand à (anciennement) Enidras, qui avait créé La Myth « Sache que a mon show, tu avais ta place, j’avais pensé a toi. […] La Mafia te connait et a la pause, si tu as besoin de rester, toi tu as le droit. » Encore une fois, je suis læ seul•e handi•e de Lille.

Petits extraits de la réponse de Karen Von Sheitan : « malheureusement on ne peut pas forcément trouver de bar qui soit accessible aux personnes en situation de handicape pour chaque soirée même si on aimerait beaucoup »
(alors que chaque dragshow se produisait dans des caves, l’intention suffit pas a pas être validiste)
« En ce qui concerne les places assises, n’hésite pas à venir me voir discrètement si tu as besoin j’essaierai d’être attentive et de trouver une solution »
(parce que bien-sûr j’étais læ seul•e handi•e queer de Lille, c’est bien connu).

Crystal Chardonnay, elle, a été la plus soft je pense, en me disant juste que les lieux étaient souvent découverts le jour J par les drag, c’est que je comprends totalement, mais qui est quand même très facilement resolvable (du style faire du repérage avant).

Quand à (anciennement) Enidras, qui avait créé La Myth « Sache que a mon show, tu avais ta place, j’avais pensé a toi. […] La Mafia te connait et a la pause, si tu as besoin de rester, toi tu as le droit. » Encore une fois, je suis læ seul•e handi•e de Lille.

Avant hier, je me suis retrouvé•e à un dragshow sans que ça soit prévu, c’était la première fois depuis 2 ans (oui entre temps y a eu les drag show absolument pas adaptés au covid et donc aux personnes a risque). Les drag qui performaient étaient un peu de la « nouvelle génération drag » il me semble (première fois que j’en entendais parler), et il y avait l’ancienne génération (avec qui je trainais). J’ai demandé à une personne bossant au bar une chaise pour un proche et moi, en disant qu’on était handi•e•s. Je me suis fait engueuler parce qu’on aurait dû arriver plus tôt, qu’il y a pas de place pour mettre 2 chaises, et qu’on peut rien pour nous, que « c’est vraiment pas le moment, je suis occupée à préparer la scène ». Je suis retourné•e voir mes potes au bord des larmes, mais avec deux chaises, alors j’ai rien dit. On a fini par trouver une table, tout au fond de la salle, et le seul show que j’ai pu voir c’était les fesses de l’amoncellement de gens debout devant. J’avais pas particulièrement envie de regarder show, et j’ai passé ma soirée autrement, mais je suis triste. Parce que c’est typiquement le genre de trucs qui se passe aussi quand j’ai envie de regarder.

Puis hier tout le queer lillois s’est réuni en soirée drag. J’ai dit exclitement que je ne venais pas car c’était des validistes et que j’avais eu ma dose la veille. Mais qui ça intéresse ?

Ce qui me rend triste aussi, c’est que depuis que je dénonce le manque d’accessibilité, y a aucun•e allié•e de mon côté. On m’écoute mais on continue d’aller en drag show. On m’écoute mais on porte pas ma voix, on m’aide pas à trouver des chaises, à faire en sorte que je puisse voir le show. On fait pas remonter les infos, on informe pas les autres.

L’impression d’être juste l’handi•e casseur d’ambiance revient a fond avec tout ces souvenirs, mais je me dis que le mieux c’est toujours d’en parler. Y a pas longtemps, je disais que mon handicap était un tabou pour mes potes, on me demande pas mes besoins, on les prend en compte seulement quand je les visibilise avec ma canne ou mon fauteuil. Je demande pas à être au petit soin, mais je suis vraiment épuisé•e de quitter mes communautés parce qu’on m’oublie. J’envie tellement tellement tellement les gens qui ont ce sentiment de faire communauté avec d’autres, parce que j’y ai pas le droit dans nos communautés actuelles. Et on est plein à pas y avoir le droit. J’ai plein d’idées à apporter, plein de solutions à proposer, vraiment je suis toujours beaucoup motivé pour changer les choses, donc on peut totalement en parler, voir ce que les allié•e•s peuvent faire et genre vraiment être anti-validistes et inclure nos potes. Je veux juste arrêter d’avoir à me faire dégager de force dans mes propres commu.

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Le jour où les queers ont pris la place des cisgays à Lille

Parlons un peu de la Marche des Fiertés de Lille 2021.

Je vais vous expliquer comment on s’est retrouvé·e·s à organiser en un mois une manif militante à plus de 6 000 personnes pendant qu’on appelait à nous boycott. Je vais dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, pourtant je ne parlerais qu’en mon nom, ayant eu le statut de co-organisateur·ice de cette marche.

Avant de commencer : Fiertés Lille Pride est l’organisation habituelle de la Pride de Lille (bien que ce ne soient pas les premiers à l’avoir faite à Lille). C’est un regroupement d’assos. Aujourd’hui, je m’attaquerai surtout aux décisionnaires de ce regroupement. En aucun cas je ne m’attaque aux assos qui font partie de FLP, elles ont été prises au piège. Mais pour simplifier et être plus rapide dans mes propos, je dirais Fiertés Lille Pride (FLP) au lieux de « les gens à la tête de Fiertés Lille Pride ».

Commençons, donc. Il y a de ça quelques mois, FLP annonce qu’il n’y aura pas de Pride cette année non plus en raison du contexte sanitaire. Gros évènement (15/20 000 pers il me semble), village associatif, soirées. Plus facile d’annuler que d’adapter. Dans une période où on bafoue nos droits, où l’Etat nous crache à la gueule, la décision ne semblait pas ok pour beaucoup de gens. De fil en aiguilles, plusieurs personnes et organismes ont monté le projet d’une manifestation militante LGBTQIA+ qui ne soit pas une Pride. FLP a été invité, au même titre que beaucoup d’autres organismes lillois, à participer à l’organisation. Ils se sont pointés à notre première AG en disant « ok on avait annulé la Pride, mais vous auriez pu nous demander notre accord pour organiser votre manif » (version plus vener). On a d’accord à demander à personne pour manifester, mais passons.

Bref, de là à commencé leur campagne de désinformation. Ils n’auraient pas été conviés à l’organisation (ils sont dans la liste mail, ont reçu tous les compte-rendus, sont venus à nos réunions..). L’organisation de la Pride d’Arras nous a également été mise à dos par Fiertés Lille Pride qui ne nous a pas communiqué le calendrier habituel des Prides, alors qu’ils étaient présents au moment de fixer la date. FLP a ensuite envoyé un mail à tous les organismes qui la composent, pour leur dire de choisir un camp. Ils ont donc appelé à se désolidariser (donc à boycotter) de la Marche. J’ai appris par la suite que des organismes avaient été appelés par FLP et menacés de ne plus avoir le droit de marcher à la Pride ou d’avoir de stand au village associatif s’ils venaient à notre marche.

FLP a ensuite été interviewé par La Voix du Nord, et nous a craché à la gueule dans leur article, à 2 jours de la marche. Ils ont notamment craché sur les cortèges non-mixtes handis et le cortège non mixte lesbien. Le cortège non-mixte queer racisé est passé à la trappe, me demandez pas pourquoi. Lors des Pride classiques, les cortèges non-mixte existent également et ça les gène pas. De plus plusieurs cortèges formés hier étaient sur l’initiative de composantes de FLP.

Comment se tirer soi-même dans les pattes, un tuto par Fiertès Lille Pride.

Dans cet article est également mentionné notre souhait de ne pas inclure le FLAG! (association de flics LGBTI+) ni La République En Marche (LREM). Pour le FLAG!, nous avions exposé clairement notre position de ne pas souhaiter intégrer des personnes représentant des violences systémiques, surtout en ayant un cortège handi et un cortège queer racisé·e·s au sein de la marche (donc plus exposé.e.s aux violences policières). Pour LREM, on doit encore se justifier du fait de pas vouloir d’un parti qui est en train de faire passer des lois de force, qui a un violeur au gouvernement et j’en passe ? Non, en effet, on a exposé notre souhait de ne pas les voir en nos rangs en temps qu’organismes.

Ajoutons à toute cette désinformation les critiques sur le fait que notre manifestation était trop politique et pas assez commerciale (ouai on est pas des vendus comme vous, déso pas déso). On a été accusés de tenter de « récupérer la Pride » alors que comme vous l’avez vu on a absolument pas fait pareil que les autres années, juste on a eu le malheur de vouloir faire une manif pour nos droits, olala.

Cette années, les personnes oubliées des luttes LGBTQIA+ ont été visibilisées, parce qu’elles étaient inclues dans l’organisation. Hé oui, par chez nous c’est pas les cisgay qui sont décisionnaires.

Vous qui avez marché à nos côtés hier, votre acte n’était pas anodin même sans le savoir. Vous avez participé à l’émancipation des minorités LGBTQIA+. Et c’est vraiment beaucoup.

Je trouve cette situation très représentative socialement, car les décisionnaires chez FLP sont principalement des hommes cisgenre. Face à eux, s’est dressé une horde de personnes trans, de femmes, de pers handis, racisé.e.s, queer.

J’ai également appris que FLP avec fait une capture d’écran d’un compte-rendu de réunion où figurait les prénoms de certaines personnes, et l’avait rendu public. Super, merci pour l’outing forcé. Ces personnes sont vraiment dangereuses.

J’ai lu plusieurs commentaires de gens triste que ça n’ait pas pu être une réelle manifestation vener. C’est ce qu’on aurait voulu également. Malheureusement, FLP à instauré ces airs de technoparade depuis des années, donc les gens n’ont pas tilté que c’était une manif militante. Au final, les gens ont cru que c’était la même Pride, ça nous a toustes géné.e.s nous qui venions militer. Et malheureusement on peut pas grand chose face à ça. A cause de ça, on s’est retrouvé avec le triple de personnes prévues, et pas assez de bénévoles pour gérer (sans compter les flics qui ont rien branlé quand il y a eu des agressions etc). Mais on était à l’orga, et on est responsables de ce qu’il s’est passé. Si la Pride était en effet scindée en 2 moments distincts (fête/militantisme) comme l’affirme FLP, le problème se serait probablement pas produit. On doit nettoyer les pots cassés, c’est un peu triste mais c’est comme ça.

On reste archi fier.e.s de ce qu’on à fait, parce que franchement faire une Marche des Fiertés avec plus de 6 000 personnes, en un mois, sans aide de la mairie ou du département, avec une orga qui nous menace et nous appelle a être boycotté, une toute nouvelle version de l’accessibilité, une pandémie réduisant complétement nos possibilités etc.. Je crois qu’on s’en est bien sortis, franchement. Et j’espère que ça vous rassurera un peu et vous permettra de venir l’année prochaine pour notre seconde édition !

Si je prends moi-même la parole aujourd’hui, c’est parce que j’ai subi en 2019 de la transphobie par ces mêmes personnes, et je sais que je suis pas seul.e. Pourtant, ils ont le monopole et la visibilité.

Fiertés Lille Pride a tenté de nous faire taire, alors on a fait encore mieux que ce qu’on avait prévu de base. Votre règne touche à sa fin. Aujourd’hui marque le jour où nous arrêterons de nous taire face à vous.

Bravo nous !

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Comment on s’est encore une fois rendu compte que les handis étaient invisibles dans les luttes LGBT

Hier, à la Marche des fiertés de Lille, les cortèges handis et lesbiens ont été laissés à la ramasse. C’est en très petite raison à cause de l’organisation, en très grosse à cause des manifestant.e.s. Et ça montre des vérités sociales dans nos luttes qui sont juste abominables.

Je parlerais principalement du cortège handi car c’est celui dont j’étais réferent.e.s, mais toutes mes pensées vont aux cortèges Lesbien et Anti-capitalistes qui ont grave géré, qui ont été des sucres avec nous et qui vraiment ont été trop chouettes. Merci énormément <3

13h30, la place de la République commence à bien se remplir. Aux alentours de 14h, les prises de parole commencent. Déjà à ce moment là, un groupe se forme, et met de la musique à fond à a peine 50 mètres de nous. Sans masques, bien-sur. Je précise « sans masque » car il faut comprendre deux choses : – On a des obligations à la Préfecture. Si y a des problèmes pendant la manif, c’est sur nous que ça tombe. Hors le port du maque est obligatoire et était un de nos arguments pour avoir droit de faire cette manif. – Il y avait 2 cortèges handis. Pour plusieurs d’entre nous, on a pas pu manifester ou faire de l’associatif pendant plus d’un an, car a risque face au covid. Ne pas porter le masque, c’était risquer de mettre nos vies en danger, littéralement. Et donc c’est du validisme.

Donc, sans grande surprise les valides fêtard.e.s en ont rien à foutre – de notre santé – de nos prises de paroles – de nos responsabilités

Mais bon, on à l’habitude, j’ai envie de dire.

S’en suit le départ de la manif. On appelle les cortèges à se positionner, mais là encore, rien a foutre et tout le monde à foncé. Les cortèges n’ont ni eu la place ni le temps de se former. A savoir que de base, voilà l’ordre de passage prévu : – Banderole unitaire des organisateur·ice·s – Cortège non-mixité racisée – Cortège Handi (Handimouv) – Cortège non-mixte lesbien – Cortège Handi (Handivergence) – Les gens sans cortège – Cortège Anti-capitaliste

Donc j’étais référent·e pour le cortège Handivergence, soit le dernier cortège de tête. On s’est faufilé·e·s tant bien que mal derrière la banderole unitaire au départ, en nous faisant piétiner ou couper la route. On était avec des fauteuils roulants, des cannes, des béquilles, des chiens d’assistance. Je sais pas si vous vous rendez compte du danger que c’est d’être dans un attroupement serré à ce moment là. Pendant toute la manif, on à dû gérer les gens qui passaient entre/devant nos fauteuils etc, les gens qui bousculaient sur les côtés…. Le service d’ordre savait plus où donner de la tête (pareil ils ont assuré à fond, merci les camarades ). Malheureusement, c’est un fait, il n’y avait pas assez de monde au Service d’Ordre pour réussir à nous aider en continu. On a passé notre manif à nous épuiser à demander aux gens de dégager.

Je précise aussi que notre présence était prévue dès le départ, annoncée sur les réseaux sociaux etc, et on était dans l’organisation, sans déconner avec Handivergence on a dû organiser genre le quart voir le tiers de la manif. C’est énorme.

Puis tout du long de la manif, tout le monde nous a doublé sur les côtés. On allait pourtant au rythme de la marche, on était pas à la traine, mais bon les valides sont pressés dans leur vie.

Ce qui devait arriver arrivera. On a débuté en tête de cortège à Répu, on a terminé fin de cortège à Wazemmes. En 2 km, plus de 5 000 personnes nous ont dépassés dans le plus grand des calmes. Est ce que vous vous rendez compte à quel point c’est dangereux de laisser des personnes en situation de handicap JUSTE DEVANT DES FLICS ?? On l’a dit pendant notre discours, mais aux EU en 2020, la moitié des personnes mortes tuées par des flics c’était des personnes handies. C’est vraiment comme ça que vous luttez ? En nous exposant au danger ?

C’est à ce moment là que nos camarades lesbiennes et anti-capitalistes ont assuré, iels se sont mis·es entre les flics et nous pour faire tampon en cas de violences policières et qu’on ai le temps de s’isoler de la manif. Genre une 50 aine de personnes ont pris cette décision de se mettre en danger pour qu’on puisse gérer, parce que les 4 950 autres s’étaient barrés à l’avant prcq y avait de la musique Idem, on devait se positionner assez loin des fanfares et sono pour les personnes hyper-sensibles. Les gens sont venus avec leurs enceintes portatives parce qu’iels songeaient même à notre possible présence et nos besoins. Les fanfares et autres devaient se signaler avec à l’organisation, résultat on s’est retrouvé·e·s avec un Batucada juste derrière, à qui on a dû demander de reculer jsp combien de fois.

On est arrivé·e·s place Casquette, j’ai pris le micro pour dénoncer tout ça. Pour rappeler que Marsha P. Johnson, dont on parle si souvent, était concerné·e par les luttes anti-validistes, et qu’on en parlait jamais.

Sans les femmes trans, racisé·e·s, TDS et handies, on serait pas là aujourd’hui.

Pourtant, ce sont les plus oubliées de nos luttes.

Quand je disais au début de ce post que la situation était très représentative, voilà ce que je voulais dire :

– quand vous vous êtes préparé·e·s à la Marche, quand vous avez participé, vous n’avez probablement même pas songé que des personnes handies pourraient y être. – quand vous étiez en train de nous piétiner, vous ne vous rendiez toujours pas compte qu’on était là.

Parce que vous nous oubliez en permanence, vous ne faites rien pour rendre accessible vos et nos luttes parce que pour vous on existe pas. Nous, en un mois, on a pensé à tout. Parce que c’était pas infaisable de préparer de l’inclusivité. Par contre c’est infaisable de se faire respecter quand on est minoritaires en société. Et en temps que personnes LGBTI+, vous auriez dû vous en rendre compte.

Vous nous laissez toujours derrière. Vous nous oubliez en permanence. Et là c’est plusieurs milliers de personnes qui nous ont oubliés. Qui nous ont laissés derrière. Parce que socialement, c’est toujours comme ça quand on est handis. On existe pour personne.

Beaucoup d’entre vous sont ressorti·e·s de cette Marche très fier·e·s et heureux·es. En temps que co-organisateur·ice je trouve ça super cool. En temps qu’oublié·e des luttes, cette manif m’a épuisé·e et foutu un gros coup au moral.

D’un point de vu personnel, ça va faire bien 5 ans que je lutte activement pour ma propre inclusion (sinon personne ne le fait), et je m’épuise. On a d’aide de vraiment pas grand monde. Et s’en est encore la preuve.

Je sais pas comment finir ce post, si ce n’est qu’en vous disant que svp, pensez un peu à nous. Arrêtez de nous oublier. La prochaine fois que vous allez à un évènement, demandez vous si c’est inclusif, si c’est safe pour les personnes handies. On est vraiment plein plein plein à être concerné·e·s. Pour rappel, une personne sur 5 est en situation de handicap. Ca veut dire qu’hier, on était probablement plus de 1 000 concerné·e·s. Et c’est pas lutter pour les droits LGBTQIA+ que de nous oublier systématiquement.

Encore un grand merci aux camarades de l’organisation qui nous ont grave soutenu·e·s, qui ont essayé de prendre des initiatives. Merci au Service d’Ordre qui a fait un taff incroyable, et encore une fois aux camardes lesbiennes et anti-capitaliste qui ont grave assuré <3

Je suis grave en colère et triste, mais je sais que les mauvaises expérience existent pour qu’on en tire des leçons. Juste, ça fait longtemps qu’on nous oublie, et on se fatigue. Maintenant il faut que vous preniez le relais encore + si vous êtes pas handis

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P.M.A pour tou·te·s ?

Il y a quelques mois, j’ai rencontré Jena sur les réseaux sociaux, et on a parlé un peu P.M.A (Procréation Médicalement Assistée). A cette époque, une proposition de loi de bioéthique avait était faite. Ce projet de loi visait à ouvrir l’accés à la PMA aux couples de femmes. Belle avancée pour les droits des personnes LGBTI+, et n’étant pas concerné·e par l’envie d’enfanter, je m’en suis personnellement réjoui.

Puis rapidement, je me suis rendu compte que cet accès a la PMA ne visait pas TOUTES les femmes, loin de là, ni toutes les personnes en capacité de porter un enfant. Le chemin pour avoir accès a une PMA pour les personne trans est inaccessible en France. Pourquoi ? Quels sont les « bonnes excuses » de l’état pour exclure une partie de sa population ? Le droit d’enfanter n’est-il pas un droit humain ?

Les réponses à ces questions, nous les connaissons. Cette loi est incomplète et injuste. Pourtant ce soir, le 29 juin, les députés vont se réunir, et voter (on l’espère) en faveur de cette loi. Ce n’est pas une mauvaise loi, et c’est une avancée, mais qui met délibérément de côté certaines personnes. Ne laissez pas passer sans broncher. Aider à donner des droits aux personnes qui n’en n’ont pas.

Indignez vous.

PMA pour tou·te·s ?

Un témoignage de Jena, femme trans oubliée des luttes pro-PMA.

Je m’appelle Jena, je suis une femme trans.

Les personnes trans peuvent vouloir avoir des enfants. La transidentité ne ferme pas cette possibilité. La transition peut au contraire révéler un désir d’enfant qui était impossible auparavant.

Depuis peu d’années seulement, la stérilisation obligatoire des personnes trans est interdite en France.

Avant ma transition je n’étais pas bien, je n’étais pas entière, je n’étais pas MOI.J’ai changé de prénom, de papiers, de numéro de sécurité sociale. Dans la vie, comme devant la loi, je suis une femme. À ce titre, je n’ai pas le droit de faire d’enfants avec ma compagne, parce que la loi actuelle n’autorise pas à deux femmes l’accès à la PMA.

Extrait du Code de la santé publique : “Toute personne dont la prise en charge médicale est susceptible d’altérer la fertilité, (…), peut bénéficier du recueil et de la conservation de ses gamètes (…), en vue de la réalisation ultérieure, à son bénéfice, d’une assistance médicale à la procréation”.

C’est la loi actuelle. Ma transition est bien prise en charge médicalement, avec un traitement qui va altérer ma fertilité.

Pourtant, les personnes trans sont refusées dans la plupart des CECOS* de France, parfois avec violence et dénigrement.

*Centre d’Études et de Conservation des Œufs et du Sperme

J’ai eu de la chance, j’ai trouvé un CECOS à une heure de chez moi, qui m’a reçue avec bienveillance. J’ai été prévenue : “On accepte de conserver vos gamètes, mais vous n’aurez pas le droit de les utiliser en France”.

Nous n’avons même pas le droit de les transférer dans un autre pays.

Pour m’accepter dans le système informatique, elles ont dû me créer deux dossiers : un avec mon identité, pour la prise en charge, et un autre avec mon ancien numéro de sécu, parce que le système informatique est évidemment binaire, et ne comprends pas une conservation de sperme de la part d’une femme.

Pour l’instant, la future loi ne tient pas compte du tout des femmes trans, et voudrait nous obliger à utiliser les gamètes d’un donneur anonyme et pas les nôtres. Et si nous arrivons à faire un enfant, je ne pourrais pas établir de filiation avec.

Les mairies n’acceptent pas d’appliquer aux femmes trans les articles du code civil sur la déclaration de naissance, ni sur la reconnaissance de paternité ou de maternité, faite avant ou après la naissance.

Ce serait mon enfant biologique, et je n’aurais aucun statut légal. Je devrais adopter mon propre enfant. Et je ne vous apprends rien sur la lenteur, l’incertitude, l’homophobie et la transphobie des formalités d’adoption.

La loi actuelle ne reconnaît pas le lien de filiation entre une femme trans et son enfant, et ne protège pas l’enfant en ne garantissant pas qu’il puisse grandir avec ses deux parents.

La transidentité n’est pas héréditaire ! Laissez nous faire des enfants !

Je continue à me battre pour les autres : comme des centaines de couples depuis les promesses trahies de la loi de 2013, notre histoire d’amour n’a pas résisté à l’incertitude du recul perpétuel de l’accès à la PMA. Nous portons toutes et tous le deuil de nos enfants, qui n’ont pas pu naître à cause de l’homophobie et la transphobie de l’État.

Nous rêvons d’une loi de Bioéthique qui respectera le consentement des enfants intersexes, qui n’exclura plus les personnes trans, qui aura le même régime de filiation pour tous les couples. Nous rêvons d’une loi pour toutes et tous, pas des régimes différents pour des catégories arbitraires. Une loi dont nous serions fières, une loi qui protège nos familles.

Nos enfants vous remercieront, c’est promis.

Je tiens a remercier Jena pour son témoignage émouvant et enrageant. Je la remercie pour son courage immense face a cette situation.

Je conclurai ce nouveau zine en précisant que la PMA actuelle (tout comme le projet de loi) n’inclue pas non plus les hommes trans. Si un homme transgenre a fait sont changement d’état civil, il lui sera impossible également de conserver ses ovocytes et de faire valoir un droit de paternité sur son enfant. Cela ne touche pas une minime partie de la population française, mais bien plusieurs milliers de personnes.

Je suis heureuxe de finir le mois des fiertés 2020 avec ce zine, qui me semblait important à vous faire lire. J’espère que vous y aurez appris des choses. Bonne fin de mois des fiertés, bonnes luttes.

Queerement,

Panda et Jena

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Le passing

Nouveau mini web zine qui fait un peu écho au précédent « petit guide trans » pour continuer ce mois des fiertés ! On rappelle donc qu’il n’y a aucune obligation de passing, notamment quand tu es transgenre, et que c’est difficile de subir le mégenrage et autres violences quotidiennes liées à ça, mais c’est en aucun cas à toi de changer pour correspondre à une société transphobe et sexiste <3

Le passing correspond à comment on est perçu·e en société. On nous a appris à juger l’apparence d’une personne pour savoir comment d’adresser à elle.

Le problème, c’est que c’est basé sur des critères sexistes.

Certaines choses ont évolué dans le temps, d’autres non : un homme qui se maquille, c’est la fin du monde, une femme qui porte un pantalon ça passe tranquille.

En plus de ça, au niveau des personnes trans ça pose un gros souci. Par exemple, ça induit qu’une femme trans doit nécessairement être très féminine , sinon on ne la consière pas comme une « vraie trans ». De ce fait, les personnes non-binaire ont l’obligation d’avoir un passing neutre pour que leur identité soit respectée.

Cette norme apporte beaucoup de problèmes :

  • une personne trans subira énormément de pression pour avoir un passing correspondant à son genre allant jusqu’à vouloir changer son corps (cheveux vêtements, hormones) pour rentrer dans ces critères au lieu de le faire uniquement pour soi.
  • un homme qui se maquille brouillera cette norme
  • ça renforce les stéréotypes de genre (et sexistes, du coup)
  • simplement, ça empêche les gens d’avoir le physique/style qu’iels voudraient
  • Les personnes non-binaire n’existent simplement pas selon cette norme

En clair, la notion de passing fait plus de mal que de bien.

Smash the passing*

  • n’ai pas d’attentes envers les personnes trans
  • habitue toi à l’idée que tout le monde peut se maquiller, porter des jupes, avoir des poils, se teindre les cheveux, se raser le crâne..
  • défends les personnes qui se font emmerder pour ça
  • demande directement aux personnes à qui tu parles quels sont ses pronoms.

*Détruit le passing

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Le petit guide trans pour cis

Salut toi ! Ca fait un moment qu’on s’est pas retrouvés avec une nouvelle BD ! J’espère que ton (dé)confinement se passe bien 🙂 En ce moment, c’est le pride month. On m’a demandé a plusieurs reprises des informations sur la transidentité, ce que c’est, comment réagir face à une personne trans… Et bien voilà, c’est chose faite. Je te laisse donc avec ce petit guide, qui sera disponible d’ici quelques jours en format papier sur ma boutique en ligne et lors du festival de queerantaine pour que tu puisse le donner a tes proches, profs, assos, bref à qui tu veux ! Tu peux le précommander par mail, comme d’habitude à prix libre 🙂 Si je n’ai pas encore répondu à l’une de tes questions sur la transidentité, n’hésite pas à la poser en commentaire, j’y répondrais du mieux possible ! Bonne lecture !

Le petit guide trans pour cis

Tout le monde a déjà entendu parler des personnes transgenre, mais qui sait vraiment ce que c’est ?

Quand tu né, on t’assigne un genre selon ton sexe. Le genre est une construction sociale, alors que le sexe ce sont tes organes génitaux. Le sachiez-tu ? certaines personnes ont des caractéristiques sexuelles qu’on ne peut pas définir. On appelle ces personnes des personnes intersexe. C’est un phénomène naturel fréquent (on estime qu’environ 4 % de la population mondiale est concernée !). Ces personnes subissent souvent des traitements et opérations (parfois en étant très jeunes, souvent entre la naissance et la puberté) pour avoir des caractéristiques correspondant aux critères homme/femme.

Parfois tôt dans leur vie, parfois tard, certaines personnes se rendent compte que le genre qu’on leur a donné ne leur correspond pas. « heu … s’cusez mais c’est pas vraiment ce que j’avais demandé… » Le déclic peut arriver à tout âge et vu que c’est un ressenti, il n’y a que ces personnes qui peuvent savoir. On appelle ces personnes des personnes transgenre, pas travesti ni transsexuel sauf si la personne dont tu parle se définit comme ça. Pour les personnes en accord avec leur genre assigné, on parle de personnes cisgenre.

Certaines personnes se sentent femme, d’autres homme, d’autre encore peuvent se sentir les deux ou rien du tout. Ce n’est pas un choix. On parle de genre binaire pour les hommes et les femmes, et de genre non binaire pour tout ce qu’il y a entre les deux genres binaires et tout ce qu’il y a à part. Non, on ne se sent pas chèvre ou hélicoptère de combat, qui, a priori, ne sont pas des rôles sociaux.

Ces personnes peuvent faire le choix de transitionner ou pas vers leur identité de genre. Il existe plusieurs types de transitions. La transition sociale : par exemple changer son prénom, ses pronoms et accords. La transition médicale : par exemple une prise d’hormones ou opérations chirurgicales. Ça peut aussi être changer de coupe de cheveux, acheter de nouveaux (sous) vêtements, commencer ou arrêter de se maquiller et bien d’autres choses ! Chaque personne a un parcours différent, ça ne regarde qu’elle ! Poser une question sur le sexe qu’à une personne est par exemple inapproprié.

Quand on parle d’une personne transgenre, on utilise son genre actuel. « On m’a assigné un genre qui ne m’a pas convenu. Je suis actuellement une femme. Une femme transgenre. » Le terme transgenre veut juste dire que son genre a changé en cours de route.

L’orientation sexuelle ou romantique n’a pas de lien avec notre transition. Un homme trans qui aime les hommes est homosexuel, pas hétérosexuel. Une femme trans qui aime les hommes n’est pas « un homo refoulé » mais une femme hétérosexuelle.

Les personnes transgenre sont une minorité. Elles sont en plus petit nombre par rapport aux personnes cisgenre, on ne les représente pas ou mal et on en entend peu parler.

Dans beaucoup de pays, leur existence est illégale : le 15 mai 2020, la Hongrie interdit le changement d’état civil; en 2019, instauration des zones « sans idéologie LGBT » en Pologne; 24 avril 2020, le premier pilote d’avion transgenre en Inde est interdit de vol pendant 6 mois en raison de sa dysphorie de genre ; mars 2020, l’Idaho vote une loi interdisant aux femmes trans de participer aux événements sportifs. En France, la situation est certes un peu mieux, mais les personnes transgenre n’ont toujours pas accès a des droits fondamentaux et sont toujours discriminées : les thérapies de reconversion toujours légales, PMA refusée aux personnes transgenre, censure de contenu sur les réseaux sociaux par la loi Avia, en 2018 139 personnes trans ont été tuées en Europe, Entre 2016 et 2017, augmentation de 53% des agressions. Il est donc important de lutte pour nos droits lors de manifestations ou jours de célébration notamment : juin, mois des fiertés, marches des fiertés partout dans le monde, 20 novembre, journée du souvenir trans, 31 mars, journée de visibilité trans, octobre, Existransinter.

Comment aider ?

Être inclusif : un « bonjour » remplace très bien un « madame, monsieur », toutes les personnes ayant leurs règles ne sont pas des femmes, toutes les femmes n’ont pas leurs règles.

Écoute nous : nos besoins, luttes et revendications ne sont pas là pour le plaisir.

Ne soit pas intrusif : notre sexe, sexualité et projets médicaux ne regardent que nous.

Laisse nous le temps et le droit à l’erreur : on se cherche, on se trompe, on essaie, on recommence, c’est pas grave !

Soit tolérant : un homme trans n’est pas obligé d’avoir une apparence masculine, être trans n’est pas « perdre son enfant », il n’y a pas d’obligation d’opérations chirurgicales pour être « un vrai trans »…

Pour ne pas se tromper sur notre genre : tu peux demander le genre / pronom de la personne à qui tu t’adresse. Fais attention à la manière dont cette personne se genre à l’écrit comme à l’oral, tu y trouveras des indices !

Renseigne toi le plus possible : Lis, va a des conférences, regarde des vidéos… Sens toi concerné·e !

Avoir une personne trans dans son entourage demande parfois un temps d’adaptation. C’est normal ! Prouve que tu es de bonne foi. Accepte les critiques et excuse toi si tu fais une erreur. N’oublie pas qu’il est question de notre bien être.

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La convergence des luttes (pour les nul·le·s)

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La convergence des luttes (pour les nul·le·s)

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Convergence des luttes : démarche politique visant à faire tendre vers un seul et même point des luttes différentes mais proches.

Intersectionnalité : Terme venant de l’afroféminisme pour désigner les personnes subissant le racisme et le sexisme.

Les personnes non racisées (qui ne subissent pas le racisme) se sont approprié ce terme, le mieux est de le laisser aux personnes concernées.

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Socialement, certaines personnes sont privilégiées car leur position dans la socièté est plus simple comparée à d’autres.

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Ces personnes, souvent sans s’en rendre compte, ont intégré leur position et continuent à perpétrer ça. Du coup c’est toujours les mêmes qui sont tranquille

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Avoir une position sociale supérieure à celle de quelqu’un d’autre, ça nous amène à une dominance. Et cette dominance amène l’idée qu’une catégorie prône sur l’autre, donc oppresse. Les oppressions inversées n’existent pas.

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Concrètement, ça donne :

Les hommes supérieurs aux femmes, les hétérosexuels par rapport aux homosexuels / bisexuels / pansexuels, les blanc·he·s aux racisé·e·s, les riches aux pauvres, les valides aux personnes en situation de handicap, les personnes cisgenre aux personnes transgenre… (il y a encore plein d’exemples !). Si tu ne t’es jamais demandé si tu es privilégié·e, c’est probablement que tu l’es !

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Ca peut être dû à une supériorité numérique : une personne sur cinq est en situation de handicap en France, ou une norme sociale perpétrée. « La femme et ses entrailles sont la propriété de l’homme » Le code Napoléon en 1804

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Quand une personne est transgenre et en situation de handicap, elle subit le validisme et la transphobie, soit deux oppressions différentes.

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Ayant une minorité de personnes transgenre dans le milieu médical et inversement, il est difficile de retrouver des personnes qui nous ressemblent ou nous acceptent.

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En clair, on devient une minorité d’une minorité.

On subit du validisme, de la transphobie ainsi que la solitude et le manque de représentations.

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Il est donc important d’avoir des endroits et des gens qui nous ressemblent pour :

– faire une pause

– pouvoir être nous même

– échanger, trouver des solutions, s’aider et se soutenir

– (se) montrer qu’on existe

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Nous devons avoir ces endroits non pas parce qu’on veut s’exclure, mais par besoin de faire une pause dans une société violente qui ne nous prend pas en compte.

Cette BD vous a été donnée en libre lecture bénévolement après 2 jours de travail, de l’énergie et du matériel dépensé. Pour soutenir l’auteur·ice, n’hésite pas à lui faire un petit don sur paypal.me/lesgaleresdunpanda ou fais un tour dans la rubrique « Boutique » ! <3

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Sisters not cisterfs

Depuis le 22 janvier, la Marguerite est enflammée.

Marguerite Stern, créatrice du mouvement de collage contre les feminicides et largement soutenue par le mouvement Nous Toutes lance le débat sur le « transactivisme » au sein des luttes féministes. La malheureuse se fait harceler par des grands méchants trans (agrou) et demande des arguments concerts pour contrer sa transphobie (qu’elle ne prendra probablement pas la peine de lire, elle a déjà fui en voyant l’illustration…). Soyons des plus concrets, pour cela, définissons quelques termes.

Féminisme : prône l’égalité homme femme.

Genre : ressenti, acquis sociaux, rôle social et tout ce qui va avec.

Sexe : ce qu’il y a entre tes jambes et qui ne regarde que tes partenaires et tes médecins. Il existe d’autres sexes ou caractéristiques sexuelles (hormones notamment) que vagin et pénis, comme par exemple pour les personnes intersexe.

Personne transgenre : personne qui ne se reconnaît pas dans le genre (donc le rôle social) qu’on lui a attribué. Cela n’a rien a voir avec vagin/pénis.

Personne cisgenre : personne qui se sent en accord avec son genre attribué.

En Europe, on attribue le genre (donc le sexisme, la misogynie etc) selon si l’on a un vagin ou un pénis. Les personnes « autres » sont mutilées pour rentrer dans ces deux genre. Certaines personnes avec un vagin sont en réalité des hommes, d’autres avec un pénis sont en réalité des femmes. Cela est question de ressenti et si l’on ne ressent pas cela, ce n’est pas a nous de juger de la légitimité ou non. Il existe également des personnes qui s’en foutent totalement du genre, ou qui ne s’y identifient à aucun des deux. On dit de ces personnes qu’elles sont non binaires. Cela est un fait. Basé sur un ressenti, certes, mais c’est un fait (pour se poser des questions sur ce qu’est une fille, regarde ma dernière BD : https://www.facebook.com/582580575271013/posts/1261235867405477/ )

Hors Marguerite, personne qui n’est visiblement pas concernée par les questionnements d’identité de genre n’est pas très très contente que des personnes n’ayant pas un vagin parfaitement formé puissent combattre les violences patriarcales a ses côtés. Ben oui, pourquoi rallier plusieurs causes pour se faire entendre quand on peut jouer au petit dictateur et cracher a la gueule de ceux qui nous plaisent pas ?

Les femmes transgenre ne subissent pas le sexisme me direz vous ? Je vous réponds qu’elle subissent tout type d’oppression comme une femme cisgenre (sexisme, violences sexuelles, pression sociale, misogynie…) mais doublement, elles subissent ce qu’on appelle la transphobie, c’est a dire le fait qu’on leur fasse remarquer qu’elles ne ressemblent pas assez a une fille, qu’une personne assignée homme ne peut pas « devenir » fille et autres remarques mal placées. Double peine, c’est ce qu’on appelle ici de la transmisogynie. Alors les hommes trans ne subissent pas de sexisme, vu qu’ils « intègrent » la majorité dominante pensez vous ? Un homme trans aura quand même vécu pendant plusieurs années du sexisme, et en subira probablement encore sur des critères basés sur son physique.

Ces personnes subissent donc les oppressions contre lesquelles luttent les féministes a des degrés et sujets différents certes, mais restent toustes victimes de la différence sociale entre homme et femme et du patriarcat.

Stern décrit les femmes trans comme « nouvelle tentative masculine pour empêcher les femmes de s’exprimer ». A celà je réponds que les femmes trans sont des minorités d’une minorité. T’inquiètes pas Marguerite, c’est toujours toi la dominante dans la situation… Les femmes transgenre sont invisibilisées, on ne parle par d’elle, on ne se soucie pas de leurs besoins, on ne leur laisse pas la parole. Ça vous rappelle pas un certain système oppressif ?

Marguerite, toujours sûre d’elle qualifie les femmes transgenre comme de « hommes s’infiltrant dans nos luttes et occupant le devant de la scène ». Marguerite, Marguerite Marguerite… J’ai un peu l’impression qu’elle fait tout pour éviter le vrai problème qui est : les hommes cisgenre, majorité parmi les majorités, rois parmi les rois. On renverse quand leur trône concrètement ?

Bon, on fait vite le tour de ses arguments. « Je suis pour qu’on déconstruise les principes de genre mais le transactivisme ne fait que les renforcer », ah ben oui Stern, ça fait pas du tout un mois que shame des personnes qui ont pas l’air « assez femme » pour toi hein. Peut être que si t’arretais de véhiculer l’idée (sexiste) qu’une femme n’est pas femme si elle ne te ressemble pas assez (traits fins, petite taille, seins apparents au travers du t-shirt…), on avancerait déjà un peu sur la déconstruction des stéréotypes de genre ?

Et puis forcément, vient le point de connerie absolue où elle compare le blackface (les personnes qui se peignent le visage en noir, « imitant » ainsi une minorité oppressée) à la transidenté. « Portez des robes, des talons et des perruques, maquillez vous, si vous voulez. Je n’irai pas crier à l’appropriation culturelle, mais ne venez pas dire que vous êtes des femmes. De la même façon que je n’aurais jamais l’indécence de brunir ma peau en déclarant que je suis noire. » Bon, là je sais même pas par où commencer… Rien ne va, Stern vraiment a bout d’arguments. Donc on récapitule, Marguerite Stern prône une réappropriation du corps des femmes et une déconstruction du genre… Mais pas pour toutes les femmes, faut pas abuser. « Faites ce que vous voulez mais quand même je vous trash la gueule ». Elle crie d’elle même a l’appropriation culturelle en ayant ces propos en public. Hors la femme n’est pas culturelle, elle n’est pas ethnie, elle n’est pas nation, tribu ou origine. La femme est sociale. On compare un ressenti social soit disant choisi à une couleur de peau. Bref, aïe aïe aïe désolé pour toi Marguerite mais c’est du hors piste !

Alors Marguerite (et toutes les mini soldats Marguerite) j’ai une question pour vous. Est ce que des hommes disant a des femmes que leur comportement est oppressif, c’est de la discrimination ou du harcèlement ? Est ce qu’une majorité peut être harcelée par une minorité ? Hé oui, vous voyez où je veux en venir. Les femmes cisgenre, majoritaires dans le féminisme, crient au harcèlement quand une minorité l’ouvre. En clair, elles reproduisent le schéma oppressif qu’elles dénoncent. Stern, celle qui a eu des propos transphobes, qui a attaqué directement l’identité de milliers de personnes s’est retrouvée interviewée et soutenue par bien des journaux, partagée sur tous les réseaux sociaux mais malgré tout c’est elle qui est harcelée.

Ouaip Marguerite, « le mouvement que j’ai créé se retourne contre moi ». Nous ne voulons plus être tes pions, nous ne voulons plus que tu porte la voix de toutes les personnes concernées par le sexisme, les feminicides, la misogynie, le patriarcat… Tes propos ne sont pas un ressenti, c’est de la transphobie. Nos existences n’ont pas à être remises en cause.

Retournons le pouvoir, ejectons Marguerite Stern de son trône en carton. Le féminisme sera intersectionnel ou ne sera pas.

Marguerite Stern est ce que l’on appelle une TERF (trans exclusionary radical feminist : féministe radicale excluant les trans). Sa vision du féminisme piétine tout choix de la femme que ce soit au sujet de la religion, la prostitution ou son identité de genre. Ces choses sont bien entendu fortement marquées par le patriarcat (oui on est en société donc y a un impact du milieu dans lequel on évolue), cela ne veut pas dire qu’ils ne peuvent être choisis en connaissance de cause. Ce n’est qu’aux personnes concernées d’en juger. Je vous invite à partager toute info, article, média, post, dessin prônant le féminisme intersectionnel notamment concernant cette situation, je ferais en sorte de leur donner la visibilité qui leur est du. Sisters, not cisterfs.