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P.M.A pour tou·te·s ?

Il y a quelques mois, j’ai rencontré Jena sur les réseaux sociaux, et on a parlé un peu P.M.A (Procréation Médicalement Assistée). A cette époque, une proposition de loi de bioéthique avait était faite. Ce projet de loi visait à ouvrir l’accés à la PMA aux couples de femmes. Belle avancée pour les droits des personnes LGBTI+, et n’étant pas concerné·e par l’envie d’enfanter, je m’en suis personnellement réjoui.

Puis rapidement, je me suis rendu compte que cet accès a la PMA ne visait pas TOUTES les femmes, loin de là, ni toutes les personnes en capacité de porter un enfant. Le chemin pour avoir accès a une PMA pour les personne trans est inaccessible en France. Pourquoi ? Quels sont les “bonnes excuses” de l’état pour exclure une partie de sa population ? Le droit d’enfanter n’est-il pas un droit humain ?

Les réponses à ces questions, nous les connaissons. Cette loi est incomplète et injuste. Pourtant ce soir, le 29 juin, les députés vont se réunir, et voter (on l’espère) en faveur de cette loi. Ce n’est pas une mauvaise loi, et c’est une avancée, mais qui met délibérément de côté certaines personnes. Ne laissez pas passer sans broncher. Aider à donner des droits aux personnes qui n’en n’ont pas.

Indignez vous.

PMA pour tou·te·s ?

Un témoignage de Jena, femme trans oubliée des luttes pro-PMA.

Je m’appelle Jena, je suis une femme trans.

Les personnes trans peuvent vouloir avoir des enfants. La transidentité ne ferme pas cette possibilité. La transition peut au contraire révéler un désir d’enfant qui était impossible auparavant.

Depuis peu d’années seulement, la stérilisation obligatoire des personnes trans est interdite en France.

Avant ma transition je n’étais pas bien, je n’étais pas entière, je n’étais pas MOI.J’ai changé de prénom, de papiers, de numéro de sécurité sociale. Dans la vie, comme devant la loi, je suis une femme. À ce titre, je n’ai pas le droit de faire d’enfants avec ma compagne, parce que la loi actuelle n’autorise pas à deux femmes l’accès à la PMA.

Extrait du Code de la santé publique : “Toute personne dont la prise en charge médicale est susceptible d’altérer la fertilité, (…), peut bénéficier du recueil et de la conservation de ses gamètes (…), en vue de la réalisation ultérieure, à son bénéfice, d’une assistance médicale à la procréation”.

C’est la loi actuelle. Ma transition est bien prise en charge médicalement, avec un traitement qui va altérer ma fertilité.

Pourtant, les personnes trans sont refusées dans la plupart des CECOS* de France, parfois avec violence et dénigrement.

*Centre d’Études et de Conservation des Œufs et du Sperme

J’ai eu de la chance, j’ai trouvé un CECOS à une heure de chez moi, qui m’a reçue avec bienveillance. J’ai été prévenue : “On accepte de conserver vos gamètes, mais vous n’aurez pas le droit de les utiliser en France”.

Nous n’avons même pas le droit de les transférer dans un autre pays.

Pour m’accepter dans le système informatique, elles ont dû me créer deux dossiers : un avec mon identité, pour la prise en charge, et un autre avec mon ancien numéro de sécu, parce que le système informatique est évidemment binaire, et ne comprends pas une conservation de sperme de la part d’une femme.

Pour l’instant, la future loi ne tient pas compte du tout des femmes trans, et voudrait nous obliger à utiliser les gamètes d’un donneur anonyme et pas les nôtres. Et si nous arrivons à faire un enfant, je ne pourrais pas établir de filiation avec.

Les mairies n’acceptent pas d’appliquer aux femmes trans les articles du code civil sur la déclaration de naissance, ni sur la reconnaissance de paternité ou de maternité, faite avant ou après la naissance.

Ce serait mon enfant biologique, et je n’aurais aucun statut légal. Je devrais adopter mon propre enfant. Et je ne vous apprends rien sur la lenteur, l’incertitude, l’homophobie et la transphobie des formalités d’adoption.

La loi actuelle ne reconnaît pas le lien de filiation entre une femme trans et son enfant, et ne protège pas l’enfant en ne garantissant pas qu’il puisse grandir avec ses deux parents.

La transidentité n’est pas héréditaire ! Laissez nous faire des enfants !

Je continue à me battre pour les autres : comme des centaines de couples depuis les promesses trahies de la loi de 2013, notre histoire d’amour n’a pas résisté à l’incertitude du recul perpétuel de l’accès à la PMA. Nous portons toutes et tous le deuil de nos enfants, qui n’ont pas pu naître à cause de l’homophobie et la transphobie de l’État.

Nous rêvons d’une loi de Bioéthique qui respectera le consentement des enfants intersexes, qui n’exclura plus les personnes trans, qui aura le même régime de filiation pour tous les couples. Nous rêvons d’une loi pour toutes et tous, pas des régimes différents pour des catégories arbitraires. Une loi dont nous serions fières, une loi qui protège nos familles.

Nos enfants vous remercieront, c’est promis.

Je tiens a remercier Jena pour son témoignage émouvant et enrageant. Je la remercie pour son courage immense face a cette situation.

Je conclurai ce nouveau zine en précisant que la PMA actuelle (tout comme le projet de loi) n’inclue pas non plus les hommes trans. Si un homme transgenre a fait sont changement d’état civil, il lui sera impossible également de conserver ses ovocytes et de faire valoir un droit de paternité sur son enfant. Cela ne touche pas une minime partie de la population française, mais bien plusieurs milliers de personnes.

Je suis heureuxe de finir le mois des fiertés 2020 avec ce zine, qui me semblait important à vous faire lire. J’espère que vous y aurez appris des choses. Bonne fin de mois des fiertés, bonnes luttes.

Queerement,

Panda et Jena

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