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Marie pas claire

Marie pas claire, votre nouveau zine 100% santé mentale !
Zine créé lors d’un atelier créatif au J’en Suis, J’y Reste Lille (tous les 1ers samedi du mois, 16-18h)

Marie pas claire, chaque heure me semblait un an !, vivre selon son cœur, s’aimer soi-même, Quizz l’envers du jeu, lettre qui fait mal, It’s all about finding the calm in the chaos, le miroir de votre moi intérieur, Laisse-toi porter par la vie, ne résiste pas, fais confiance.

Illustrations par @tournesoldeviant / Axelle

Parfois c’est dur de trouver des trucs qui rendent la vie chouette alors voici quelques trucs chouettes je trouve : le thé, la musique nostalgique, l’air frais, un rayon de soleil, partager un rire, créer des choses, trouver un caillou cool, le sentiment de communauté, flotter dans l’eau, faire sourire. Rajoute tes trucs chouettes.

Tous les ans à la même période de l’année les petits coups de fatigue font peur parce qu’il ressemblent très fort à ces expériences dont je n’ai pas le nom. Je suis perdue dans un endroit pourtant familier, j’entends les sons mais pas les mots, je vois mais je ne sais pas ce que je regarde, impossible de retrouver mon chemin, il fait froid, il est tard, il fait sombre. 2 secondes, 1 minute, 15 minutes, 30 minutes, 45 minutes, 1 heure, 1 heure 30, 2 heures, 2 heures 30, je ne sais plus au final mais ça recommence de temps en temps.

12, je perdais beaucoup de temps. 8, je ne pouvais pas dormir. 7, j’arrivais en retard. 25, j’étais distraite. A l’infini, ça m’épuisait. 31, j’avais peur qu’on les remarque. Le même hiver, j’ai eu le plus de tocs (trouble obsessionnel compulsif) de ma vie (enfin on (la psy (?) de la fac (lol)) m’a dit que c’était ça et on m’a dit de les compter et lister. Leur donner plus d’attention n’a pas aidé. On m’a aussi dit d’essayer de ne pas leur obéir. Ca marchait un peu des fois (bof). Un peu d’espoir : ça va mieux.

Illustrations par @gabriael.le

TW : mention d’auto-mutilation.

Note : cette partie a été censurée d’Instagram pour cause d’images violentes, discours haineux, harcèlement, intimidation, nudité et actes sexuels.

Prendre soin de soi pour un auto-mutilation moins risquée.

Est-ce que tu t’auto-mutiles ? Tu n’es pas seul.e. Tu n’as aucune honte à avoir. Se couper, se taillader, se bruler ou toute autre façon de gérer sa douleur, sa peur, son anxiété.

Fais en sorte de réduire les risques ! Et éviter les dégâts au long terme ! Ce qui suit pourrait t’être utile avant de te couper (essaie de tout lire pour avoir toutes les infos)

Se couper en limitant les risques

La chose la plus importante à se rappeler c’est de ne pas te juger ou te dévaluer (oui, oui, facile à dire). Se couper peut être la seule solution pour s’en sortir.

1. S1 tu as une personne de confiance, dis lui que tu te coupes, ou demande lui d’être présent.e quand tu le fais.

2 – l’emplacement. Réfléchis à si tu souhaites que les gens voient tes coupures. Si tu ne veux pas, par peur d’être jugé.e ou puni.e, alors coupe-toi à des endroits que tu peux facilement cacher.

3 – Assure-toi que tes instruments soient aussi propres que possible pour éviter les infections (risque d’hépatite par exemple). Utilise de l’alcool (même si ce n’est pas 100% efficace), favorise le désinfectant. Si tu n’as pas de produit à dispo, nettoie la zone + l’outil à l’eau et au savon.

4 – Ne partage pas tes instruments !! (pour aussi éviter la transmission des hépatites…)

5 – Coupe toujours lentement

6 – Ni trop profond, et ne coupe pas près des veines principales

7 – Tiens t’en au minimum requis pour enlever ton mal-être. Fixe des limites. Décide à l’avance du nombre de coupures que tu t’autorises et respecte cette limite.

Tu peux avoir besoin d’assistance médicale si…

Les coupures sévères peuvent entrer le corps en état de choc, ce qui veut dire que tu commences à défaillir. En absence de traitement, cela peut être mortel.

Les signes :
– Irritabilité, impossibilité de rester immobile
– Vertiges, nausées
– Teint pâle, peau moite
– Respiration rapide
– Pouls élevé

Que faire ?
– Allonge-toi
– Contrôle le saignement externe
– Assure-toi que ta température corporelle est stable. Si tu as froid, mets toi sous la couette ou mets des vêtements chauds
– Sauf si tu as mal à la tête, au cou ou au dos, élève tes jambes d’au mois 30 cm.
Ne lève pas la tête, ne mange pas, ne bois pas.
Si tu le peux, appelle une personne de confiance ou les urgences.

Si tu n’arrives pas à arrêter le saignement
1 – Applique une pression avec un tissu/compresse propre directement sur la blessure
2 – Par dessus, met un objet large (comme une chaussette en boule) et enroule le tout avec une bande ou du sparadrap.
3 – Garde la blessure au niveau de ton cœur et regarde l’état dans 10 minutes.

N’enlève pas le bandage avant 10 minutes ! Si le bandage est imbibé avant, rajoute en autour. Si après 10 minutes tu saignes encore, panse à nouveau et appelle les urgences.

Après avoir arrêté le saignement :
– Mets une compresse froide sur la blessure et laisse le 10 minutes.
– Ensuite, nettoie la plaie avec un produit désinfectant. SI tu en as une, applique aussi une crème antibiotique.
– Change tes bandages 2 fois par jour
– Fais attention à toute rougeur ou chaleur provenant de la plaie. Ce sont des signes d’infection.

Si tu as des rougeurs ou de la fièvre, contacte un médecin. Et bois beaucoup d’eau !

Alternatives à la mutilation.
SI tu veux essayer qelque chose de différent, tu peux essayer les méthodes suivantes pour te procurer des sensations intenses et similaires à la coupure.
– Serrer un glaàon dans ta main ou crier dans ton oreiller
– Avoir des relations sexuelles protégées
– Couper des morceaux de papier ou de carton
– Utiliser un marqueur rouge à la place du rasoir ou de la lame
– Frotte une brosse à dents ou un glaçon contre ta peau
– Fais claquer un élastique contre ta peau.
Ecrire, composer ou desiner, faire de la musique sont aussi de bons moyens ‘exprier tes émotions et de mieux comprendre ton désire d’auto-mutilation.

Fin du TW

Illustrations par Panda

Le super quizz des effets secondaires de médocs.
Trouve l’effet secondaire réel de chaque type de médicament, et entoure la bonne réponse !
Anti dépresseur : idées suicidaires, dépression ou avoir une confiance inouïe en l’avenir ?
Anxiolytiques : oreillons, jaunisse ou varicelle ?


Anti-psychotiques : envie de faire la teuf, devenir neurotypique ou délire ?
Somnifère : passion pour la pêche, Alzheimer ou insomnie ?

Réponses : Anti-presseurs – idée suicidaires. Anxiolytiques : jaunisse. Antipsychotiques : délire. Somnifères : Alzheimer et insomnie (on t’a bien eu !)

Me réveiller me donne envie de me rendormir… J’ai envie de rien alors je me recouche. mois une cuillère (la théorie des cuillères)

Tu fais de ton mieux. Y a des gen autour de toi qui t’aiment et qui veulent t’aider. Oublie pas de leur laisser une petite place ! Un petit pas à la fois, et un jour ça ira mieux. Oh wow, un.e humain.e incroyable ! Si t’es encore là aujourd’hui, tu galère pas avec ta santé mentale : ta santé mentale galère avec toi.

Plan d’urgence trouvé sur internet

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Féminisme

Dans le cadre d’une option “étude féministes” ce semestre, nous avons travaillé à 3 pour créer un zine sur le sujet de la reproduction d’oppressions dans le féminisme. Un rapide tour d’horizon pour aborder 3 types oppressions : l’écoféminisme avec Emma (@emma_2aaaa ), étudiante en histoire de l’art, le validisme avec moi même, étudiant.e en culture et média, et le spécisme avec Mathilde, étudiante en histoire.

Avant propos :
Logements inabordables, salaires de misère, systèmes de santé inexistants ou dysfonctionnels, catastrophe climatique, rejet des migrant·e·s, violences policières… on entend peu les féministes s’exprimer sur ces questions. Pourtant, elles ont un impact majeur sur la vie de l’immense majorité des femmes à travers le monde.
“[…] Face à un système néolibéral qui concentre toutes les aliénations, injustices et inégalités et instrumentalise certaines luttes sociales pour servir ses velléités impérialistes et engranger le plus de profits possible, le féminisme doit repenser son agenda théorique comme militant.
[…] Pour un féminisme véritablement inclusif, capable de faire converger l’anticapitalisme, l’antiracisme, l’écologie politique, l’internationalisme et l’anti-hétérosexisme : un féminisme pour les 99 %.” Extrait du résume du manifeste Féminisme pour les 99%
En tant que personnes concerné.e.s par certains luttes et par le féminisme, nous avons pu remarquer qu’il existe des reproductions de schémas d’oppressions, au sein même du féminisme. L’écocide, le validisme et le spécisme sont des luttes qui se rejoignent. Lutter pour un féminisme cis blanc valide n’est pas lutter pour un féminisme révolutionnaire, c’est donner du pouvoir à des forces dominantes. Une convergence des luttes est nécessaire.

Partie 1, éco-féminisme :

L’écoféminisme, qu’est ce que c’est ?
Une idée directrice : domination des femmes et domination de la nature sont deux facettes indissociables d’un seul modèle de civilisation. Il y a une interconnexion des oppressions, donc le féminisme et l’écologie ne sont pas deux phénomènes distincts.

Trois liens principaux sont faits par les écoféministes.
Factuel : l’injustice environnementale touche plus les femmes que les hommes. C’est en lien direct avec la pauvreté. A l’échelle mondiale, 80% des ménages pauvres sont des femmes élevant leur enfant seule, et nous savons que la pauvreté joue un grand rôle dans l’exposition à la crise environnementale. Les premiers réfugiés climatiques sont et seront des femmes. A cela s’ajoutent les catastrophes naturelles dont les femmes représentent plus de victimes.

Symbolique : Dans l’imaginaire collectif, la femme est associée à a nature, que ce soit au cinéma ou dans la religion. La femme est naturalisée et la naturalisation d’un groupe social signifie son oppression.

Systémique : Le patriarcat capitaliste, autrement dit la double exploitation des femmes et de la nature. Il se manifeste par un travail non rémunéré, une surexploitation. Il fait écho au travail de la nature qui se régénère, travail de fait non rémunéré.

Pourquoi le changement climatique est-il sexiste ?
Cette différence se fait principalement à cause de la pauvreté. A l’échelle mondiale, 80% des ménages pauvres sont des femmes élevant leur enfant seule. La pauvreté limite l’accès à des ressources et de l’information en cas de catastrophe naturelle. L’éducation joue aussi un rôle determinant.
Pakistan : en 2010 les inondations touchent 70% de femmes.
Bangladesh : Lors du cyclone Gorky en 1991, 91% des victimes sont des femmes.
Indonésie : en 2004 à Banda Aceh en Indonésie, le tsunami compte parmi ses victimes 70% de femmes. Au Sri Lanka, culturellement, nager et grimper aux arbres est enseigné en priorité aux garçons.

L’apport de l’écoféminisme – Greenham common women’s peace camp
Dans les années 80, le combat écoféministe est marqué par la dénucléarisation. En 1981 commence l’occupation du camp de Greenham Common, sur la base de la Royal Air Force, pour protester pacifiquement contre l’installation de missiles nucléaires. Le camp organisera à plusieurs reprises des opérations de protestation marquantes. Comme en 1982 et en 1983, où elles réalisent une chaine humaine de plusieurs dizaines de kilomètres constituée de plus de dizaine de milliers de personnes. En 1982, à la veille du nouvel an, elles s’introduisent sur la base, et réalisent une de leur opération la plus célèbre, “dancing on the silos” au cours de laquelle elles danseront pendant des heures sur les silos contenant les têtes des missiles. L’occupation du camp se termine en 2000, soit 19 ans d’occupation !!!!

La planète, ma chatte, protégeons les zones humides.
Nous sommes plus chaud.e.s que le climat
Ni les femmes, ni la planète, ne sont des territoires de conquêtes
A défaut de dire que je suis ravagé.e, arrête de ravager la planète
The sea is rising and so are we
Arrêtez de niquer vos mers

Partie 2 : anti-validisme

Ces meufs handies badass qui ont marqué l’histoire, mais dont on oublie souvent qu’elles sont handies.
1945-1992, Marsha P. Johnson, pionnière des émeutes de Stonewall (qui ont abouti sur nos Prides actuelles)
1890-1976, Agatha Christie, Autrice de romans policiers.
1947, Judy Heumann, Pionnière des mouvements anti-validistes aux USA dans les années 70 (pour que les lieux publics deviennent accessibles)
1920-2019, Alicia Alonso, Danseuse étoile, fondatrice du ballet national de Cuba, et partisane de la révolution à Cuba.
1915-1963, Edith Piaf, Chanteuse et comédienne.

La révolte des éclopé.e.s : petit tour d’horizon des luttes pour les droits des pers handies.
Années 1970 (USA) : Crip Camp. Littéralement un camp d’été pour les éclopé.e.s, tenu par des moniteur.ice.s valides comme handi.e.s, et où l’entraide, le soutien communautaire et l’auto-soutien prônaient, permettant de diminuer la présence de professionnels de santé (et donc de personnes valides). Pour beaucoup de jeunes (18-20 ans environ), c’était le seul lieu de socialisation, de réflexion sur l’avenir, et d’épanouissement, car le reste du temps, ces jeunes étaient enfermé.e.s dans des institutions.

1972 (USA), Loi anti-discrimination : L’article 504 de la loi sur la réadaptation parlait de discriminations. Nixon pose un véto contre cette loi, qui reviendrait trop cher. S’en suivent des manifestations handies (les premières !) avec blocage de routes etc. En 1973, la loi est finalement adoptée. A la tête de ces mouvements, Judy Heumann.

1977 (USA), loi menacée : Pour cause de révision budgétaire, l’article 504 est menacé. Les militant.e.s handi.e.s investissent donc le QG du gouvernement à San Francisco, qui durera 24 jours. Certain.e.s effectueront même une grève de la faim durant ce temps. L’article de loi est enfin sauvé, avant d’être de nouveau menacé en 1980.

1990 (USA), Loi d’accessibilité : Parce qu’un article de 10 lignes est insuffisant pour parler des spécificités liées aux discriminations validistes, une loi complète à vu le jour, permettant notamment aux personnes handicapées d’accéder à des lieux publics (à peu près) accessibles !

2006 (France), Loi française : Il faudra encore 16 ans pour que la France se décide à elle aussi nous promettre des droits ! Cependant, rien n’est acquis, comme on a pu le constater avec les mouvements pour la déconjugualisation de l’AAH en 2021.

Alors pourquoi on lutte pas ensemble pour dé-faire l’oppression cis-blanche-valide-hétéro-patriarcale ?

4 femmes (terme utilisé dans les enquêtes car les gens pensent est toustes binaires, c’est nul !) handies sur 10 sont embauchées, contre 7 sur 10 femmes valides.
Les questions d’accessibilité physique concernent tout le monde, notamment les parents (surtout les mères) et leurs enfants.
Une personne sur 5 est handicapée en France. 80% des handicaps sont invisibles.
Les femmes sont sous diagnostiquées de certaines choses, comme l’autisme, l’endométriose, le SED et bien d’autres encore.
Dans le monde, seul 20% des femmes handies ont un emploi.
35% des femmes handies subissent des violences conjugales. C’est 16% de plus que chez les femmes valides.
Les recherches médicales ne s’intéressent pas aux maladies liées à l’utérus/vagin/etc, comme pour l’endométriose, le syndrome des ovaires poly-kystiques, ou même, tout simplement, les règles.
Ouvrons nos espaces de réflexion et de lutte pour ne pas reproduire des schémas oppressifs. Ecoutons nous, apprenons, renseignons-nous et évoluons !

Partie 3 : anti-spécisme

Quelques ressources pour aller plus loin

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A l’encre de nos maux

“Il est des blessures invisibles qui feront toujours partie de nous.”

Attention, mention de : pédocriminalité, viol, mutilation, grossophobie, tentative de suicide, troubles du comportement alimentaire, mort.

“J’ai été un enfant cactus, trop repoussant pour l’amour. Mais cet enfant est partir désormais il est retourné dans sa serre. Mais il n’a pas oublié de me laisser un souvenir ineffaçable, impérissable. En son honneur, pour masquer ce douloureux souvenir, j’ai inscrit sur ma peau un cactus.” – L’enfant Cactus

(Tattoo par Jody Boucard)

“Avec mes troubles du comportement alimentaire, j’ai arrêté de regarder les parties du corps que j’aimais. C’était le cas de ma poitrine, je l’ai donc tatouée, comme piqure de rappel. Ça me permettait de moins prêter attention à mon ventre et mes hanches que je détestais tant.”

– Laure

(Tattoo par Plume de Chat)

“Mon corps c’est mon journal intime. Il y a ces cicatrices que je ne choisi pas, ces marques, ces tâches, puis il y a ces dessins, ceux que je choisis. C’est un journal intime, j’y écrit pour ne jamais oublier jusqu’à la mort” (Tattoo par Carishna)

“J’ai des troubles psychiques qui ont entraîné automutilation et tentatives de suicide. Je suis passée par le tatouage pour embellir ce corps que je n’ai pas choisi. J’y ai trouvé mes limites de douleurs, d’énergie et de consentement.”

– Ivypassenger

(Tattoos par Yam Sree et Freaky Family)

“J’ai toujours eu du mal à accepter mon corps, me sentant plus vivante en tant qu’ame ; il me paraissait lourd et encombrant. Je me suis fait tatouer Ad Astra, qui veut dire « Vers les étoiles », pour me rappeler chaque jour que nous sommes tous nés des étoiles et qu’un jour, nous y retournerons. Ce tatouage m’aide à apprivoiser un peu plus mon corps, qui me permet de découvrir le monde avant de retourner à nos origines.” – Le boudoir d’Ostara

(Tattoo par Atypic Studio)

“J’ai eu des troubles du comportement alimentaire important qui m’ont fait prendre 30kg en deux ans et ont amené de la dysmorphie corporelle. Je ne me reconnais plus quand je me vois, mais j’aime voir ces tatouage gravés sur mon corps qui accompagnent mes nouvelles formes” – Psalem

(Tattoo par Tulipe la machine infernale)

“Je me suis fait ce 2eme tatouage en février 2019, après le décès de ma mère. C’était une femme très dure qui m’a créé beaucoup de TCA. Son décès m’a beaucoup affecté et j’ai pris 30kg en moins de 6 mois. J’avais besoin de l’honorer, car c’était ma mère, mais aussi de me réapproprier mon corps déformé par le deuil, et le traumatisme.”

– Inola

(Tattoo Hector Moren)

“Cette branche de lavande, ça représente comment mon père a failli mourir a cause d’une coupure a cet endroit. Cette expérience m’a traumatisée et je la laisse encrée en moi.” – Clémence

(Tattoo par Pink Death Tattoo)

“Tout ces tatouages recouvrent mes cicatrices, celles de mes 14 ans, entre viol, violences physiques et mentales. Ça les fait s’effacer un peu. Je l’affaiblit, je m’affirme, et tous les symboles importants pour moi prennent place sur les cicatrices qu’IL m’a laissées.”

– Zed

(Tattoos par Othmane Loulidi et Julien Versi)

Merci a ces survivant.e.s du quotidien et a leurs fabuleuxes tatoueurs et tatoueuses.

Merci pour votre confiance.

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P.M.A pour tou·te·s ?

Il y a quelques mois, j’ai rencontré Jena sur les réseaux sociaux, et on a parlé un peu P.M.A (Procréation Médicalement Assistée). A cette époque, une proposition de loi de bioéthique avait était faite. Ce projet de loi visait à ouvrir l’accés à la PMA aux couples de femmes. Belle avancée pour les droits des personnes LGBTI+, et n’étant pas concerné·e par l’envie d’enfanter, je m’en suis personnellement réjoui.

Puis rapidement, je me suis rendu compte que cet accès a la PMA ne visait pas TOUTES les femmes, loin de là, ni toutes les personnes en capacité de porter un enfant. Le chemin pour avoir accès a une PMA pour les personne trans est inaccessible en France. Pourquoi ? Quels sont les “bonnes excuses” de l’état pour exclure une partie de sa population ? Le droit d’enfanter n’est-il pas un droit humain ?

Les réponses à ces questions, nous les connaissons. Cette loi est incomplète et injuste. Pourtant ce soir, le 29 juin, les députés vont se réunir, et voter (on l’espère) en faveur de cette loi. Ce n’est pas une mauvaise loi, et c’est une avancée, mais qui met délibérément de côté certaines personnes. Ne laissez pas passer sans broncher. Aider à donner des droits aux personnes qui n’en n’ont pas.

Indignez vous.

PMA pour tou·te·s ?

Un témoignage de Jena, femme trans oubliée des luttes pro-PMA.

Je m’appelle Jena, je suis une femme trans.

Les personnes trans peuvent vouloir avoir des enfants. La transidentité ne ferme pas cette possibilité. La transition peut au contraire révéler un désir d’enfant qui était impossible auparavant.

Depuis peu d’années seulement, la stérilisation obligatoire des personnes trans est interdite en France.

Avant ma transition je n’étais pas bien, je n’étais pas entière, je n’étais pas MOI.J’ai changé de prénom, de papiers, de numéro de sécurité sociale. Dans la vie, comme devant la loi, je suis une femme. À ce titre, je n’ai pas le droit de faire d’enfants avec ma compagne, parce que la loi actuelle n’autorise pas à deux femmes l’accès à la PMA.

Extrait du Code de la santé publique : “Toute personne dont la prise en charge médicale est susceptible d’altérer la fertilité, (…), peut bénéficier du recueil et de la conservation de ses gamètes (…), en vue de la réalisation ultérieure, à son bénéfice, d’une assistance médicale à la procréation”.

C’est la loi actuelle. Ma transition est bien prise en charge médicalement, avec un traitement qui va altérer ma fertilité.

Pourtant, les personnes trans sont refusées dans la plupart des CECOS* de France, parfois avec violence et dénigrement.

*Centre d’Études et de Conservation des Œufs et du Sperme

J’ai eu de la chance, j’ai trouvé un CECOS à une heure de chez moi, qui m’a reçue avec bienveillance. J’ai été prévenue : “On accepte de conserver vos gamètes, mais vous n’aurez pas le droit de les utiliser en France”.

Nous n’avons même pas le droit de les transférer dans un autre pays.

Pour m’accepter dans le système informatique, elles ont dû me créer deux dossiers : un avec mon identité, pour la prise en charge, et un autre avec mon ancien numéro de sécu, parce que le système informatique est évidemment binaire, et ne comprends pas une conservation de sperme de la part d’une femme.

Pour l’instant, la future loi ne tient pas compte du tout des femmes trans, et voudrait nous obliger à utiliser les gamètes d’un donneur anonyme et pas les nôtres. Et si nous arrivons à faire un enfant, je ne pourrais pas établir de filiation avec.

Les mairies n’acceptent pas d’appliquer aux femmes trans les articles du code civil sur la déclaration de naissance, ni sur la reconnaissance de paternité ou de maternité, faite avant ou après la naissance.

Ce serait mon enfant biologique, et je n’aurais aucun statut légal. Je devrais adopter mon propre enfant. Et je ne vous apprends rien sur la lenteur, l’incertitude, l’homophobie et la transphobie des formalités d’adoption.

La loi actuelle ne reconnaît pas le lien de filiation entre une femme trans et son enfant, et ne protège pas l’enfant en ne garantissant pas qu’il puisse grandir avec ses deux parents.

La transidentité n’est pas héréditaire ! Laissez nous faire des enfants !

Je continue à me battre pour les autres : comme des centaines de couples depuis les promesses trahies de la loi de 2013, notre histoire d’amour n’a pas résisté à l’incertitude du recul perpétuel de l’accès à la PMA. Nous portons toutes et tous le deuil de nos enfants, qui n’ont pas pu naître à cause de l’homophobie et la transphobie de l’État.

Nous rêvons d’une loi de Bioéthique qui respectera le consentement des enfants intersexes, qui n’exclura plus les personnes trans, qui aura le même régime de filiation pour tous les couples. Nous rêvons d’une loi pour toutes et tous, pas des régimes différents pour des catégories arbitraires. Une loi dont nous serions fières, une loi qui protège nos familles.

Nos enfants vous remercieront, c’est promis.

Je tiens a remercier Jena pour son témoignage émouvant et enrageant. Je la remercie pour son courage immense face a cette situation.

Je conclurai ce nouveau zine en précisant que la PMA actuelle (tout comme le projet de loi) n’inclue pas non plus les hommes trans. Si un homme transgenre a fait sont changement d’état civil, il lui sera impossible également de conserver ses ovocytes et de faire valoir un droit de paternité sur son enfant. Cela ne touche pas une minime partie de la population française, mais bien plusieurs milliers de personnes.

Je suis heureuxe de finir le mois des fiertés 2020 avec ce zine, qui me semblait important à vous faire lire. J’espère que vous y aurez appris des choses. Bonne fin de mois des fiertés, bonnes luttes.

Queerement,

Panda et Jena

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Zine de la Queerantaine

Sur une initiative de Panda, plusieurs queer confiné.e.s se sont réuni.e.s pour vous concocter un tout premier zine spécial confiné de 45 pages ! De quoi nous et vous occuper 🙂 Retrouve 8 artistes qui vont partager avec toi des petits bouts d’elleux depuis leur appart’. Plusieurs sujets sensibles sont abordés dans ce zine, mais ne t’en fais pas, un petit trigger warning (TW) sera déposé juste avant. Ce zine n’est pas voué à être disponible en version papier pour le moment, mais si ça t’intéresse que ça le soit, hésite pas à déposer un petit commentaire pour nous le signaler !

Bonne lecture et bon confinement. Prends soin de toi et de tes proches, reste chez toi.