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Compte rendu – Handicap et validisme au sein des luttes LGBTI+

Handicap et validisme au sein des luttes LGBTI+

Ceci est un compte rendu qui vise à retranscrire la table ronde du 27/06/2020 lors du festival de Queerantaine.

Salut ! Je suis Panda, la personne qui anime cette table ronde. Pour me présenter rapidement, je suis non binaire et je suis en situation de handicap invisible. Je suis atteint·e du Syndrome d’Ehlers Danlos. Je suis militant·e bédéiste sur Lille, où je n’ai pas d’implication associative fixe, mais où je travaille avec pas mal d’associations différentes. J’aborderai donc ici une perspective politique et associative particulièrement.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je tiens a définir quelques termes que j’utiliserai par la suite.

Situation de handicap : a mon sens, on n’est pas handicapé. La situation, la société et son manque d’accessibilité me met en situation de handicap comparé a d’autres gens. Si j’avais les adaptations nécessaires, je ne serais probablement pas en situation de handicap.

Validisme et valide : les personnes valides sont les personnes qui ne sont pas en situation de handicap. Le validisme est le nom donné à l’oppression que subissent les personnes en situation de handicap.

Neuroatypie : correspond à un fonctionnement neurologique ou psychologique qui s’écarte de la norme, contrairement à la neurotypie.

Non binarité : correspond aux genres différents de homme et femme.

Pour introduire un peu mon propos, je vais commencer par parler un peu de ce qu’est être en situation de handicap et LGBTI+. Tout d’abord, cela correspond à une convergence de plusieurs oppressions, donc plusieurs luttes. Les personnes en situation de handicap et LGBTI+ vont subir des LGBTIphobies dans le milieu médical, et inversement. La convergence des luttes est là pour prendre en compte les personnes qui sont au centre de plusieurs oppressions.

Ensuite, je tiens à parler de la pathologisation à outrance des personnes LGBTI+. En effet, pour la majorité dominante, iels sont vu·e·s comme étant des personnes « à soigner », que « c’est dans leur tête ». Allant parfois jusqu’aux thérapies de reconversion, toujours légales en France. Être LGBTI+, ce n’est pas être malade. Cependant, les personnes LGBTI+ peuvent également être malades et / ou neuroatypiques. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut chercher à les soigner, car cela correspond simplement à une perception différente du monde.

Les personnes LGBTI+ sont certes plus souvent déconstruites aux sujets des situations de handicap comparé aux personnes non LGBTI+, cependant, cela n’empêche pas qu’il y ait énormément de validisme présent dans cette communauté. C’est une remise en cause permanente et nécessaire. De plus, on pourra remarquer que ce validisme de manière très générale est encore plus présent sur les réseaux sociaux. Encore récemment, nous avons pu remarquer une vague oppressive de part le mouvement Trans Et Handi lancé sur Twitter. Ce mouvement consistait simplement à se visibiliser en temps que personnes à la convergence de ces deux oppressions, cependant, il a été directement repris par des trolls et autres fascistes, laissant place a une vague de validisme, transphobie, nazisme, pédocriminalité et j’en passe. Cette affaire a été étouffée, peu de médias en ont parlé malgré nos sollicitations. Nous avons été invisibilisés une fois de plus.

Mais parlons désormais du militantisme LGBTI+. J’aborderai à ce sujet 3 points essentiels : l’associatif, les lieux queer, et les manifestations.

Comme je vous le disait un peu plus tôt, je ne travaille jamais avec une association fixe, en temps que bénévole. Je préfère de loin la liberté de travailler avec un peu toutes les associations que je rencontre. Cependant, j’ai tout de même fait parti d’une association LGBTI+ sur Lille au début de l’année scolaire 2019. Cette association était a hiérarchie horizontale, ce qui veut dire que tout le monde avait le même pouvoir. A la création de celle ci, plusieurs idées très très limite ont été proposées. Dans le lot, il y avait par exemple le fait d’exclure les bénévoles ne venant pas à 3 assemblées générales consécutives, ou l’obligation de lecture de certains livres, documentaires, films. Ces propositions sont tout simplement dangereuses pour les personnes en situation de handicap, cependant plusieurs personnes avaient voté pour. Nous avions décidé de mettre en place des formations internes faites par des personnes concernées, pour mieux nous déconstruire sur certains sujet. Avec un·e ami·e, nous avons mené une formation sur les situations de handicap et la non binarité. Ces formations n’ont malheureusement pas changé grand chose au validisme qui y régnait. Beaucoup de personnes minoritaires, particulièrement les personnes en situation de handicap, doivent passer leur temps à former et sensibiliser leur entourage. C’est encore plus présent dans le militantisme et l’associatif, où personne n’est formé sur ces sujets. Nous ne sommes pas vos profs, les personnes en situation de handicap plus que quiconque ont de l’énergie et du temps limités. Bien entendu, il est actuellement complexe de trouver de bonnes ressources pour se documenter, sans tomber dans la désinformation. Cependant, certaines personnes sont plus a même de vous aider, ces personnes en général le signalent. C’est mon cas, d’où le fait que je fasse cette table ronde (et ce festival).

Pour préparer cette prise de parole, j’avais un peu sondé les gens autour de moi, notamment pour savoir ce qu’iels pensaient de accessibilité des lieux LGBTI+. Valides ou pas, la majeure partie voyaient très bien qu’il y a un gros problème d’accessibilité. Ce n’est pas rare que certains bars par exemple soient « accessibles » pour y entrer (encore faut il aller demander une rampe au bar, complexe si on ne peut pas rentrer demander) mais que leurs toilettes ne le soient pas. En outre, ils ne sont pas accessibles. Certes, ces travaux ne dépendent pas que d’eux, cependant des lois d’accessibilité existent mais ne sont prises en compte ni par l’état, ni par les propriétaires des locaux, ni par les locataires (bars, locaux associatifs..). Et c’est nous, personnes en situation de handicap, qui en subissons les conséquences. Encore. Et puis, quand un bar est accessible aux fauteuils roulants (miracle!), il ne l’est pas nécessairement aux PMR (Personnes à Mobilité Réduite). Combien de fois je me suis retrouvé·e à faire tout le chemin pour venir dans un bar, pour me retrouver face à une salle pleine, sans chaise prévue, ou a des escaliers imprévus ? Hop, marche arrière, je rentre chez moi. On me prive encore d’une soirée. Je ne crois pas, personnellement, que ça soit très compliqué de garder une ou deux chaises pliantes dans la réserve, et une affiche au bar qui mentionne « si tu as besoin de t’asseoir, préviens moi ! ». Je ne crois pas que ça soit si compliqué que ça de mentionner sur un événement Facebook qu’il y a des escaliers, que des gens peuvent t’aider à descendre si besoin. Je crois simplement en de l’hypocrisie. Car oui, ne toujours pas prendre en compte ces choses alors qu’on s’époumone à vous les dire depuis des années, c’est de l’hypocrisie. Et puis, ça fait également beaucoup d’années qu’on demande à prendre en compte les personnes hypersensibles. Lumières trop blanches, son trop fort, soirée foutue. Pourtant c’est pas très compliqué de baisser le volume de la sono, il me semble. Enfin, probablement que si, vu que ce n’est jamais fait. Parlons un peu des soirées fumette et alcool. C’est toujours la même chose, ne jamais proposer de soirée sans fumer, sans boire, c’est un manque d’accessibilité. Il y a un nombre incalculable de personnes qui ne peuvent et veulent pas être confrontées à ces éléments, pourtant.

A-t-on encore besoin de parler de l’accessibilité (ou plutôt la non-accessibilité) des manifestations ? Visiblement, oui. La marche des fiertés (manifestation devenue technoparade) est, je pense, l’un des exemples les pires dans le domaine. Reparlons de la musique trop forte, par exemple. Reparlons du manque d’endroits où l’on peut s’asseoir quand on est PMR. Baisser le son n’est toujours pas une tâche compliquée. Prévoir des fauteuils roulants à emprunter (par exemple sur l’un des chars) ou un itinéraire avec des bancs sur la route n’est pas non plus très complexe. Les fauteuils roulants sont quasiment toujours inutilisables lors de ces manifestations, faute de crevasse et de dos-d’âne. Et c’est la responsabilité des organisateur·ice·s pourtant. Sur toute la France, ça ne fait quelques années seulement (3, il me semble) qu’un char handi est mis en place. Ce char n’est présent qu’à Paris. Il n’existe non pas sur la demande des organisateur·ice·s, mais bien sur les demandes incessantes de l’association handi queer auprès de la mairie et autres. Pourtant ce char est nécessaire. Il est limité, une poignée de personnes seulement peuvent y accéder, sur réservation de plus. Il n’est pas suffisant. Et dans les autres villes ? Où est il ? Ne cherchez pas la réponse, ce char n’existe pas ailleurs. Ajoutez à cela qu’une grande partie des militant·e·s en situation de handicap ne manifestent pas par peur des violences policières. Par peur de mauvaise prise en charge médicale en cas d’arrestation, par peur de ne pas savoir fuir, par peur de ne pas savoir respirer dans les lacrymo, par peur de se faire tabasser.

La conclusion, c’est à vous de la tirer. Comment faisons nous pour lutter pour nos droits quand nous sommes exclu·e·s des luttes ? Comment faisons nous pour faire bouger les choses quand on ne nous accepte pas dans les locaux ? Comment faisons nous pour nous chercher, et pour nous trouver, quand nous ne pouvons pas être auprès de nos adelphes ?

Il est temps que tout cela change. Il est urgent que vous, valides ou non, LGBTI+ ou pas, preniez conscience de la gravité de la situation. Il est urgent de faire entendre nos voix et nos revendications. Nous ne voulons plus être les oublié·e·s des luttes. Chaque pride month, j’espère ne pas avoir à en revivre un autre sans y avoir réellement ma place.

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Féminisme

Dans le cadre d’une option « étude féministes » ce semestre, nous avons travaillé à 3 pour créer un zine sur le sujet de la reproduction d’oppressions dans le féminisme. Un rapide tour d’horizon pour aborder 3 types oppressions : l’écoféminisme avec Emma (@emma_2aaaa ), étudiante en histoire de l’art, le validisme avec moi même, étudiant.e en culture et média, et le spécisme avec Mathilde, étudiante en histoire.

Avant propos :
Logements inabordables, salaires de misère, systèmes de santé inexistants ou dysfonctionnels, catastrophe climatique, rejet des migrant·e·s, violences policières… on entend peu les féministes s’exprimer sur ces questions. Pourtant, elles ont un impact majeur sur la vie de l’immense majorité des femmes à travers le monde.
« […] Face à un système néolibéral qui concentre toutes les aliénations, injustices et inégalités et instrumentalise certaines luttes sociales pour servir ses velléités impérialistes et engranger le plus de profits possible, le féminisme doit repenser son agenda théorique comme militant.
[…] Pour un féminisme véritablement inclusif, capable de faire converger l’anticapitalisme, l’antiracisme, l’écologie politique, l’internationalisme et l’anti-hétérosexisme : un féminisme pour les 99 %. » Extrait du résume du manifeste Féminisme pour les 99%
En tant que personnes concerné.e.s par certains luttes et par le féminisme, nous avons pu remarquer qu’il existe des reproductions de schémas d’oppressions, au sein même du féminisme. L’écocide, le validisme et le spécisme sont des luttes qui se rejoignent. Lutter pour un féminisme cis blanc valide n’est pas lutter pour un féminisme révolutionnaire, c’est donner du pouvoir à des forces dominantes. Une convergence des luttes est nécessaire.

Partie 1, éco-féminisme :

L’écoféminisme, qu’est ce que c’est ?
Une idée directrice : domination des femmes et domination de la nature sont deux facettes indissociables d’un seul modèle de civilisation. Il y a une interconnexion des oppressions, donc le féminisme et l’écologie ne sont pas deux phénomènes distincts.

Trois liens principaux sont faits par les écoféministes.
Factuel : l’injustice environnementale touche plus les femmes que les hommes. C’est en lien direct avec la pauvreté. A l’échelle mondiale, 80% des ménages pauvres sont des femmes élevant leur enfant seule, et nous savons que la pauvreté joue un grand rôle dans l’exposition à la crise environnementale. Les premiers réfugiés climatiques sont et seront des femmes. A cela s’ajoutent les catastrophes naturelles dont les femmes représentent plus de victimes.

Symbolique : Dans l’imaginaire collectif, la femme est associée à a nature, que ce soit au cinéma ou dans la religion. La femme est naturalisée et la naturalisation d’un groupe social signifie son oppression.

Systémique : Le patriarcat capitaliste, autrement dit la double exploitation des femmes et de la nature. Il se manifeste par un travail non rémunéré, une surexploitation. Il fait écho au travail de la nature qui se régénère, travail de fait non rémunéré.

Pourquoi le changement climatique est-il sexiste ?
Cette différence se fait principalement à cause de la pauvreté. A l’échelle mondiale, 80% des ménages pauvres sont des femmes élevant leur enfant seule. La pauvreté limite l’accès à des ressources et de l’information en cas de catastrophe naturelle. L’éducation joue aussi un rôle determinant.
Pakistan : en 2010 les inondations touchent 70% de femmes.
Bangladesh : Lors du cyclone Gorky en 1991, 91% des victimes sont des femmes.
Indonésie : en 2004 à Banda Aceh en Indonésie, le tsunami compte parmi ses victimes 70% de femmes. Au Sri Lanka, culturellement, nager et grimper aux arbres est enseigné en priorité aux garçons.

L’apport de l’écoféminisme – Greenham common women’s peace camp
Dans les années 80, le combat écoféministe est marqué par la dénucléarisation. En 1981 commence l’occupation du camp de Greenham Common, sur la base de la Royal Air Force, pour protester pacifiquement contre l’installation de missiles nucléaires. Le camp organisera à plusieurs reprises des opérations de protestation marquantes. Comme en 1982 et en 1983, où elles réalisent une chaine humaine de plusieurs dizaines de kilomètres constituée de plus de dizaine de milliers de personnes. En 1982, à la veille du nouvel an, elles s’introduisent sur la base, et réalisent une de leur opération la plus célèbre, « dancing on the silos » au cours de laquelle elles danseront pendant des heures sur les silos contenant les têtes des missiles. L’occupation du camp se termine en 2000, soit 19 ans d’occupation !!!!

La planète, ma chatte, protégeons les zones humides.
Nous sommes plus chaud.e.s que le climat
Ni les femmes, ni la planète, ne sont des territoires de conquêtes
A défaut de dire que je suis ravagé.e, arrête de ravager la planète
The sea is rising and so are we
Arrêtez de niquer vos mers

Partie 2 : anti-validisme

Ces meufs handies badass qui ont marqué l’histoire, mais dont on oublie souvent qu’elles sont handies.
1945-1992, Marsha P. Johnson, pionnière des émeutes de Stonewall (qui ont abouti sur nos Prides actuelles)
1890-1976, Agatha Christie, Autrice de romans policiers.
1947, Judy Heumann, Pionnière des mouvements anti-validistes aux USA dans les années 70 (pour que les lieux publics deviennent accessibles)
1920-2019, Alicia Alonso, Danseuse étoile, fondatrice du ballet national de Cuba, et partisane de la révolution à Cuba.
1915-1963, Edith Piaf, Chanteuse et comédienne.

La révolte des éclopé.e.s : petit tour d’horizon des luttes pour les droits des pers handies.
Années 1970 (USA) : Crip Camp. Littéralement un camp d’été pour les éclopé.e.s, tenu par des moniteur.ice.s valides comme handi.e.s, et où l’entraide, le soutien communautaire et l’auto-soutien prônaient, permettant de diminuer la présence de professionnels de santé (et donc de personnes valides). Pour beaucoup de jeunes (18-20 ans environ), c’était le seul lieu de socialisation, de réflexion sur l’avenir, et d’épanouissement, car le reste du temps, ces jeunes étaient enfermé.e.s dans des institutions.

1972 (USA), Loi anti-discrimination : L’article 504 de la loi sur la réadaptation parlait de discriminations. Nixon pose un véto contre cette loi, qui reviendrait trop cher. S’en suivent des manifestations handies (les premières !) avec blocage de routes etc. En 1973, la loi est finalement adoptée. A la tête de ces mouvements, Judy Heumann.

1977 (USA), loi menacée : Pour cause de révision budgétaire, l’article 504 est menacé. Les militant.e.s handi.e.s investissent donc le QG du gouvernement à San Francisco, qui durera 24 jours. Certain.e.s effectueront même une grève de la faim durant ce temps. L’article de loi est enfin sauvé, avant d’être de nouveau menacé en 1980.

1990 (USA), Loi d’accessibilité : Parce qu’un article de 10 lignes est insuffisant pour parler des spécificités liées aux discriminations validistes, une loi complète à vu le jour, permettant notamment aux personnes handicapées d’accéder à des lieux publics (à peu près) accessibles !

2006 (France), Loi française : Il faudra encore 16 ans pour que la France se décide à elle aussi nous promettre des droits ! Cependant, rien n’est acquis, comme on a pu le constater avec les mouvements pour la déconjugualisation de l’AAH en 2021.

Alors pourquoi on lutte pas ensemble pour dé-faire l’oppression cis-blanche-valide-hétéro-patriarcale ?

4 femmes (terme utilisé dans les enquêtes car les gens pensent est toustes binaires, c’est nul !) handies sur 10 sont embauchées, contre 7 sur 10 femmes valides.
Les questions d’accessibilité physique concernent tout le monde, notamment les parents (surtout les mères) et leurs enfants.
Une personne sur 5 est handicapée en France. 80% des handicaps sont invisibles.
Les femmes sont sous diagnostiquées de certaines choses, comme l’autisme, l’endométriose, le SED et bien d’autres encore.
Dans le monde, seul 20% des femmes handies ont un emploi.
35% des femmes handies subissent des violences conjugales. C’est 16% de plus que chez les femmes valides.
Les recherches médicales ne s’intéressent pas aux maladies liées à l’utérus/vagin/etc, comme pour l’endométriose, le syndrome des ovaires poly-kystiques, ou même, tout simplement, les règles.
Ouvrons nos espaces de réflexion et de lutte pour ne pas reproduire des schémas oppressifs. Ecoutons nous, apprenons, renseignons-nous et évoluons !

Partie 3 : anti-spécisme

Quelques ressources pour aller plus loin

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Le grand soir

Le Grand Soir

Ca fait longtemps qu’on l’attend, mais moi, j’ai arrêté.

J’ai parlé avec plein de personnes de leur vision de la révolution. Dans toutes les visions qu’on en a, les personnes handicapées sont absentes.

Même si on venait à vos côtés, vous nous exposeriez beaucoup trop au danger. Une simple reproduction grande échelle des manifs actuelles, en somme.

Si on lançait notre propre révolution, vous ne nous suivriez probablement pas.

Quand on parle de l’après, on existe pas non plus.

Micro-société, auto-gestion, partage égal des tâches…
Comment on fait pour rendre une société équitable envers des personnes qui ont des besoins divers et variés ? La tâche est déjà compliquée quand on y réfléchit entre personnes concernées. L’accessibilité des un.e.s rend inaccessible la chose pour l’autre. On construit des idéaux sociétaux en consultant les besoins des groupes majoritaires et privilégiés sur les notions de validisme. A un moment, ça peut être intéressant de nous consulter pour qu’on réfléchisse ensemble à (par exemple) comment abolir l’état tout en ayant un système de santé gratuit et accessible. Ou comment abolir les violences intra-communautaires sans que les handi.e.s passent systématiquement à la trappe.

Alors oui, dans l’idée, on a bien besoin d’une révolution.

Mais quitter une société validiste pour en retrouver une autre, c’est loin d’être révolutionnaire.

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Les commu drag sont validistes

Bon, je voulais parler du validisme que le milieu drag m’a fait subir et continue de me faire subir.
Ce matin je crois que j’ai passé le cap de la tristesse, je suis angoissé•e et en colère. J’en peux plus de miliiter, j’en peux plus de subir les oppressions que vous portez, j’en peux plus de répéter cette histoire en boucle, que les gens m’écoutent mais ne fassent rien. Donc on va l’écrire, et ça sera plus possible de l’ignorer.

Y a 2 ans, j’ai quitté le milieu drag lillois duquel j’étais assez proche, à cause du validisme.
Je suis arrivé•e dans le milieu par intermédiaire d’une drag qui a été par intermittence une agresseuse validiste et transphobe, une pote, une harceleuse et une relation (mais on parle plus tard tkt).
J’étais læ seul•e non binaire out, je ressortais de pas mal de harcèlement scolaire transphobe et validiste. Je me faisais mégenrer h24, par les drag, c’était vraiment terrible. Je les corrigais souvent (et c’est vraiment quelque chose d’horrible pour moi) et ça changeait rien.
Et en même temps, ça a été la période la plus empouvoirante de mon identité queer que j’ai pu connaître. Ça a probablement été les quelques mois où j’étais læ plus fier•e d’être queer.

Mais les dragshow étaient jamais accessibles. J’ai toujours dû me démerder pour venir et essayer de gérer des malaises, des douleurs, des crises d’hypersensibilité. Parce que c’était mon groupe de « potes », qu’elleux avaient plein de monde, mais moi j’avais qu’elleux, que c’était mes seules sorties. Un jour, il y a eu La Myth, et j’ai été vraiment très mal, malaises et douleurs énormes à cause de la mauvaise gestion du public, alors je l’ai dit.

J’ai eu l’indécence de dire sur Twitter que ça serait vraiment bien de prévoir des espaces assis pour les handi•e•s et de prévenir s’il y avait des escaliers. J’ai eu l’indécence de dire que je comprenais qu’elles aient beaucoup à gérer, et que si elles le voulait je pouvais m’occuper de gérer l’accessibilité.

Petits extraits de la réponse de Karen Von Sheitan : « malheureusement on ne peut pas forcément trouver de bar qui soit accessible aux personnes en situation de handicape pour chaque soirée même si on aimerait beaucoup »
(alors que chaque dragshow se produisait dans des caves, l’intention suffit pas a pas être validiste)
« En ce qui concerne les places assises, n’hésite pas à venir me voir discrètement si tu as besoin j’essaierai d’être attentive et de trouver une solution »
(parce que bien-sûr j’étais læ seul•e handi•e queer de Lille, c’est bien connu).

Crystal Chardonnay, elle, a été la plus soft je pense, en me disant juste que les lieux étaient souvent découverts le jour J par les drag, c’est que je comprends totalement, mais qui est quand même très facilement resolvable (du style faire du repérage avant).

Quand à (anciennement) Enidras, qui avait créé La Myth « Sache que a mon show, tu avais ta place, j’avais pensé a toi. […] La Mafia te connait et a la pause, si tu as besoin de rester, toi tu as le droit. » Encore une fois, je suis læ seul•e handi•e de Lille.

Petits extraits de la réponse de Karen Von Sheitan : « malheureusement on ne peut pas forcément trouver de bar qui soit accessible aux personnes en situation de handicape pour chaque soirée même si on aimerait beaucoup »
(alors que chaque dragshow se produisait dans des caves, l’intention suffit pas a pas être validiste)
« En ce qui concerne les places assises, n’hésite pas à venir me voir discrètement si tu as besoin j’essaierai d’être attentive et de trouver une solution »
(parce que bien-sûr j’étais læ seul•e handi•e queer de Lille, c’est bien connu).

Crystal Chardonnay, elle, a été la plus soft je pense, en me disant juste que les lieux étaient souvent découverts le jour J par les drag, c’est que je comprends totalement, mais qui est quand même très facilement resolvable (du style faire du repérage avant).

Quand à (anciennement) Enidras, qui avait créé La Myth « Sache que a mon show, tu avais ta place, j’avais pensé a toi. […] La Mafia te connait et a la pause, si tu as besoin de rester, toi tu as le droit. » Encore une fois, je suis læ seul•e handi•e de Lille.

Avant hier, je me suis retrouvé•e à un dragshow sans que ça soit prévu, c’était la première fois depuis 2 ans (oui entre temps y a eu les drag show absolument pas adaptés au covid et donc aux personnes a risque). Les drag qui performaient étaient un peu de la « nouvelle génération drag » il me semble (première fois que j’en entendais parler), et il y avait l’ancienne génération (avec qui je trainais). J’ai demandé à une personne bossant au bar une chaise pour un proche et moi, en disant qu’on était handi•e•s. Je me suis fait engueuler parce qu’on aurait dû arriver plus tôt, qu’il y a pas de place pour mettre 2 chaises, et qu’on peut rien pour nous, que « c’est vraiment pas le moment, je suis occupée à préparer la scène ». Je suis retourné•e voir mes potes au bord des larmes, mais avec deux chaises, alors j’ai rien dit. On a fini par trouver une table, tout au fond de la salle, et le seul show que j’ai pu voir c’était les fesses de l’amoncellement de gens debout devant. J’avais pas particulièrement envie de regarder show, et j’ai passé ma soirée autrement, mais je suis triste. Parce que c’est typiquement le genre de trucs qui se passe aussi quand j’ai envie de regarder.

Puis hier tout le queer lillois s’est réuni en soirée drag. J’ai dit exclitement que je ne venais pas car c’était des validistes et que j’avais eu ma dose la veille. Mais qui ça intéresse ?

Ce qui me rend triste aussi, c’est que depuis que je dénonce le manque d’accessibilité, y a aucun•e allié•e de mon côté. On m’écoute mais on continue d’aller en drag show. On m’écoute mais on porte pas ma voix, on m’aide pas à trouver des chaises, à faire en sorte que je puisse voir le show. On fait pas remonter les infos, on informe pas les autres.

L’impression d’être juste l’handi•e casseur d’ambiance revient a fond avec tout ces souvenirs, mais je me dis que le mieux c’est toujours d’en parler. Y a pas longtemps, je disais que mon handicap était un tabou pour mes potes, on me demande pas mes besoins, on les prend en compte seulement quand je les visibilise avec ma canne ou mon fauteuil. Je demande pas à être au petit soin, mais je suis vraiment épuisé•e de quitter mes communautés parce qu’on m’oublie. J’envie tellement tellement tellement les gens qui ont ce sentiment de faire communauté avec d’autres, parce que j’y ai pas le droit dans nos communautés actuelles. Et on est plein à pas y avoir le droit. J’ai plein d’idées à apporter, plein de solutions à proposer, vraiment je suis toujours beaucoup motivé pour changer les choses, donc on peut totalement en parler, voir ce que les allié•e•s peuvent faire et genre vraiment être anti-validistes et inclure nos potes. Je veux juste arrêter d’avoir à me faire dégager de force dans mes propres commu.

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La fatigue militante

📸 @loup.der

Quand je parle avec des adelphes handicapé•e•s, c’est toujours la même chose qui ressort. Iels doivent faire de la pédagogie gratuite a longueur de journée, des gens viennent en commentaire ou en messages privés pour régler leur compte, donner leur avis et leur point de vue, souvent en étant valides

Pour nombre d’entre nous, et je n’y échappe pas, nous devons éduquer les personnes avec qui nous relationnons

Je suis toujours heureuxe de voir que mes relations s’intéressent à l’anti-validisme (même si ça me fatigue d’avoir l’impression d’être le déclencheur de leur déconstruction) et j’ai toujours envie de les accompagner et les conseiller. Au fil des ans je me suis rendu•e compte que pour ma propre sauvegarde ce n’était pas faisable, et qu’aucune personne n’était en droit de m’obliger à l’éduquer

Le contexte sanitaire, la marche des fiertés, les évènements militants, les lois restrictives… Ces derniers mois ont été très difficiles à supporter en temps que personne handicapée

Tous les matins je me réveille, et j’ai l’impression d’exister aux yeux de personne. C’est ça, le sentiment de ces derniers mois : je me sens oublié•e, dispensable, optionnel•le.

On a gueulé, à la marche des fiertés, dans les assos, sur les réseaux sociaux, partout. Mais les valides continuent leurs p’tites soirées sans nous, iels continuent « d’oublier » de venir à nos manifs, à nos évènements.

Je vis avec le validisme depuis ma naissance, je suis directement concerné•e depuis 6 ans, j’ai des séquelles physiques comme mentales de ce que les valides pensent des personnes handies. Et je suis à bout de souffle

[TW suicide]

On parle du taux de suicide chez les personnes trans, mais de combien sont-ils chez les personnes trans et handicapées ? On commémore la journée du souvenir trans tous les ans, mais je pleure tous les jours la mort de mes adelphes trans et handis, mort•e•s de transphobie et de validisme dans le silence le plus total des personnes valides

Je continuerai à lutter jusqu’au jour où nous existeront enfin à vos yeux, ou je tomberai avec elleux dans l’indifférence totale.

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Comment on s’est encore une fois rendu compte que les handis étaient invisibles dans les luttes LGBT

Hier, à la Marche des fiertés de Lille, les cortèges handis et lesbiens ont été laissés à la ramasse. C’est en très petite raison à cause de l’organisation, en très grosse à cause des manifestant.e.s. Et ça montre des vérités sociales dans nos luttes qui sont juste abominables.

Je parlerais principalement du cortège handi car c’est celui dont j’étais réferent.e.s, mais toutes mes pensées vont aux cortèges Lesbien et Anti-capitalistes qui ont grave géré, qui ont été des sucres avec nous et qui vraiment ont été trop chouettes. Merci énormément <3

13h30, la place de la République commence à bien se remplir. Aux alentours de 14h, les prises de parole commencent. Déjà à ce moment là, un groupe se forme, et met de la musique à fond à a peine 50 mètres de nous. Sans masques, bien-sur. Je précise « sans masque » car il faut comprendre deux choses : – On a des obligations à la Préfecture. Si y a des problèmes pendant la manif, c’est sur nous que ça tombe. Hors le port du maque est obligatoire et était un de nos arguments pour avoir droit de faire cette manif. – Il y avait 2 cortèges handis. Pour plusieurs d’entre nous, on a pas pu manifester ou faire de l’associatif pendant plus d’un an, car a risque face au covid. Ne pas porter le masque, c’était risquer de mettre nos vies en danger, littéralement. Et donc c’est du validisme.

Donc, sans grande surprise les valides fêtard.e.s en ont rien à foutre – de notre santé – de nos prises de paroles – de nos responsabilités

Mais bon, on à l’habitude, j’ai envie de dire.

S’en suit le départ de la manif. On appelle les cortèges à se positionner, mais là encore, rien a foutre et tout le monde à foncé. Les cortèges n’ont ni eu la place ni le temps de se former. A savoir que de base, voilà l’ordre de passage prévu : – Banderole unitaire des organisateur·ice·s – Cortège non-mixité racisée – Cortège Handi (Handimouv) – Cortège non-mixte lesbien – Cortège Handi (Handivergence) – Les gens sans cortège – Cortège Anti-capitaliste

Donc j’étais référent·e pour le cortège Handivergence, soit le dernier cortège de tête. On s’est faufilé·e·s tant bien que mal derrière la banderole unitaire au départ, en nous faisant piétiner ou couper la route. On était avec des fauteuils roulants, des cannes, des béquilles, des chiens d’assistance. Je sais pas si vous vous rendez compte du danger que c’est d’être dans un attroupement serré à ce moment là. Pendant toute la manif, on à dû gérer les gens qui passaient entre/devant nos fauteuils etc, les gens qui bousculaient sur les côtés…. Le service d’ordre savait plus où donner de la tête (pareil ils ont assuré à fond, merci les camarades ). Malheureusement, c’est un fait, il n’y avait pas assez de monde au Service d’Ordre pour réussir à nous aider en continu. On a passé notre manif à nous épuiser à demander aux gens de dégager.

Je précise aussi que notre présence était prévue dès le départ, annoncée sur les réseaux sociaux etc, et on était dans l’organisation, sans déconner avec Handivergence on a dû organiser genre le quart voir le tiers de la manif. C’est énorme.

Puis tout du long de la manif, tout le monde nous a doublé sur les côtés. On allait pourtant au rythme de la marche, on était pas à la traine, mais bon les valides sont pressés dans leur vie.

Ce qui devait arriver arrivera. On a débuté en tête de cortège à Répu, on a terminé fin de cortège à Wazemmes. En 2 km, plus de 5 000 personnes nous ont dépassés dans le plus grand des calmes. Est ce que vous vous rendez compte à quel point c’est dangereux de laisser des personnes en situation de handicap JUSTE DEVANT DES FLICS ?? On l’a dit pendant notre discours, mais aux EU en 2020, la moitié des personnes mortes tuées par des flics c’était des personnes handies. C’est vraiment comme ça que vous luttez ? En nous exposant au danger ?

C’est à ce moment là que nos camarades lesbiennes et anti-capitalistes ont assuré, iels se sont mis·es entre les flics et nous pour faire tampon en cas de violences policières et qu’on ai le temps de s’isoler de la manif. Genre une 50 aine de personnes ont pris cette décision de se mettre en danger pour qu’on puisse gérer, parce que les 4 950 autres s’étaient barrés à l’avant prcq y avait de la musique Idem, on devait se positionner assez loin des fanfares et sono pour les personnes hyper-sensibles. Les gens sont venus avec leurs enceintes portatives parce qu’iels songeaient même à notre possible présence et nos besoins. Les fanfares et autres devaient se signaler avec à l’organisation, résultat on s’est retrouvé·e·s avec un Batucada juste derrière, à qui on a dû demander de reculer jsp combien de fois.

On est arrivé·e·s place Casquette, j’ai pris le micro pour dénoncer tout ça. Pour rappeler que Marsha P. Johnson, dont on parle si souvent, était concerné·e par les luttes anti-validistes, et qu’on en parlait jamais.

Sans les femmes trans, racisé·e·s, TDS et handies, on serait pas là aujourd’hui.

Pourtant, ce sont les plus oubliées de nos luttes.

Quand je disais au début de ce post que la situation était très représentative, voilà ce que je voulais dire :

– quand vous vous êtes préparé·e·s à la Marche, quand vous avez participé, vous n’avez probablement même pas songé que des personnes handies pourraient y être. – quand vous étiez en train de nous piétiner, vous ne vous rendiez toujours pas compte qu’on était là.

Parce que vous nous oubliez en permanence, vous ne faites rien pour rendre accessible vos et nos luttes parce que pour vous on existe pas. Nous, en un mois, on a pensé à tout. Parce que c’était pas infaisable de préparer de l’inclusivité. Par contre c’est infaisable de se faire respecter quand on est minoritaires en société. Et en temps que personnes LGBTI+, vous auriez dû vous en rendre compte.

Vous nous laissez toujours derrière. Vous nous oubliez en permanence. Et là c’est plusieurs milliers de personnes qui nous ont oubliés. Qui nous ont laissés derrière. Parce que socialement, c’est toujours comme ça quand on est handis. On existe pour personne.

Beaucoup d’entre vous sont ressorti·e·s de cette Marche très fier·e·s et heureux·es. En temps que co-organisateur·ice je trouve ça super cool. En temps qu’oublié·e des luttes, cette manif m’a épuisé·e et foutu un gros coup au moral.

D’un point de vu personnel, ça va faire bien 5 ans que je lutte activement pour ma propre inclusion (sinon personne ne le fait), et je m’épuise. On a d’aide de vraiment pas grand monde. Et s’en est encore la preuve.

Je sais pas comment finir ce post, si ce n’est qu’en vous disant que svp, pensez un peu à nous. Arrêtez de nous oublier. La prochaine fois que vous allez à un évènement, demandez vous si c’est inclusif, si c’est safe pour les personnes handies. On est vraiment plein plein plein à être concerné·e·s. Pour rappel, une personne sur 5 est en situation de handicap. Ca veut dire qu’hier, on était probablement plus de 1 000 concerné·e·s. Et c’est pas lutter pour les droits LGBTQIA+ que de nous oublier systématiquement.

Encore un grand merci aux camarades de l’organisation qui nous ont grave soutenu·e·s, qui ont essayé de prendre des initiatives. Merci au Service d’Ordre qui a fait un taff incroyable, et encore une fois aux camardes lesbiennes et anti-capitaliste qui ont grave assuré <3

Je suis grave en colère et triste, mais je sais que les mauvaises expérience existent pour qu’on en tire des leçons. Juste, ça fait longtemps qu’on nous oublie, et on se fatigue. Maintenant il faut que vous preniez le relais encore + si vous êtes pas handis

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AAH – Pourquoi il faut #SignezPourNotreAutonomie ?

Vers la nouvelle pétition

Allocation adulte handicapé (AAH) – Pourquoi il faut #SignezPourNotreAutonomie ?

Petit guide par Panda

Quelques infos :

– C’est une allocation mensuelle que perçoivent les personnes en situation de handicap (sous conditions)

– Elle est attribuée aux bénéficiaires de l’allocation enfant handicapé (AEH) à leurs 20 ans. On peut en bénéficier à partir de 18 ans (sous conditions)

– Dans beaucoup de cas, elle est la seule source de revenus

– Elle se situe sous le seuil de pauvreté

L’AAH est de maximum 900€.Quand on vit en étant déclaré.e célibataire, cette allocation se compense selon nos revenus, elle ne se cumule pas.

Cas 1 : je n’ai pas de revenu personnel, donc j’ai droit à l’intégralité de mon AAH.

Cas 2 : J’ai touché 100€ de revenus personnels ce mois ci, 100€ seront donc déduits de mon AAH.

Cas 3 : J’ai touché 900€ de revenus personnels ce mois-ci, on me retire donc mon AAH.

Cependant, si on est déclaré.e en couple, notre allocation est calculé.e sur les revenus de notre conjoint.e.

Cas 1: je n’ai pas de revenu personnel, je touche donc l’AAH et mon/ma conjoint.e a un revenu faible.

Cas 2 : je n’ai pas de revenu personnel, on me retire l’AAH car mon/ma conjoint.e gagne de l’argent

Les problèmes dans tout ça…

– Même en travaillant, la difficulté à subvenir a ses besoins est présente pour les personnes en situation de handicap

– L’AAH se situe sous le seuil de pauvreté français

– L’AAH devient un facteur à prendre en compte pour savoir si on veut/peut habiter avec quelqu’un

– Des couples fraudent pour pouvoir vivre ensemble avec suffisamment d’argent, et peuvent se retrouver a devoir rembourser des milliers d’euros

– La manière dont est calculée l’AAH créé une dépendance au / à la conjoint.e

– Quand un couple se sépare, la CAF (Caisse d’Allocations Familiales) met beaucoup de temps avant de redonner l’AAH… difficile de prendre un nouveau départ sans argent !

– Au sein du couple, la personne en situation de handicap ne peut rien se payer soi-même.

– Les violences conjugales touchent une femme en situation de handicap sur trois, contre une sur cinq chez les valides. On se demande pourquoi… [rhétorique]

Ce qui bouge en ce moment :

Photo 1 : Rassemblements nationaux devant les MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) en février 2020

Photo 2 : Sophie Cluzel, secrétaire d’état des personnes handicapées.

En février 2020, une proposition de loi a été faite pour individualiser l’AAH, c’est à dire la calculer sur les revenus de la personne en situation de handicap uniquement. Récemment, Sophie Cluzel s’est positionnée contre cette proposition de loi.

Concrètement, on fait quoi ?

Une pétition officielle a été lancée sur le site du Sénat. Légalement, le Sénat est obligé de réétudier la proposition si cette pétition atteint plus de 100 000 signatures avant mars !

Si tu es majeur.e, de nationalité française ou en résidence sur le territoire, connecte toi sur le site du Sénat, et ajoute ta signature pour tenter de changer la vie de quelques 12millions de français.e.s (nombre de personnes en situation de handicap).

Que tu sois majeur.e ou mineur, de nationalité française ou non, porte nos voix en partageant cette BD et la pétition avec les #SignezPourNotreAutonomie !

Vers la nouvelle pétition

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La convergence des luttes (pour les nul·le·s)

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La convergence des luttes (pour les nul·le·s)

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Convergence des luttes : démarche politique visant à faire tendre vers un seul et même point des luttes différentes mais proches.

Intersectionnalité : Terme venant de l’afroféminisme pour désigner les personnes subissant le racisme et le sexisme.

Les personnes non racisées (qui ne subissent pas le racisme) se sont approprié ce terme, le mieux est de le laisser aux personnes concernées.

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Socialement, certaines personnes sont privilégiées car leur position dans la socièté est plus simple comparée à d’autres.

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Ces personnes, souvent sans s’en rendre compte, ont intégré leur position et continuent à perpétrer ça. Du coup c’est toujours les mêmes qui sont tranquille

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Avoir une position sociale supérieure à celle de quelqu’un d’autre, ça nous amène à une dominance. Et cette dominance amène l’idée qu’une catégorie prône sur l’autre, donc oppresse. Les oppressions inversées n’existent pas.

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Concrètement, ça donne :

Les hommes supérieurs aux femmes, les hétérosexuels par rapport aux homosexuels / bisexuels / pansexuels, les blanc·he·s aux racisé·e·s, les riches aux pauvres, les valides aux personnes en situation de handicap, les personnes cisgenre aux personnes transgenre… (il y a encore plein d’exemples !). Si tu ne t’es jamais demandé si tu es privilégié·e, c’est probablement que tu l’es !

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Ca peut être dû à une supériorité numérique : une personne sur cinq est en situation de handicap en France, ou une norme sociale perpétrée. « La femme et ses entrailles sont la propriété de l’homme » Le code Napoléon en 1804

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Quand une personne est transgenre et en situation de handicap, elle subit le validisme et la transphobie, soit deux oppressions différentes.

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Ayant une minorité de personnes transgenre dans le milieu médical et inversement, il est difficile de retrouver des personnes qui nous ressemblent ou nous acceptent.

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En clair, on devient une minorité d’une minorité.

On subit du validisme, de la transphobie ainsi que la solitude et le manque de représentations.

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Il est donc important d’avoir des endroits et des gens qui nous ressemblent pour :

– faire une pause

– pouvoir être nous même

– échanger, trouver des solutions, s’aider et se soutenir

– (se) montrer qu’on existe

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Nous devons avoir ces endroits non pas parce qu’on veut s’exclure, mais par besoin de faire une pause dans une société violente qui ne nous prend pas en compte.

Cette BD vous a été donnée en libre lecture bénévolement après 2 jours de travail, de l’énergie et du matériel dépensé. Pour soutenir l’auteur·ice, n’hésite pas à lui faire un petit don sur paypal.me/lesgaleresdunpanda ou fais un tour dans la rubrique « Boutique » ! <3

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La théorie des cuillères (version jeu vidéo)

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La vie de malade chronique, c’est un peu comme un jeu vidéo où t’as un nombre limité de déplacements pour finir ton niveau. Il faut au moins 2 autres déplacements pour finir ce niveau !

On appelle ça « la théorie des cuillères »

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Dans le jeu, chaque pas te coûte un déplacement. Dans la vie, chaque action te demande de l’énergie.

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Des fois, tu trouve un petit quelque chose qui te redonne des points de déplacement.

Des fois, tu te fais attaquer par un monstre qui t’en fait perdre.

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Puis parfois tu es bloqué.e au milieu de ta route sans pouvoir terminer ton niveau.

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Les personnes qui n’ont pas de maladie chronique ont des points de déplacement illimités.

Je suis pas mauvais joueur, mais parfois ça donne l’impression qu’iels trichent.

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On a le même jeu mais pas les mêmes règles.

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Les petites aides non médicales

(partage tes idées en commentaire <3 )

La fourchette incurvée, avec une plus grande capacité de stockage qu’une fourchette et une plus petite qu’une cuillère, elle permet de ne plus tout faire tomber a côté quand on mange.

Une assiette creuse ou un bol pour éviter de tout faire tomber.

Un découpe pomme, pour enlever facilement et rapidement le trognon et faire des quartiers sans se couper.

Une baignoire ou une chaise dans la douche permet de sauvegarder de l’énergie et éviter les chutes.

Une lime à ongles électrique permet de limiter les gestes répétitifs qui font bobo.

Un endroit confortable où t’asseoir pour te préparer afin de te préserver et d’éviter les chutes, comme une coiffeuse par exemple.

Un carnet pour ne rien oublier (possiblement déclinable en bullet journal)

Une bouillotte, pour mettre sur les zones douloureuses pour apaiser un peu

La gourde avec paille permet de ne pas porter la bouteille (lourde) et de ne pas renverser l’eau (troubles de la proprioception). J’ai ajouté un mousqueton sur la mienne pour pouvoir l’accrocher à un sac ou a ma ceinture.

Compréhension, amour et bienveillance, car être bien entouré•e enlève déjà un poids de notre quotidien.