Depuis le 22 janvier, la Marguerite est enflammée.
Marguerite Stern, créatrice du mouvement de collage contre les feminicides et largement soutenue par le mouvement Nous Toutes lance le débat sur le « transactivisme » au sein des luttes féministes. La malheureuse se fait harceler par des grands méchants trans (agrou) et demande des arguments concerts pour contrer sa transphobie (qu’elle ne prendra probablement pas la peine de lire, elle a déjà fui en voyant l’illustration…). Soyons des plus concrets, pour cela, définissons quelques termes.
Féminisme : prône l’égalité homme femme.
Genre : ressenti, acquis sociaux, rôle social et tout ce qui va avec.
Sexe : ce qu’il y a entre tes jambes et qui ne regarde que tes partenaires et tes médecins. Il existe d’autres sexes ou caractéristiques sexuelles (hormones notamment) que vagin et pénis, comme par exemple pour les personnes intersexe.
Personne transgenre : personne qui ne se reconnaît pas dans le genre (donc le rôle social) qu’on lui a attribué. Cela n’a rien a voir avec vagin/pénis.
Personne cisgenre : personne qui se sent en accord avec son genre attribué.
En Europe, on attribue le genre (donc le sexisme, la misogynie etc) selon si l’on a un vagin ou un pénis. Les personnes « autres » sont mutilées pour rentrer dans ces deux genre. Certaines personnes avec un vagin sont en réalité des hommes, d’autres avec un pénis sont en réalité des femmes. Cela est question de ressenti et si l’on ne ressent pas cela, ce n’est pas a nous de juger de la légitimité ou non. Il existe également des personnes qui s’en foutent totalement du genre, ou qui ne s’y identifient à aucun des deux. On dit de ces personnes qu’elles sont non binaires. Cela est un fait. Basé sur un ressenti, certes, mais c’est un fait (pour se poser des questions sur ce qu’est une fille, regarde ma dernière BD : https://www.facebook.com/582580575271013/posts/1261235867405477/ )
Hors Marguerite, personne qui n’est visiblement pas concernée par les questionnements d’identité de genre n’est pas très très contente que des personnes n’ayant pas un vagin parfaitement formé puissent combattre les violences patriarcales a ses côtés. Ben oui, pourquoi rallier plusieurs causes pour se faire entendre quand on peut jouer au petit dictateur et cracher a la gueule de ceux qui nous plaisent pas ?
Les femmes transgenre ne subissent pas le sexisme me direz vous ? Je vous réponds qu’elle subissent tout type d’oppression comme une femme cisgenre (sexisme, violences sexuelles, pression sociale, misogynie…) mais doublement, elles subissent ce qu’on appelle la transphobie, c’est a dire le fait qu’on leur fasse remarquer qu’elles ne ressemblent pas assez a une fille, qu’une personne assignée homme ne peut pas « devenir » fille et autres remarques mal placées. Double peine, c’est ce qu’on appelle ici de la transmisogynie. Alors les hommes trans ne subissent pas de sexisme, vu qu’ils « intègrent » la majorité dominante pensez vous ? Un homme trans aura quand même vécu pendant plusieurs années du sexisme, et en subira probablement encore sur des critères basés sur son physique.
Ces personnes subissent donc les oppressions contre lesquelles luttent les féministes a des degrés et sujets différents certes, mais restent toustes victimes de la différence sociale entre homme et femme et du patriarcat.
Stern décrit les femmes trans comme « nouvelle tentative masculine pour empêcher les femmes de s’exprimer ». A celà je réponds que les femmes trans sont des minorités d’une minorité. T’inquiètes pas Marguerite, c’est toujours toi la dominante dans la situation… Les femmes transgenre sont invisibilisées, on ne parle par d’elle, on ne se soucie pas de leurs besoins, on ne leur laisse pas la parole. Ça vous rappelle pas un certain système oppressif ?
Marguerite, toujours sûre d’elle qualifie les femmes transgenre comme de « hommes s’infiltrant dans nos luttes et occupant le devant de la scène ». Marguerite, Marguerite Marguerite… J’ai un peu l’impression qu’elle fait tout pour éviter le vrai problème qui est : les hommes cisgenre, majorité parmi les majorités, rois parmi les rois. On renverse quand leur trône concrètement ?
Bon, on fait vite le tour de ses arguments. « Je suis pour qu’on déconstruise les principes de genre mais le transactivisme ne fait que les renforcer », ah ben oui Stern, ça fait pas du tout un mois que shame des personnes qui ont pas l’air « assez femme » pour toi hein. Peut être que si t’arretais de véhiculer l’idée (sexiste) qu’une femme n’est pas femme si elle ne te ressemble pas assez (traits fins, petite taille, seins apparents au travers du t-shirt…), on avancerait déjà un peu sur la déconstruction des stéréotypes de genre ?
Et puis forcément, vient le point de connerie absolue où elle compare le blackface (les personnes qui se peignent le visage en noir, « imitant » ainsi une minorité oppressée) à la transidenté. « Portez des robes, des talons et des perruques, maquillez vous, si vous voulez. Je n’irai pas crier à l’appropriation culturelle, mais ne venez pas dire que vous êtes des femmes. De la même façon que je n’aurais jamais l’indécence de brunir ma peau en déclarant que je suis noire. » Bon, là je sais même pas par où commencer… Rien ne va, Stern vraiment a bout d’arguments. Donc on récapitule, Marguerite Stern prône une réappropriation du corps des femmes et une déconstruction du genre… Mais pas pour toutes les femmes, faut pas abuser. « Faites ce que vous voulez mais quand même je vous trash la gueule ». Elle crie d’elle même a l’appropriation culturelle en ayant ces propos en public. Hors la femme n’est pas culturelle, elle n’est pas ethnie, elle n’est pas nation, tribu ou origine. La femme est sociale. On compare un ressenti social soit disant choisi à une couleur de peau. Bref, aïe aïe aïe désolé pour toi Marguerite mais c’est du hors piste !
Alors Marguerite (et toutes les mini soldats Marguerite) j’ai une question pour vous. Est ce que des hommes disant a des femmes que leur comportement est oppressif, c’est de la discrimination ou du harcèlement ? Est ce qu’une majorité peut être harcelée par une minorité ? Hé oui, vous voyez où je veux en venir. Les femmes cisgenre, majoritaires dans le féminisme, crient au harcèlement quand une minorité l’ouvre. En clair, elles reproduisent le schéma oppressif qu’elles dénoncent. Stern, celle qui a eu des propos transphobes, qui a attaqué directement l’identité de milliers de personnes s’est retrouvée interviewée et soutenue par bien des journaux, partagée sur tous les réseaux sociaux mais malgré tout c’est elle qui est harcelée.
Ouaip Marguerite, « le mouvement que j’ai créé se retourne contre moi ». Nous ne voulons plus être tes pions, nous ne voulons plus que tu porte la voix de toutes les personnes concernées par le sexisme, les feminicides, la misogynie, le patriarcat… Tes propos ne sont pas un ressenti, c’est de la transphobie. Nos existences n’ont pas à être remises en cause.
Retournons le pouvoir, ejectons Marguerite Stern de son trône en carton. Le féminisme sera intersectionnel ou ne sera pas.
Marguerite Stern est ce que l’on appelle une TERF (trans exclusionary radical feminist : féministe radicale excluant les trans). Sa vision du féminisme piétine tout choix de la femme que ce soit au sujet de la religion, la prostitution ou son identité de genre. Ces choses sont bien entendu fortement marquées par le patriarcat (oui on est en société donc y a un impact du milieu dans lequel on évolue), cela ne veut pas dire qu’ils ne peuvent être choisis en connaissance de cause. Ce n’est qu’aux personnes concernées d’en juger. Je vous invite à partager toute info, article, média, post, dessin prônant le féminisme intersectionnel notamment concernant cette situation, je ferais en sorte de leur donner la visibilité qui leur est du. Sisters, not cisterfs.