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Comment on s’est encore une fois rendu compte que les handis étaient invisibles dans les luttes LGBT

Hier, à la Marche des fiertés de Lille, les cortèges handis et lesbiens ont été laissés à la ramasse. C’est en très petite raison à cause de l’organisation, en très grosse à cause des manifestant.e.s. Et ça montre des vérités sociales dans nos luttes qui sont juste abominables.

Je parlerais principalement du cortège handi car c’est celui dont j’étais réferent.e.s, mais toutes mes pensées vont aux cortèges Lesbien et Anti-capitalistes qui ont grave géré, qui ont été des sucres avec nous et qui vraiment ont été trop chouettes. Merci énormément <3

13h30, la place de la République commence à bien se remplir. Aux alentours de 14h, les prises de parole commencent. Déjà à ce moment là, un groupe se forme, et met de la musique à fond à a peine 50 mètres de nous. Sans masques, bien-sur. Je précise “sans masque” car il faut comprendre deux choses : – On a des obligations à la Préfecture. Si y a des problèmes pendant la manif, c’est sur nous que ça tombe. Hors le port du maque est obligatoire et était un de nos arguments pour avoir droit de faire cette manif. – Il y avait 2 cortèges handis. Pour plusieurs d’entre nous, on a pas pu manifester ou faire de l’associatif pendant plus d’un an, car a risque face au covid. Ne pas porter le masque, c’était risquer de mettre nos vies en danger, littéralement. Et donc c’est du validisme.

Donc, sans grande surprise les valides fêtard.e.s en ont rien à foutre – de notre santé – de nos prises de paroles – de nos responsabilités

Mais bon, on à l’habitude, j’ai envie de dire.

S’en suit le départ de la manif. On appelle les cortèges à se positionner, mais là encore, rien a foutre et tout le monde à foncé. Les cortèges n’ont ni eu la place ni le temps de se former. A savoir que de base, voilà l’ordre de passage prévu : – Banderole unitaire des organisateur·ice·s – Cortège non-mixité racisée – Cortège Handi (Handimouv) – Cortège non-mixte lesbien – Cortège Handi (Handivergence) – Les gens sans cortège – Cortège Anti-capitaliste

Donc j’étais référent·e pour le cortège Handivergence, soit le dernier cortège de tête. On s’est faufilé·e·s tant bien que mal derrière la banderole unitaire au départ, en nous faisant piétiner ou couper la route. On était avec des fauteuils roulants, des cannes, des béquilles, des chiens d’assistance. Je sais pas si vous vous rendez compte du danger que c’est d’être dans un attroupement serré à ce moment là. Pendant toute la manif, on à dû gérer les gens qui passaient entre/devant nos fauteuils etc, les gens qui bousculaient sur les côtés…. Le service d’ordre savait plus où donner de la tête (pareil ils ont assuré à fond, merci les camarades ). Malheureusement, c’est un fait, il n’y avait pas assez de monde au Service d’Ordre pour réussir à nous aider en continu. On a passé notre manif à nous épuiser à demander aux gens de dégager.

Je précise aussi que notre présence était prévue dès le départ, annoncée sur les réseaux sociaux etc, et on était dans l’organisation, sans déconner avec Handivergence on a dû organiser genre le quart voir le tiers de la manif. C’est énorme.

Puis tout du long de la manif, tout le monde nous a doublé sur les côtés. On allait pourtant au rythme de la marche, on était pas à la traine, mais bon les valides sont pressés dans leur vie.

Ce qui devait arriver arrivera. On a débuté en tête de cortège à Répu, on a terminé fin de cortège à Wazemmes. En 2 km, plus de 5 000 personnes nous ont dépassés dans le plus grand des calmes. Est ce que vous vous rendez compte à quel point c’est dangereux de laisser des personnes en situation de handicap JUSTE DEVANT DES FLICS ?? On l’a dit pendant notre discours, mais aux EU en 2020, la moitié des personnes mortes tuées par des flics c’était des personnes handies. C’est vraiment comme ça que vous luttez ? En nous exposant au danger ?

C’est à ce moment là que nos camarades lesbiennes et anti-capitalistes ont assuré, iels se sont mis·es entre les flics et nous pour faire tampon en cas de violences policières et qu’on ai le temps de s’isoler de la manif. Genre une 50 aine de personnes ont pris cette décision de se mettre en danger pour qu’on puisse gérer, parce que les 4 950 autres s’étaient barrés à l’avant prcq y avait de la musique Idem, on devait se positionner assez loin des fanfares et sono pour les personnes hyper-sensibles. Les gens sont venus avec leurs enceintes portatives parce qu’iels songeaient même à notre possible présence et nos besoins. Les fanfares et autres devaient se signaler avec à l’organisation, résultat on s’est retrouvé·e·s avec un Batucada juste derrière, à qui on a dû demander de reculer jsp combien de fois.

On est arrivé·e·s place Casquette, j’ai pris le micro pour dénoncer tout ça. Pour rappeler que Marsha P. Johnson, dont on parle si souvent, était concerné·e par les luttes anti-validistes, et qu’on en parlait jamais.

Sans les femmes trans, racisé·e·s, TDS et handies, on serait pas là aujourd’hui.

Pourtant, ce sont les plus oubliées de nos luttes.

Quand je disais au début de ce post que la situation était très représentative, voilà ce que je voulais dire :

– quand vous vous êtes préparé·e·s à la Marche, quand vous avez participé, vous n’avez probablement même pas songé que des personnes handies pourraient y être. – quand vous étiez en train de nous piétiner, vous ne vous rendiez toujours pas compte qu’on était là.

Parce que vous nous oubliez en permanence, vous ne faites rien pour rendre accessible vos et nos luttes parce que pour vous on existe pas. Nous, en un mois, on a pensé à tout. Parce que c’était pas infaisable de préparer de l’inclusivité. Par contre c’est infaisable de se faire respecter quand on est minoritaires en société. Et en temps que personnes LGBTI+, vous auriez dû vous en rendre compte.

Vous nous laissez toujours derrière. Vous nous oubliez en permanence. Et là c’est plusieurs milliers de personnes qui nous ont oubliés. Qui nous ont laissés derrière. Parce que socialement, c’est toujours comme ça quand on est handis. On existe pour personne.

Beaucoup d’entre vous sont ressorti·e·s de cette Marche très fier·e·s et heureux·es. En temps que co-organisateur·ice je trouve ça super cool. En temps qu’oublié·e des luttes, cette manif m’a épuisé·e et foutu un gros coup au moral.

D’un point de vu personnel, ça va faire bien 5 ans que je lutte activement pour ma propre inclusion (sinon personne ne le fait), et je m’épuise. On a d’aide de vraiment pas grand monde. Et s’en est encore la preuve.

Je sais pas comment finir ce post, si ce n’est qu’en vous disant que svp, pensez un peu à nous. Arrêtez de nous oublier. La prochaine fois que vous allez à un évènement, demandez vous si c’est inclusif, si c’est safe pour les personnes handies. On est vraiment plein plein plein à être concerné·e·s. Pour rappel, une personne sur 5 est en situation de handicap. Ca veut dire qu’hier, on était probablement plus de 1 000 concerné·e·s. Et c’est pas lutter pour les droits LGBTQIA+ que de nous oublier systématiquement.

Encore un grand merci aux camarades de l’organisation qui nous ont grave soutenu·e·s, qui ont essayé de prendre des initiatives. Merci au Service d’Ordre qui a fait un taff incroyable, et encore une fois aux camardes lesbiennes et anti-capitaliste qui ont grave assuré <3

Je suis grave en colère et triste, mais je sais que les mauvaises expérience existent pour qu’on en tire des leçons. Juste, ça fait longtemps qu’on nous oublie, et on se fatigue. Maintenant il faut que vous preniez le relais encore + si vous êtes pas handis

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AAH – Pourquoi il faut #SignezPourNotreAutonomie ?

Vers la nouvelle pétition

Allocation adulte handicapé (AAH) – Pourquoi il faut #SignezPourNotreAutonomie ?

Petit guide par Panda

Quelques infos :

– C’est une allocation mensuelle que perçoivent les personnes en situation de handicap (sous conditions)

– Elle est attribuée aux bénéficiaires de l’allocation enfant handicapé (AEH) à leurs 20 ans. On peut en bénéficier à partir de 18 ans (sous conditions)

– Dans beaucoup de cas, elle est la seule source de revenus

– Elle se situe sous le seuil de pauvreté

L’AAH est de maximum 900€.Quand on vit en étant déclaré.e célibataire, cette allocation se compense selon nos revenus, elle ne se cumule pas.

Cas 1 : je n’ai pas de revenu personnel, donc j’ai droit à l’intégralité de mon AAH.

Cas 2 : J’ai touché 100€ de revenus personnels ce mois ci, 100€ seront donc déduits de mon AAH.

Cas 3 : J’ai touché 900€ de revenus personnels ce mois-ci, on me retire donc mon AAH.

Cependant, si on est déclaré.e en couple, notre allocation est calculé.e sur les revenus de notre conjoint.e.

Cas 1: je n’ai pas de revenu personnel, je touche donc l’AAH et mon/ma conjoint.e a un revenu faible.

Cas 2 : je n’ai pas de revenu personnel, on me retire l’AAH car mon/ma conjoint.e gagne de l’argent

Les problèmes dans tout ça…

– Même en travaillant, la difficulté à subvenir a ses besoins est présente pour les personnes en situation de handicap

– L’AAH se situe sous le seuil de pauvreté français

– L’AAH devient un facteur à prendre en compte pour savoir si on veut/peut habiter avec quelqu’un

– Des couples fraudent pour pouvoir vivre ensemble avec suffisamment d’argent, et peuvent se retrouver a devoir rembourser des milliers d’euros

– La manière dont est calculée l’AAH créé une dépendance au / à la conjoint.e

– Quand un couple se sépare, la CAF (Caisse d’Allocations Familiales) met beaucoup de temps avant de redonner l’AAH… difficile de prendre un nouveau départ sans argent !

– Au sein du couple, la personne en situation de handicap ne peut rien se payer soi-même.

– Les violences conjugales touchent une femme en situation de handicap sur trois, contre une sur cinq chez les valides. On se demande pourquoi… [rhétorique]

Ce qui bouge en ce moment :

Photo 1 : Rassemblements nationaux devant les MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) en février 2020

Photo 2 : Sophie Cluzel, secrétaire d’état des personnes handicapées.

En février 2020, une proposition de loi a été faite pour individualiser l’AAH, c’est à dire la calculer sur les revenus de la personne en situation de handicap uniquement. Récemment, Sophie Cluzel s’est positionnée contre cette proposition de loi.

Concrètement, on fait quoi ?

Une pétition officielle a été lancée sur le site du Sénat. Légalement, le Sénat est obligé de réétudier la proposition si cette pétition atteint plus de 100 000 signatures avant mars !

Si tu es majeur.e, de nationalité française ou en résidence sur le territoire, connecte toi sur le site du Sénat, et ajoute ta signature pour tenter de changer la vie de quelques 12millions de français.e.s (nombre de personnes en situation de handicap).

Que tu sois majeur.e ou mineur, de nationalité française ou non, porte nos voix en partageant cette BD et la pétition avec les #SignezPourNotreAutonomie !

Vers la nouvelle pétition

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A l’encre de nos maux

“Il est des blessures invisibles qui feront toujours partie de nous.”

Attention, mention de : pédocriminalité, viol, mutilation, grossophobie, tentative de suicide, troubles du comportement alimentaire, mort.

“J’ai été un enfant cactus, trop repoussant pour l’amour. Mais cet enfant est partir désormais il est retourné dans sa serre. Mais il n’a pas oublié de me laisser un souvenir ineffaçable, impérissable. En son honneur, pour masquer ce douloureux souvenir, j’ai inscrit sur ma peau un cactus.” – L’enfant Cactus

(Tattoo par Jody Boucard)

“Avec mes troubles du comportement alimentaire, j’ai arrêté de regarder les parties du corps que j’aimais. C’était le cas de ma poitrine, je l’ai donc tatouée, comme piqure de rappel. Ça me permettait de moins prêter attention à mon ventre et mes hanches que je détestais tant.”

– Laure

(Tattoo par Plume de Chat)

“Mon corps c’est mon journal intime. Il y a ces cicatrices que je ne choisi pas, ces marques, ces tâches, puis il y a ces dessins, ceux que je choisis. C’est un journal intime, j’y écrit pour ne jamais oublier jusqu’à la mort” (Tattoo par Carishna)

“J’ai des troubles psychiques qui ont entraîné automutilation et tentatives de suicide. Je suis passée par le tatouage pour embellir ce corps que je n’ai pas choisi. J’y ai trouvé mes limites de douleurs, d’énergie et de consentement.”

– Ivypassenger

(Tattoos par Yam Sree et Freaky Family)

“J’ai toujours eu du mal à accepter mon corps, me sentant plus vivante en tant qu’ame ; il me paraissait lourd et encombrant. Je me suis fait tatouer Ad Astra, qui veut dire « Vers les étoiles », pour me rappeler chaque jour que nous sommes tous nés des étoiles et qu’un jour, nous y retournerons. Ce tatouage m’aide à apprivoiser un peu plus mon corps, qui me permet de découvrir le monde avant de retourner à nos origines.” – Le boudoir d’Ostara

(Tattoo par Atypic Studio)

“J’ai eu des troubles du comportement alimentaire important qui m’ont fait prendre 30kg en deux ans et ont amené de la dysmorphie corporelle. Je ne me reconnais plus quand je me vois, mais j’aime voir ces tatouage gravés sur mon corps qui accompagnent mes nouvelles formes” – Psalem

(Tattoo par Tulipe la machine infernale)

“Je me suis fait ce 2eme tatouage en février 2019, après le décès de ma mère. C’était une femme très dure qui m’a créé beaucoup de TCA. Son décès m’a beaucoup affecté et j’ai pris 30kg en moins de 6 mois. J’avais besoin de l’honorer, car c’était ma mère, mais aussi de me réapproprier mon corps déformé par le deuil, et le traumatisme.”

– Inola

(Tattoo Hector Moren)

“Cette branche de lavande, ça représente comment mon père a failli mourir a cause d’une coupure a cet endroit. Cette expérience m’a traumatisée et je la laisse encrée en moi.” – Clémence

(Tattoo par Pink Death Tattoo)

“Tout ces tatouages recouvrent mes cicatrices, celles de mes 14 ans, entre viol, violences physiques et mentales. Ça les fait s’effacer un peu. Je l’affaiblit, je m’affirme, et tous les symboles importants pour moi prennent place sur les cicatrices qu’IL m’a laissées.”

– Zed

(Tattoos par Othmane Loulidi et Julien Versi)

Merci a ces survivant.e.s du quotidien et a leurs fabuleuxes tatoueurs et tatoueuses.

Merci pour votre confiance.

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P.M.A pour tou·te·s ?

Il y a quelques mois, j’ai rencontré Jena sur les réseaux sociaux, et on a parlé un peu P.M.A (Procréation Médicalement Assistée). A cette époque, une proposition de loi de bioéthique avait était faite. Ce projet de loi visait à ouvrir l’accés à la PMA aux couples de femmes. Belle avancée pour les droits des personnes LGBTI+, et n’étant pas concerné·e par l’envie d’enfanter, je m’en suis personnellement réjoui.

Puis rapidement, je me suis rendu compte que cet accès a la PMA ne visait pas TOUTES les femmes, loin de là, ni toutes les personnes en capacité de porter un enfant. Le chemin pour avoir accès a une PMA pour les personne trans est inaccessible en France. Pourquoi ? Quels sont les “bonnes excuses” de l’état pour exclure une partie de sa population ? Le droit d’enfanter n’est-il pas un droit humain ?

Les réponses à ces questions, nous les connaissons. Cette loi est incomplète et injuste. Pourtant ce soir, le 29 juin, les députés vont se réunir, et voter (on l’espère) en faveur de cette loi. Ce n’est pas une mauvaise loi, et c’est une avancée, mais qui met délibérément de côté certaines personnes. Ne laissez pas passer sans broncher. Aider à donner des droits aux personnes qui n’en n’ont pas.

Indignez vous.

PMA pour tou·te·s ?

Un témoignage de Jena, femme trans oubliée des luttes pro-PMA.

Je m’appelle Jena, je suis une femme trans.

Les personnes trans peuvent vouloir avoir des enfants. La transidentité ne ferme pas cette possibilité. La transition peut au contraire révéler un désir d’enfant qui était impossible auparavant.

Depuis peu d’années seulement, la stérilisation obligatoire des personnes trans est interdite en France.

Avant ma transition je n’étais pas bien, je n’étais pas entière, je n’étais pas MOI.J’ai changé de prénom, de papiers, de numéro de sécurité sociale. Dans la vie, comme devant la loi, je suis une femme. À ce titre, je n’ai pas le droit de faire d’enfants avec ma compagne, parce que la loi actuelle n’autorise pas à deux femmes l’accès à la PMA.

Extrait du Code de la santé publique : “Toute personne dont la prise en charge médicale est susceptible d’altérer la fertilité, (…), peut bénéficier du recueil et de la conservation de ses gamètes (…), en vue de la réalisation ultérieure, à son bénéfice, d’une assistance médicale à la procréation”.

C’est la loi actuelle. Ma transition est bien prise en charge médicalement, avec un traitement qui va altérer ma fertilité.

Pourtant, les personnes trans sont refusées dans la plupart des CECOS* de France, parfois avec violence et dénigrement.

*Centre d’Études et de Conservation des Œufs et du Sperme

J’ai eu de la chance, j’ai trouvé un CECOS à une heure de chez moi, qui m’a reçue avec bienveillance. J’ai été prévenue : “On accepte de conserver vos gamètes, mais vous n’aurez pas le droit de les utiliser en France”.

Nous n’avons même pas le droit de les transférer dans un autre pays.

Pour m’accepter dans le système informatique, elles ont dû me créer deux dossiers : un avec mon identité, pour la prise en charge, et un autre avec mon ancien numéro de sécu, parce que le système informatique est évidemment binaire, et ne comprends pas une conservation de sperme de la part d’une femme.

Pour l’instant, la future loi ne tient pas compte du tout des femmes trans, et voudrait nous obliger à utiliser les gamètes d’un donneur anonyme et pas les nôtres. Et si nous arrivons à faire un enfant, je ne pourrais pas établir de filiation avec.

Les mairies n’acceptent pas d’appliquer aux femmes trans les articles du code civil sur la déclaration de naissance, ni sur la reconnaissance de paternité ou de maternité, faite avant ou après la naissance.

Ce serait mon enfant biologique, et je n’aurais aucun statut légal. Je devrais adopter mon propre enfant. Et je ne vous apprends rien sur la lenteur, l’incertitude, l’homophobie et la transphobie des formalités d’adoption.

La loi actuelle ne reconnaît pas le lien de filiation entre une femme trans et son enfant, et ne protège pas l’enfant en ne garantissant pas qu’il puisse grandir avec ses deux parents.

La transidentité n’est pas héréditaire ! Laissez nous faire des enfants !

Je continue à me battre pour les autres : comme des centaines de couples depuis les promesses trahies de la loi de 2013, notre histoire d’amour n’a pas résisté à l’incertitude du recul perpétuel de l’accès à la PMA. Nous portons toutes et tous le deuil de nos enfants, qui n’ont pas pu naître à cause de l’homophobie et la transphobie de l’État.

Nous rêvons d’une loi de Bioéthique qui respectera le consentement des enfants intersexes, qui n’exclura plus les personnes trans, qui aura le même régime de filiation pour tous les couples. Nous rêvons d’une loi pour toutes et tous, pas des régimes différents pour des catégories arbitraires. Une loi dont nous serions fières, une loi qui protège nos familles.

Nos enfants vous remercieront, c’est promis.

Je tiens a remercier Jena pour son témoignage émouvant et enrageant. Je la remercie pour son courage immense face a cette situation.

Je conclurai ce nouveau zine en précisant que la PMA actuelle (tout comme le projet de loi) n’inclue pas non plus les hommes trans. Si un homme transgenre a fait sont changement d’état civil, il lui sera impossible également de conserver ses ovocytes et de faire valoir un droit de paternité sur son enfant. Cela ne touche pas une minime partie de la population française, mais bien plusieurs milliers de personnes.

Je suis heureuxe de finir le mois des fiertés 2020 avec ce zine, qui me semblait important à vous faire lire. J’espère que vous y aurez appris des choses. Bonne fin de mois des fiertés, bonnes luttes.

Queerement,

Panda et Jena

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Le passing

Nouveau mini web zine qui fait un peu écho au précédent “petit guide trans” pour continuer ce mois des fiertés ! On rappelle donc qu’il n’y a aucune obligation de passing, notamment quand tu es transgenre, et que c’est difficile de subir le mégenrage et autres violences quotidiennes liées à ça, mais c’est en aucun cas à toi de changer pour correspondre à une société transphobe et sexiste <3

Le passing correspond à comment on est perçu·e en société. On nous a appris à juger l’apparence d’une personne pour savoir comment d’adresser à elle.

Le problème, c’est que c’est basé sur des critères sexistes.

Certaines choses ont évolué dans le temps, d’autres non : un homme qui se maquille, c’est la fin du monde, une femme qui porte un pantalon ça passe tranquille.

En plus de ça, au niveau des personnes trans ça pose un gros souci. Par exemple, ça induit qu’une femme trans doit nécessairement être très féminine , sinon on ne la consière pas comme une “vraie trans”. De ce fait, les personnes non-binaire ont l’obligation d’avoir un passing neutre pour que leur identité soit respectée.

Cette norme apporte beaucoup de problèmes :

  • une personne trans subira énormément de pression pour avoir un passing correspondant à son genre allant jusqu’à vouloir changer son corps (cheveux vêtements, hormones) pour rentrer dans ces critères au lieu de le faire uniquement pour soi.
  • un homme qui se maquille brouillera cette norme
  • ça renforce les stéréotypes de genre (et sexistes, du coup)
  • simplement, ça empêche les gens d’avoir le physique/style qu’iels voudraient
  • Les personnes non-binaire n’existent simplement pas selon cette norme

En clair, la notion de passing fait plus de mal que de bien.

Smash the passing*

  • n’ai pas d’attentes envers les personnes trans
  • habitue toi à l’idée que tout le monde peut se maquiller, porter des jupes, avoir des poils, se teindre les cheveux, se raser le crâne..
  • défends les personnes qui se font emmerder pour ça
  • demande directement aux personnes à qui tu parles quels sont ses pronoms.

*Détruit le passing

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Le petit guide trans pour cis

Salut toi ! Ca fait un moment qu’on s’est pas retrouvés avec une nouvelle BD ! J’espère que ton (dé)confinement se passe bien 🙂 En ce moment, c’est le pride month. On m’a demandé a plusieurs reprises des informations sur la transidentité, ce que c’est, comment réagir face à une personne trans… Et bien voilà, c’est chose faite. Je te laisse donc avec ce petit guide, qui sera disponible d’ici quelques jours en format papier sur ma boutique en ligne et lors du festival de queerantaine pour que tu puisse le donner a tes proches, profs, assos, bref à qui tu veux ! Tu peux le précommander par mail, comme d’habitude à prix libre 🙂 Si je n’ai pas encore répondu à l’une de tes questions sur la transidentité, n’hésite pas à la poser en commentaire, j’y répondrais du mieux possible ! Bonne lecture !

Le petit guide trans pour cis

Tout le monde a déjà entendu parler des personnes transgenre, mais qui sait vraiment ce que c’est ?

Quand tu né, on t’assigne un genre selon ton sexe. Le genre est une construction sociale, alors que le sexe ce sont tes organes génitaux. Le sachiez-tu ? certaines personnes ont des caractéristiques sexuelles qu’on ne peut pas définir. On appelle ces personnes des personnes intersexe. C’est un phénomène naturel fréquent (on estime qu’environ 4 % de la population mondiale est concernée !). Ces personnes subissent souvent des traitements et opérations (parfois en étant très jeunes, souvent entre la naissance et la puberté) pour avoir des caractéristiques correspondant aux critères homme/femme.

Parfois tôt dans leur vie, parfois tard, certaines personnes se rendent compte que le genre qu’on leur a donné ne leur correspond pas. “heu … s’cusez mais c’est pas vraiment ce que j’avais demandé…” Le déclic peut arriver à tout âge et vu que c’est un ressenti, il n’y a que ces personnes qui peuvent savoir. On appelle ces personnes des personnes transgenre, pas travesti ni transsexuel sauf si la personne dont tu parle se définit comme ça. Pour les personnes en accord avec leur genre assigné, on parle de personnes cisgenre.

Certaines personnes se sentent femme, d’autres homme, d’autre encore peuvent se sentir les deux ou rien du tout. Ce n’est pas un choix. On parle de genre binaire pour les hommes et les femmes, et de genre non binaire pour tout ce qu’il y a entre les deux genres binaires et tout ce qu’il y a à part. Non, on ne se sent pas chèvre ou hélicoptère de combat, qui, a priori, ne sont pas des rôles sociaux.

Ces personnes peuvent faire le choix de transitionner ou pas vers leur identité de genre. Il existe plusieurs types de transitions. La transition sociale : par exemple changer son prénom, ses pronoms et accords. La transition médicale : par exemple une prise d’hormones ou opérations chirurgicales. Ça peut aussi être changer de coupe de cheveux, acheter de nouveaux (sous) vêtements, commencer ou arrêter de se maquiller et bien d’autres choses ! Chaque personne a un parcours différent, ça ne regarde qu’elle ! Poser une question sur le sexe qu’à une personne est par exemple inapproprié.

Quand on parle d’une personne transgenre, on utilise son genre actuel. “On m’a assigné un genre qui ne m’a pas convenu. Je suis actuellement une femme. Une femme transgenre.” Le terme transgenre veut juste dire que son genre a changé en cours de route.

L’orientation sexuelle ou romantique n’a pas de lien avec notre transition. Un homme trans qui aime les hommes est homosexuel, pas hétérosexuel. Une femme trans qui aime les hommes n’est pas “un homo refoulé” mais une femme hétérosexuelle.

Les personnes transgenre sont une minorité. Elles sont en plus petit nombre par rapport aux personnes cisgenre, on ne les représente pas ou mal et on en entend peu parler.

Dans beaucoup de pays, leur existence est illégale : le 15 mai 2020, la Hongrie interdit le changement d’état civil; en 2019, instauration des zones “sans idéologie LGBT” en Pologne; 24 avril 2020, le premier pilote d’avion transgenre en Inde est interdit de vol pendant 6 mois en raison de sa dysphorie de genre ; mars 2020, l’Idaho vote une loi interdisant aux femmes trans de participer aux événements sportifs. En France, la situation est certes un peu mieux, mais les personnes transgenre n’ont toujours pas accès a des droits fondamentaux et sont toujours discriminées : les thérapies de reconversion toujours légales, PMA refusée aux personnes transgenre, censure de contenu sur les réseaux sociaux par la loi Avia, en 2018 139 personnes trans ont été tuées en Europe, Entre 2016 et 2017, augmentation de 53% des agressions. Il est donc important de lutte pour nos droits lors de manifestations ou jours de célébration notamment : juin, mois des fiertés, marches des fiertés partout dans le monde, 20 novembre, journée du souvenir trans, 31 mars, journée de visibilité trans, octobre, Existransinter.

Comment aider ?

Être inclusif : un “bonjour” remplace très bien un “madame, monsieur”, toutes les personnes ayant leurs règles ne sont pas des femmes, toutes les femmes n’ont pas leurs règles.

Écoute nous : nos besoins, luttes et revendications ne sont pas là pour le plaisir.

Ne soit pas intrusif : notre sexe, sexualité et projets médicaux ne regardent que nous.

Laisse nous le temps et le droit à l’erreur : on se cherche, on se trompe, on essaie, on recommence, c’est pas grave !

Soit tolérant : un homme trans n’est pas obligé d’avoir une apparence masculine, être trans n’est pas “perdre son enfant”, il n’y a pas d’obligation d’opérations chirurgicales pour être “un vrai trans”…

Pour ne pas se tromper sur notre genre : tu peux demander le genre / pronom de la personne à qui tu t’adresse. Fais attention à la manière dont cette personne se genre à l’écrit comme à l’oral, tu y trouveras des indices !

Renseigne toi le plus possible : Lis, va a des conférences, regarde des vidéos… Sens toi concerné·e !

Avoir une personne trans dans son entourage demande parfois un temps d’adaptation. C’est normal ! Prouve que tu es de bonne foi. Accepte les critiques et excuse toi si tu fais une erreur. N’oublie pas qu’il est question de notre bien être.

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La convergence des luttes (pour les nul·le·s)

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La convergence des luttes (pour les nul·le·s)

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Convergence des luttes : démarche politique visant à faire tendre vers un seul et même point des luttes différentes mais proches.

Intersectionnalité : Terme venant de l’afroféminisme pour désigner les personnes subissant le racisme et le sexisme.

Les personnes non racisées (qui ne subissent pas le racisme) se sont approprié ce terme, le mieux est de le laisser aux personnes concernées.

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Socialement, certaines personnes sont privilégiées car leur position dans la socièté est plus simple comparée à d’autres.

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Ces personnes, souvent sans s’en rendre compte, ont intégré leur position et continuent à perpétrer ça. Du coup c’est toujours les mêmes qui sont tranquille

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Avoir une position sociale supérieure à celle de quelqu’un d’autre, ça nous amène à une dominance. Et cette dominance amène l’idée qu’une catégorie prône sur l’autre, donc oppresse. Les oppressions inversées n’existent pas.

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Concrètement, ça donne :

Les hommes supérieurs aux femmes, les hétérosexuels par rapport aux homosexuels / bisexuels / pansexuels, les blanc·he·s aux racisé·e·s, les riches aux pauvres, les valides aux personnes en situation de handicap, les personnes cisgenre aux personnes transgenre… (il y a encore plein d’exemples !). Si tu ne t’es jamais demandé si tu es privilégié·e, c’est probablement que tu l’es !

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Ca peut être dû à une supériorité numérique : une personne sur cinq est en situation de handicap en France, ou une norme sociale perpétrée. “La femme et ses entrailles sont la propriété de l’homme” Le code Napoléon en 1804

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Quand une personne est transgenre et en situation de handicap, elle subit le validisme et la transphobie, soit deux oppressions différentes.

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Ayant une minorité de personnes transgenre dans le milieu médical et inversement, il est difficile de retrouver des personnes qui nous ressemblent ou nous acceptent.

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En clair, on devient une minorité d’une minorité.

On subit du validisme, de la transphobie ainsi que la solitude et le manque de représentations.

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Il est donc important d’avoir des endroits et des gens qui nous ressemblent pour :

– faire une pause

– pouvoir être nous même

– échanger, trouver des solutions, s’aider et se soutenir

– (se) montrer qu’on existe

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Nous devons avoir ces endroits non pas parce qu’on veut s’exclure, mais par besoin de faire une pause dans une société violente qui ne nous prend pas en compte.

Cette BD vous a été donnée en libre lecture bénévolement après 2 jours de travail, de l’énergie et du matériel dépensé. Pour soutenir l’auteur·ice, n’hésite pas à lui faire un petit don sur paypal.me/lesgaleresdunpanda ou fais un tour dans la rubrique “Boutique” ! <3

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Zine de la Queerantaine

Sur une initiative de Panda, plusieurs queer confiné.e.s se sont réuni.e.s pour vous concocter un tout premier zine spécial confiné de 45 pages ! De quoi nous et vous occuper 🙂 Retrouve 8 artistes qui vont partager avec toi des petits bouts d’elleux depuis leur appart’. Plusieurs sujets sensibles sont abordés dans ce zine, mais ne t’en fais pas, un petit trigger warning (TW) sera déposé juste avant. Ce zine n’est pas voué à être disponible en version papier pour le moment, mais si ça t’intéresse que ça le soit, hésite pas à déposer un petit commentaire pour nous le signaler !

Bonne lecture et bon confinement. Prends soin de toi et de tes proches, reste chez toi.

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La théorie des cuillères (version jeu vidéo)

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La vie de malade chronique, c’est un peu comme un jeu vidéo où t’as un nombre limité de déplacements pour finir ton niveau. Il faut au moins 2 autres déplacements pour finir ce niveau !

On appelle ça “la théorie des cuillères”

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Dans le jeu, chaque pas te coûte un déplacement. Dans la vie, chaque action te demande de l’énergie.

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Des fois, tu trouve un petit quelque chose qui te redonne des points de déplacement.

Des fois, tu te fais attaquer par un monstre qui t’en fait perdre.

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Puis parfois tu es bloqué.e au milieu de ta route sans pouvoir terminer ton niveau.

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Les personnes qui n’ont pas de maladie chronique ont des points de déplacement illimités.

Je suis pas mauvais joueur, mais parfois ça donne l’impression qu’iels trichent.

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On a le même jeu mais pas les mêmes règles.

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Les petites aides non médicales

(partage tes idées en commentaire <3 )

La fourchette incurvée, avec une plus grande capacité de stockage qu’une fourchette et une plus petite qu’une cuillère, elle permet de ne plus tout faire tomber a côté quand on mange.

Une assiette creuse ou un bol pour éviter de tout faire tomber.

Un découpe pomme, pour enlever facilement et rapidement le trognon et faire des quartiers sans se couper.

Une baignoire ou une chaise dans la douche permet de sauvegarder de l’énergie et éviter les chutes.

Une lime à ongles électrique permet de limiter les gestes répétitifs qui font bobo.

Un endroit confortable où t’asseoir pour te préparer afin de te préserver et d’éviter les chutes, comme une coiffeuse par exemple.

Un carnet pour ne rien oublier (possiblement déclinable en bullet journal)

Une bouillotte, pour mettre sur les zones douloureuses pour apaiser un peu

La gourde avec paille permet de ne pas porter la bouteille (lourde) et de ne pas renverser l’eau (troubles de la proprioception). J’ai ajouté un mousqueton sur la mienne pour pouvoir l’accrocher à un sac ou a ma ceinture.

Compréhension, amour et bienveillance, car être bien entouré•e enlève déjà un poids de notre quotidien.