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Triques et clits – Zine collaboratif

Liste des Trigger Warning

La première nuit dans ton nouveau lit : non consentement consensuel

Je reviendrais te hanter : deuil

T’engloutir : mort, vore, gore

Cuculidae : mort, sacrifice

Edito

Ca fait maintenant 3 ans que j’ai ce projet en tête : celui de travailler ensemble sur un receuil de contes qui mette en avant des créatures diverses et variées, dans des contextes parfois un peu horrifiques, le tout pour parler de nos sexualités, nos fantasmes. Mêler peur et plaisir, deux concepts si éloignés, mais à la fois si proches l’un de l’autre. 9 personnes ont répondu à cet appel, et partagentmaintenant avec vous, lecteur.ice.s, leurs fantasmes les plus étranges. Il nous tenait à coeur, communément, de rédiger des histoires les plus inclusives possibles, parce que même même si le patriarcat cis-hetero-blanc-valide c’est un peu flippant, on en veut pas ici !

Frisson, frissons

Par Med’H

C’était un soir d’hiver. Une pluie fine s’épandait le long des vieux bâtiments du ghetto institutionnel où je vivais depuis mes douze ans. Aujourd’hui, j’ai trente-deux ans. Comme d’habitude, j’étais nu-e sous ma couette, attendant les bras de Morphée.

Mais revenant quelques mois plus tôt, c’était l’été. Vers une heure trente-six, un murmure se fit entendre à quelques mètres de mon lit. J’allume la lumière. Rien. J’éteins. À deux heures, la télé s’allume.

Mon cœur s’emballe. J’essaie de rationaliser. La télé change de chaîne. Je suis pétrifié-e, je sue abondamment. J’appelle le veilleur de nuit. Arrivé et voyant la télé allumée, il m’engueule, l’éteint, puis repart. Mon lit est inondé de sueur. Le frottement de mes cuisses me donne la chair de poule. J’essaie de nier qu’il y a quelqu’un-e ou quelque chose ici, près de moi. Je respire profondément. Je ferme les yeux pour m’endormir.

Je me réveille en sursaut : la télé est allumée. Des larmes coulent sur mon visage. Je prends mon téléphone pour appeler ma mère. Sur l’écran, ce message :

« N’aie pas peur, je ne te veux aucun mal. »

À ces mots, j’éclate en sanglots et me crispe. L’estomac noué, je reprends mon téléphone échappé de mes mains. Tremblotant-e, j’efface le message et écris :

« T’es qui ? »

Une seconde après, mon message s’efface. Sous mes yeux, des lettres apparaissent toutes seules :

« Je m’appelle Massiva. Je suis arrivé ici en deux-mille-un et je ne suis plus jamais parti. Un soir, un aide-soignant a oublié de me mettre le bouton de sonnette dans ma main. J’ai essayé de l’attraper, mais je me suis emmêlé dans le drap. J’ai haleté deux heures. Le matin, on m’a retrouvé sans vie. Depuis, j’erre dans ce bâtiment. »

Je réponds que je suis confus-e. Mes muscles, crispés trop longtemps, me font mal. Du fait de ma spasticité, je suis fatigué-e. Demain les aide-soignant-es vont me réveiller à sept heures trente. J’ai besoin de dormir.

Emporté-e par la fatigue et l’épuisement musculaire, je m’endors.

Le lendemain, j’ai cru que c’était un cauchemar. J’en ai parlé à personne. Ma journée s’est déroulée dans la monotonie habituelle. Le soir venu, dans ma chambre, l’ennui me prend. Je tente de vérifier si j’avais rêvé. J’ouvre une fenêtre de message et j’écris :

« Massiva, t’es là ? »

Dès le point d’interrogation, mon message s’efface. Des gouttes de sueur glissent dans mon dos. Sur l’écran, des lettres apparaissent une à une :

« Salut toi, j’avais hâte que tu reviennes. »

Un frisson me traverse. Mon cœur s’accélère. Je n’avais plus peur, mais une excitation me prit. Je lui demande pourquoi maintenant, pourquoi moi.

Massiva répond qu’il est décédé dans cette chambre et ne peut plus en sortir. 

« Je t’ai rencontré-e à ton arrivée, on a grandi ensemble. Mais j’avais peur, de te contacter, de ton rejet.»

C’est vrai que j’ai eu peur la veille. Mais ce soir, Massiva m’attendrit, comme une personne croisée le long de ma vie sans pouvoir lui parler. Toutefois, un détail me fait tiquer :

« Tu dis qu’on a grandi ensemble, mais on ne grandit pas après la mort, si ? »

Massiva éclate de rire et me répond, comme une évidence connue de toustes : bien sûr que si, on grandit dans l’au-delà.

Donc, d’après lui, on a le même âge, les mêmes références. Après cette soirée, chaque soir, on discutait.

C’était mon confident, j’avais de l’affection pour lui, et lui pour moi.

Ce soir d’hiver, disais-je, nous discutâmes de tout et de rien. Vers vingt-deux heures, une question jamais pensée me vint :

« Massiva, tu as jamais eu envie de m’embrasser ? »

Mon portable s’allume : un « si » s’affiche.

« Si tu veux, on peut essayer, lui dis-je.

— Oui, je veux bien, mais je dois me transférer de mon fauteuil sur ton lit, O.K ?

— Oui bien sûr. » (Une fraîcheur se fait sentir entre mon ventre et mon bras gauche.)

« Je suis à quinze centimètres de ta bouche. » (La fraîcheur se rapproche de mon visage.)

« Dix centimètres. » (Je sens la fraîcheur près de mon nez.)

« Cinq centimètres. » (Mon bout de nez refroidit légèrement.)

« Mes lèvres frôlent les tiennes. » (Une sensation comme une crème glacée effleure mes lèvres.)

— Oui je sens tes lèvres, j’aime bien. (C’était la première fois que je partageais mon lit avec quelqu’un.)

Si tu veux, tu peux dormir avec moi ce soir.

— Je veux bien. Je peux te caresser les seins ? (Ces mots m’ont fait bander.)

— Oui, déshabille-toi aussi si tu veux. (La fraîcheur s’éloigne, revient le long de mon corps, puis mon sein s’enveloppe d’une buée.)

— Tu veux que je te suce et que je te pénètre avec un doigt ?

— Grave ! J’ai trop envie de toi !

— Moi aussi ! (Je sentis un air frais autour de mon bassin et plus intensément le long de mon pénis, qui maintenant était tout dur, à la verticale, et dans mon anus, je sentis deux doigts glacés faire des va-et-vient.)

— Je veux sentir ta bite en moi. (À mes mots, je me retourne et soulève légèrement mes fesses, je sens le pénis de Massiva se durcir près de moi puis me pénètre.)

Ce fut une nuit formidable, notre première fois à toustes les deux, et ce ne fut pas notre dernière ensemble.

La première nuit dans ton nouveau lit

Par Tom

Ce texte contient des sujets pouvant être sensibles. Pour savoir de quoi il est question, rendez-vous dans la section « liste des trigger warning » en haut de page.

On ne sait jamais ce que l’on peut trouver dans un vide grenier, mais cette fois tu as fait fort on dirait.Probablement la plus grosse pièce que tu aies jamais trouvé. Un antique lit à baldaquin qui aurait appartenu à un vieil excentrique un peu fou. C’est une horreur à démonter, transporter et remonter, certaines parties des boiseries ayant des formes complexes de branches et feuilles qui se prennent et sebloquent constamment entre elles. Mais le résultat final est un régal pour les yeux, la tête et le pied de lits sont des buissons sculptés dans un bois sombre, laissant branches et feuillages en ressortir. La couverture est d’origine, surprenamment bien conservée, elle est d’un vert sombre avec de discretsmotifs en fil d’or. Quatre troncs blanc de boulot entourent le lit et amènent a un feuillage éparse, sculpté lui aussi en plusieurs grandes arabesque créant une canopée protectrice. La seule chose que tu as rajouté ce sont deux grands rideaux accrochés comme tu l’as pu sur les côtés et permettant une plus grande intimité.

Content de toi, le soleil descendant sur l’horizon, tu te glisses dans les nouveaux draps avec ton livre du moment. La lampe de chevet accrochée à ta tête de lit est dans le bon angle et tu t’engouffre dans ta lecture, ne remarquant pas que la frondaison de l’arbre s’agrandit, refermant peu à peu ta vue sur le monde extérieur. Au moment d’éteindre, tu te poses bien la question de pourquoi tu voulais tant mettre ses rideaux, le lit cache bien assez par lui même le reste de la pièce. Tu fermes les yeux et tente de t’endormir peu à peu. 

C’est alors que des caresses se font sentir sur ton corps, à peine perceptible. Une sensation tendre,comme une douce brise entre les arbres, mais qui semble traverser couette, pyjama et autres tissus sur le passage. Elles parcourent ton corps, le rendant peu à peu plus sensible.

Les caresses s’intensifient, passant de ce que tu méprends comme une brise à de vrai contact de mains, certes tendres, mais bien réelles. C’est au moment de vouloir t’en dépêtrer que tu te rends compte que l’on te bloque. Emprisonné par des dizaines de mains que tu ne vois pas qui parcourent tes courbes a la recherche de sensations. Tu te débats mais les mains se font plus strictes. Tu veux crier, appeler à l’aide mais elles te musellent la bouche. Tu voudrai chercher de l’aide mais tes pensées avancent au ralenti, entraîné par les frissons de plaisir causés par toutes ses caresses. les va et vient entre tes jambes érodent, vague après vague ton envie de fuir, le remplaçant peu à peu par celui de jouir.

Maintenant les mains te manipulent avec force, écartant tes jambes, étendant tes bras que tu avais su garder contre ton torse jusqu’à maintenant, les envoyant loin au-dessus de ta tête, tu sens les branches du lit s’enlacer autour de tes poignets et de tes chevilles. Tu gémis, de toutes ses sensations qui vont et viennent en toi. Tu sens monter une chaleur intérieure. Les mains le sentent aussi et cherchent à l’atteindre. Elles t’ouvrent la bouche, forçant l’entrée, elles te fouillent, te remplissent jusqu’à ce que les larmes te viennent.

Tu les sens te prendre, t’utiliser pour fabriquer du plaisir, qu’elles viennent prendre sur toi. Tes sensations sont exacerbées. Tes pensées sont dispersées dans l’orage d’émotion qui te traverse, les éclairs brillants, tes cris traversent la nuée de mains dans ta gorge. Des spasmes prennent ta chair au dépourvu. Libérés d’une quelconque intention tes muscles s’agitent sans cohérence. Encore tu ressens, encore tu vis l’instant. 

Ta bouche est libérée, tu respires de nouveau plus normalement, épuisée. ton souffle fait partir doucement la tension accumulée dans tes membres en même temps que tu sens glisser sur toi les dernière mains, en même temps que tu sens les branches du lit desserrer leur étreinte. le lit reprend une forme réelle, ne laissant comme preuve de cet évènement que toi, hagard.

Tu hésites à fuir ce lit dans l’instant, mais il semble lui aussi chercher le repos maintenant. Tu commences à décrypter peu à peu les sensations qui te sont venues et tu découvre, surprise, qu’aucune ne fut déplaisante. le sommeil semble te reprendre doucement et pendant que tu te dis qu’il serait peut être intéressant de trouver d’autres de ses étranges meubles, ta conscience s’évapore dans des rêves perturbants. Et plaisant. 

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Par Max / @weirdocraft (instagram)

Traversée par le vent d’automne, la foret frémis. Déjà ensommeillées, les branches étirent leur extrémités vers la rencontre. La lumière orangée baigne le bois d’une aura insaisissable.

Ici, à la frontière des saisons, dans les tourbillons de poussière de feuilles mortes, réside une hésitation, entre urgence débordante et étrange tranquillité. Une magie inquiétante qui s’infiltre dans chaque aspérité.

Des pas troublent la cadence, interrompant la symphonie d’un crissement de bottes empressées sur la litière. Le craquement est suivit d’un silencieux virevoltement de jupes mousseuses, qui s’accrochent à chaque ronces, avertissements ignorés de ne pas s’aventurer, si tard dans la saison, si profond dans la forêt. Un désir aussi de garder l’indésirable pour elles, de voler sa douce chaleur.

Rapidement, le bruissement du vent dans la végétation est éclipsé par le clapotis de l’eau.

Fougères et arbres se font clairsemés. Les ronces desserrent lentement leur griffes,

abandonnant les jupes à leur sort.

Enfin, une clairière s’ouvre sur le lit d’une rivière. Invisible jusqu’alors, elle sort de terre sur quelques mètres avant d’être avalée de nouveau par les pierres derriere un rideau de lianes impénétrables.

L’air dans la clairière est humide et fragrant. Humus, champignons, terre et vase; Vie et mort entrelacées, et puis un souffle sulfureux qui tache l’air et s’accroche aux poumons, vertige puissant et entêtant quicapture tout les sens. Les bottes abandonnées sur un carré d’herbes rases jettent une ombre élancée sur les jupons froissés, laissés là en pile.

Les galets polis de la berge roulent et s’entrechoquent sous le poids changeant des pas qui entrent dans l’eau. Leur surface lisse embrasse la paume rêche qui les enjambe, goûtant chaque appui éphémère.

Tout ici est surpris de la soudaine présence humaine, de sentir la chair, d’apercevoir la peau.

Il fait trop sombre pour un bain, trop froid pour la nage, et le silence est trop lourd pour un pari perdu. Partout autour de la clairière on détourne le regard : les curieux s’empressent de jeter un œil intrigué vers la rivière, les autres baissent les yeux, pudeur, inquiétude ou dégoût.

La vase s’écarte et se resserre autour de chevilles agiles jusqu’à ce que les pas mènent à une marche naturelle vers le centre de la rivière. L’eau est soudain plus profonde, lapant des mollets aux genoux, suscitant un cri de surprise et un rire qui choque l’auditoire captif. La rivière s’enroule autour des articulations et lèche les cuisses qui fourmillent et se tendent. Le bout des doigts brisent la surface de l’eau, et le torrent vient mordre les phalanges et boire la chaleur des extrémités. Un brin d’algue glisse entre les doigts humides, s’enroule et se déroule au grès du courant, provoquant un frisson le long des bras, avant de poursuivre son chemin en aval.

Séduit, le vent attrape doucement des mèches de cheveux pour découvrir les épaules, et le soleil, filtrant à travers la canopée, vient poser des baisers chauds sur la peau révélée. Un murmure exalté s’élève vers le ciel, mais son ascension est écourtée par le cri sinistre d’une pie et le sursaut qui le suit.

La rivière comprime jalousement son flot autour des jambes, pousse tout le poids du courant dans lecreux du genou, qu’elle fait fléchir. Une plainte et de grandes éclaboussures éclatent, alors que lasilhouette est brusquement submergée jusqu’aux épaules dans le bassin glacial. Froid sur chaud, mouillé sur transpirant, le corps s’agite, bat des bras et des jambes en rattrapant son souffle, puis se laisse aller àflotter et rit encore. Les observateurs hululent de soulagement.

Des mains graciles fouillent le centre du court d’eau et trouvent appui et accroche entre les rochers solides des profondeurs. Le liquide frais coule le long du dos et caresse délicatement le cou; il enveloppe tout entier l’être et soupir, au creux de son oreille, un envoûtement. Le rire vient encore, et ungémissement avec lui, qui résonne obscènement dans la clairière.

Les lèvres trempent dans l’eau, elles répètent le sors et s’entrouvrent pour goûter la rivière, acre sur lalangue. Le ventre, chatouillé par les eaux ondulante, frissonne et se crampe.

Le murmur du torrent se mêle au bourdonnement des insectes et aux bruissements d’ailes invisibles. Tout s’agite et tourbillonne; dessus, dessous. Le ciel se voile et soudain, la digue cède: la tête plonge et plonge sous l’eau.

Toute entière prise par la rivière, la forme humaine coule et disparaît, ses cris étouffés par le courant.

Je reviendrais te hanter

Par Zeph

Ce texte contient des sujets pouvant être sensibles. Pour savoir de quoi il est question, rendez-vous dans la section « liste des trigger warning » en haut de page.

Pour la première fois depuis six mois, Amir s’est endormi sans pleurer, ou presque, et rapidement.

L’habitude et l’épuisement de la journée ? Je ne sais pas ce qu’il fait dehors, pendant que je l’attends.

Quand il rentre, ses gestes sont mécaniques, réduits à l’essentiel, puis il s’effondre dans le lit, et ses yeux se remplissent de larmes en fixant le plafond.

Je voudrais tellement pouvoir le réconforter.

Ce soir, je me rapproche, le matelas ne s’enfonce plus sous mon poids, et rien de ce que je fais le réveille.

J’ai si faim de sa chaleur, de son rire, de sa vie, et moi je ne peux même pas pleurer. Sa respiration change vers celle du sommeil, ses longs cils lui effleurent les joues. Las, je m’allonge derrière lui,véritable fournaise contre mon néant glacé. Mon nez disparaît dans sa nuque, sous ses boucles poivre et sel, mes bras l’enlacent, mon ventre épouse son dos, et mon bassin ses fesses. Un léger rire m’échappe, de l’avantage d’être mort : mon bras traverse le matelas et n’a plus besoin de circulation sanguine.

J’enveloppe mon amour, comme si je pouvais étendre plus mon être pour le serrer toujours plus fort, plus entier. Je voudrais pleurer avec lui ce que nous avons perdu.

Amir remue dans son sommeil, tressaute. Même mal réveillé, sa voix ne perd ni sa douceur ni sa tessiture de mue :

« Amour ? »

Mon âme s’agite, puis s’affole quand il vient poser sa main à travers la mienne. Agité d’un frisson de froid, il s’éloigne à peine de moi.

« Oui, je suis là. »

Quand Amir se retourne vers moi et que son regard s’agrippe au mien, je flanche. Je le connais par cœur, je l’ai scruté tous les jours depuis six mois, mais ses yeux me happent toujours autant, deux foyers de tendresse entourés des rides de nos rires. La lumière de la lune argente leur teinte de miel. À travers les larmes, il m’embrasse, nos lèvres se touchent et se traversent, sa chaleur en moi, autour de moi, sa langue dans la mienne, ses mains me brûlent sur leur passage. Tellement vivant.

Il grelotte mais ça ne l’empêche pas de venir se coller à moi, en moi, il dépose des baisers-braises surmes joues, et je lui rends des glaçons dans le cou ; les frissons se transforment en frémissements, ses muscles se tendent. Je le connais tellement. Où se glisser, où embrasser, où griffer, pour qu’il se tortille, qu’il supplie pour obtenir plus, et je sais que d’une caresse sur la jambe, il écartera les cuisses avec avidité. J’explore son torse par touches légères, je découvre nos nouvelles réactions, ses soupirs me guident.

Du bout du doigt, j’effleure son cœur, pointe de glace contre brasier. Les yeux d’Amir roulent dans leurs orbites, ses battements ralentissent, mais il parvient à murmurer deux oui haletés, un encore. Un deuxième doigt le fait gémir, ses mains se crispent sur les draps, son dos s’arc-boute, sa bouche cherche l’air. Il veut approfondir le contact, son corps réclame plus encore. Je le laisse sur la frontière quelques secondes, puis me retire en douceur. Il s’effondre, pantelant. Ses mâchoires s’agitent, quémandent que je revienne. À son oreille, j’ordonne :

« Suis ma main. »

Et il obéit, alors que je descends la mienne sur son chemin du plaisir. Je suis le vent dans ses poils si doux, sur le ventre d’abord, puis sur son pubis. La sienne me suit de près, comme un feu de forêt. Je ralentis, il pousse un râle, remonte le bassin. Ma main se glisse entre ses cuisses, et la familiarité du geste souligne toute l’étrangeté de la situation. Il ne m’attrape pas, il ne m’embrasse pas. Mais son souffle me tisonne la nuque. Sans pouvoir l’agripper, les sensations de son corps m’entourent, sa queue gonflée, ses lèvres dépliées, sombres et trempées. Je brûle alors que mes doigts le pénètrent, et que les siens me rejoignent. Je m’abandonne à l’incendie. On gémit à l’unisson. De l’autre main, je glace sa gorge, j’y coince ses cris,

son visage se crispe dans un hurlement muet. Tout son corps spasme alors qu’il se branle de plus belle. Je voudrais pouvoir lui jouir dessus. Puis, un grognement assourdi, puis un deuxième, et il fond, toute tension disparue.

Sa tête roule dans les coussins, il papillonne, son regard s’arrime au mien. Quelque chose de familier, comme si nous existions encore ensemble. Lui aussi le ressent, glousse alors que ses lèvres épuisées esquissent un sourire.

« Merci. » Il ferme les yeux. « Tu veux bien… venir avec moi ? En moi ? »

Nos désirs assouvis pour l’instant, la différence de température est moins intense. Je me coule dans sa forme, une ombre à l’intérieur de lui. Et nos corps ne font qu’un, ses larmes coulent sur mes joues, ses bras nous étreignent à lui briser les os.

« Je peux pas continuer sans toi.

— Je te promets que si. »

Silence.

« Je t’aime. »

Mes mots flottent avec nous. L’apaisement me berce, son souffle est un murmure apaisant. Sa chaleur, le battement de son cœur qui met du temps à se calmer. Je me sens si bien.

Je m’endors.

Le prince hanté

Par Ortie

Mon histoire se passe il n’y a pas si longtemps dans la belle ville de Lille. Elle commence dans les allées fréquentées de la célèbre braderie.

Un jeune homme flâne sans quête précise, s’attarde devant des bacs de vinyles et des vestes en jean sur des portants. Un stand se démarque au milieu des étals de jouets et d’électroménager. Il est composé de deux tables étroites sur lesquelles sont exposées harmonieusement des sérigraphie et des planches àl’encre colorée, des arrangements d’insectes et d’ossements dans des globes de verre et des bijoux variés dans des caissettes vitrées.

Notre protagoniste s’approche et parcours des yeux les illustrations, planches de flashs et affiches bicolores. Le petit tatoueur qui se tiens entre les présentoirs et la devanture du salon de tatouage le salue. Iels se sont parfois croisés dans des soirées et le chineur est déjà venu se faire percer par sa collègue. Lepetit tatoueur lui précise que les planches et les bijoux ont été trouvés lors du rangement de l’arrière boutique, reliques de précédents occupants. Certains bijoux sont clairement artisanaux et uniques, tousne sont pas neufs mais ils ont été nettoyés et stérilisés et sont prêts à être portés.

Notre chineur se penche avec intérêt sur les caissettes, il cherche un bijou pour remplacer l’anneau d’acier à son oreille. Mais c’est autre chose qu’il trouve, un épais anneau à bille dont une extrémité s’évase, évoquant une gueule ouverte ornementée de spirales.

« Un modèle unique c’est certain, joli choix !

Tu veux qu’on te le change maintenant ? »

Le chineur accepte et va trouver la pierceuse dans la boutique. Il repars dans les rues, heureux et décoré, fouilles des collections de vinyles avant de rentrer à son logis.

Dans la chaleur de l’après midi, il tire ses chaussures et ses maronnes et admire dans le miroir de l’entre son nouveau bijou, émergeant fièrement du méat de sa queue. Il installe une autre de ses trouvailles sur le tourne disque du studio et souris, satisfait de sa sortie. Il se verse un verre et s’étale sur le canapé, jette sa tête en arrière et yeux fermés, se laisse prendre par la musique.

Presque sans y penser, sa main vient à son membre. Il tire sur la peau souple, la fait rouler sur son gland et joue distraitement avec.

Il tripote de ouf.

Le soleil chauffe son côté droit , la musique s’envole et il lui semble être en transe. Il a l’impression délirante que le métal s’enroule autour de son gland et pulse, le contact froid et précis lui procurant des sensations inédites. Son sexe se durcit à cette idée et il commence à caresser sa longueur.

Le diamant fini sa course sur le disque et le silence met fin à l’enchantement. Il ouvre les yeux, s’apprêtant à se lever pour lancer la seconde face, mais son regard tombe sur son membre. L’extrémité est enveloppée de lignes métalliques ondulant lentement. Il se redresse brusquement et tente de décrocher l’aberration mais celle-ci resserre son emprise et accélère ses palpitations, comme animée de malice. Soudainement, l’étrange objet se développe à sa base et son porteur sens une protubérance se former et parcourir son urètre. Une sensation de plaisir l’envahis, redouble son érection et le jette à nouveau dans la mollesse du canapé.

Il se saisi de lui même et se manualise vivement, la longueur qui palpite en lui et l’emprise sur son gland lui offrent des sensations telles qu’il ne songe plus à questionner la scène. Très rapidement, il flirte avec l’orgasme mais la sonde étrange lui en interdit l’accès.

Il accélère son mouvement, reste pendu à cette tension de longues minutes avant que soudainement cette tige ne se rétracte. Il éjacule d’un seul trait et, pris de stupeur, n’a pas le temps de s’abandonner à la moiteur post-orgasmique. Perché à la pointe de sa bite, une tête argentée ridicule, les joues gonflées de sperme, surmonte un petit corps aux longs membres frêles, enroulés sur le membre.

Le visage grotesque le regarde, sourire en coin. Il avale d’une gorgée le contenu de sa bouche et d’une voix nasillarde s’exclame « Aaah ! Ça faisait longtemps ! »

L’humain, sans voix, recule dans ses coussins. Mais fuir un être accroché à soi même n’est pas très efficace. Le diablotin, tapotant de ses doigts minuscules le bout du membre redevenu flasque continue « bah alors ? Tu as pas kiffé ? Et puis d’abord, c’est toi qui a commencé à m’astiquer dans tous les sens. »

Après un temps d’adaptation, m’a-t-on dit, ces deux compères ont poursuivi une cohabitation fort agréable, pour eux et pour les partenaire du percé compagnon.

Cette histoire on me la dite et je n’ai pas de raison d’en douter, je vous la prête et vous pourrez à votre tour la raconter.

T’engloutir

Par Runes

Ce texte contient des sujets pouvant être sensibles. Pour savoir de quoi il est question, rendez-vous dans la section « liste des trigger warning » en haut de page.

C’est la fin.

L’air siffle à tes oreilles, et un bref instant, tu as l’impression de voler. Un sourire te gagne, c’est une ultime révérence, un dernier plaisir.

La surface de la mer te rattrape, et la douleur explose entre tes omoplates, chassant l’air de tes poumons. Tu sens ta peau se fendre, tu entends tes os se briser.

Tu te dis que c’est sans doute un bon moment pour perdre connaissance, en vain.

Tu t’enfonces dans les eaux, et tu sens le froid te gagner.

Tout est plus calme ici, même la douleur s’assourdit. Les bulles sont remontées sans toi, les rayons du jour t’ont délaissée.

Tu sens une vague chaleur suinter de ton dos, tu imagines ton sang se répandre dans les flots.

La première morsure te prend par surprise. Morsure est inexact, c’est si léger, presque un baiser, dans le creux de tes hanches. Tu sursauterais si tu en étais encore capable. La deuxième arrive très vite, sur ton ventre. Bientôt, ce sont des dizaines de bouches qui s’affairent sur ton torse, délicates, insistantes. Si elles sont douces au premier abord, elles se font confiantes, affamées. Elles grignotent, entaillent, sucent, aspirent, nettoient chaque centimètre disponible. Une nuée degloutonnes, sans cesse changeante, qui se relaie pour dévorer tes vêtements, s’attaquer à ta peau, à tes seins. Chaque morsure envoie des frissons dans tout ton corps, réveillant une chaleur que tu pensais disparue. C’est une tension délicieuse, et ton dos s’arque légèrement alors que tu continues ta descente.

Un autre prédateur a repéré ta chute, et veut sa part. Un premier tentacule se referme autour de ton bras, un autre s’enroule autour de ton cou. Tu veux tendre ta main pour l’arracher, mais elle ne répond plus. Tu es prisonnière de ton corps, et pourtant tu ressens chaque contact.

Un dernier tentacule explore ton visage, carresse ta joue, tes lèvres, et enfin trouve ta langue. Comme par réflexe, ta mâchoire s’ouvre, se bloque, avale l’intrus. C’est une danse que tu connais bien, un va-et-vient que tu as tant aimé, et des larmes se joignent à l’eau salé. Un gémissement se meure dans ta gorge, étouffé par le manque d’air. Sur ta nuque, un bec, dur, tranchant, se plonge entre les muscles, et commence à se repaître.

Ton corps se souvient, et a faim lui aussi. Tu bandes quand une autre pieuvre rejoint le festin, enserrant ta cuisse, explorant ton dos, avant de dévorer tes fesses, d’avaler ta verge, d’engloutir ton bas-ventre.

C’est la dernière sensation que tu arrives à tracer précisément. Alors que ta chute se poursuit, on explore chaque parcelle de ta peau, on lèche chaque goutte de sang, on suce, on avale, on te remplit, tant et si bien que

Lorsque t’écrases au fond, c’est dans une explosion de plaisir, une ultime jouissance, un dernier souffle. Au milieu des algues, coincée entre deux rochers, alors que les crabes commencent à s’enfouir dans ta chair, que les vers pondent leur premiers oeufs dans tes entrailles, tu trouves enfin ta place. Toute tension te déserte, ton corps se relâche, et doucement, tout doucement, tu te sens disparaître. 

Ta mort sera le début de tant d’autres vies, et sur tes lèvres, on peut lire un dernier sourire.

Cuculidae

Par Hickory

Ce texte contient des sujets pouvant être sensibles. Pour savoir de quoi il est question, rendez-vous dans la section « liste des trigger warning » en haut de page.

Printemps dernier, j’ai rencontré quelqu’un de formidable à une orgie.

Iel avait l’air plein.e aux as et n’a pas quitté son costard (ni la bouteille de gin) de toute la nuit.

J’avais prévu.e de plonger dès que possible dans la masse de corps entremêlés, comme une fourchette dans un plat de spaghettis, mais j’ai fini par rester habillé.e et causer avec cette personne tout du long. Iel était vraiment très belleau, à la Mads Mikkelsen, mystérieus.e, un peu distant.e ; on s’est assis.e.s dans deux fauteuils sur la berge de la mer de peaux.

Iel s’appelle Rossignol, et était déçue de la soirée, préfèrant les évènements un peu plus « sérieux ».

Moi ça faisait des semaines que j’avais hâte de cette orgie, mais j’avais peur qu’iel me juge donc j’ai fait mine d’être d’accord. Iel me fascinait et m’impressionait. Iel parlait du cul et des teufs comme si iel avait déjà tout fait, tout consommé, et j’ai fait de mon mieux pour faire semblant que je m’y connaissais autant qu’iel. Ça me rappelait comment je me sentais à mes débuts dans ce milieu, à entrevoir par le trou d’une serrure un monde qui m’excitait plus que tout, cherchant désespèrément à ouvrir la porte pour y mettre un pied.

Notre conversation était régulièrement interrompue par les gémissements ambiants, ce qui moi me distrayait totalement, tandis qu’ellui ça semblait l’impatienter. Je lui ai demandé.e, pendant une accalmie, en quoi consisterait une soirée plus « sérieuse » digne de son estime. Iel a regardé le fond de son tumbler en le faisant tourner pendant une dizaine de secondes, et pile quand iel a relevé la tête pour me répondre, quelqu’un a eu un orgasme particulièrement strident qui m’a fait vaciller. Jetant un regard méprisant vers personne en particulier, iel a descendu l’entièreté de son gin avant de me regarder droit dans les yeux :

-Dans une semaine, à vingt-et-une heures, à ma résidence, je vous répondrai.

Sur une serviette, iel a écrit une adresse. Iel s’est levé.e, m’a salué.e de la tête, et partit.

~

Vingt heures cinquante et je me trouve devant une grande porte d’orme et de bronze. Je crois que je suis en avance, mais j’ai tellement traité et retraité les informations dans ma tête depuis la semaine dernière que je suis même plus sûr.e. Je suis en train d’hésiter à toquer quand la porte s’ouvre. Mon esprit et ma chair palpitent en concert ; je m’apprête à mettre pied dans un monde dont je ne sais franchement rien, et ça m’excite plus que tout.

Sur le seuil, Rossignol est en train d’ajuster les ourlets de sa robe bleu ciel, et quand iel lève le regard sur moi, iel marque un temps d’arrêt, bouche entrouverte. Le silence endurant quelques secondes, je me présente et lui rappelle notre rendez-vous. Iel ferme les yeux, fort, puis se ressaisit. Iel me fait signe de rentrer urgemment, et scrute la cour en refermant la porte, avant de faire volte-face et me pointer un doigt accusateur, regard sévère et.

-Vous ne pouvez pas rester. Je ne sais pas ce que vous pensez faire ici, mais c’est une erreur.

Confus, je reste enthousiaste et lui rappelle les circonstances de notre rencontre, avant qu’iel ne m’interrompe.

– Vous avez mal compris. Vous devez partir, immédiatement. Pour votre bien.

Je comprends. Iel doit penser que je suis pas prêt.e pour sa soirée « sérieuse » ? Que je suis trop vanille ? Iel n’a peut-être pas tort, mais je refuse qu’on me ferme la porte à la gueule. Je n’ai pas peur, je veux savoir, je veux voir. Je lui dit que si, j’ai tout à fait compris, que les soirées « sérieuses » ça me connaît, et qu’iel n’a pas à s’inquiéter, je ne ferais pas de vagues.

Avant qu’iel puisse répondre, le son de voitures se garant dans la cour. Rossignol crache un juron, passe une main dans ses cheveux, et m’ordonne de lea suivre.

~

Je ne sais pas quelle heure il est. Dans les trous de la capuche sur ma tête, à la lumière anémique des néons, je vois presque rien sauf une douzaine de personnes debout en cercle, vêtues de bleu ciel, de capuches et des mêmes robes que celle de Rossignol. Dix mètres devant moi, une personne nue attachée sur une dalle de marbre au milieu du caveau. Iel semble inconscient.e. Mon coeur bat si vite, mon cerveau tourne si fort, mon entrejambe est si chaud, que j’arrive pas du tout à me concentrer sur la cérémonie.

Pendant qu’on déclame des trucs en latin, une des capuches se tourne vers moi. Je ne sais pas si c’est Rossignol. Personne ne m’a adressé la parole.

Je réagis juste à temps pour m’agenouiller quand les autres le font. Tout le monde marmonne une courte phrase comme une prière. Je fais semblant de la réciter de mes lèvres, même si personne ne peut les voir.

La lumière s’éteint alors que la pierre résonne encore des voix de tous mes compatriotes.

J’entends le son d’une vingtaine de pieds se lever et traîner vers le centre de la salle, et moi j’ose pas bouger. Ça y est, ça commence !

Notre soumis.e commence à gémir, puis passe très vite aux cris désespérés tandis que je commence à entendre des bruits de chair mouillée. On doit être trop « sérieux » pour le foreplay ici.

Le temps passe en acceléré et au ralenti simultanément tandis que je pends aux flux et reflux des sons réverbèrant dans le caveau.

Quelqu’un doit avoir sorti des toys ou des chaînes, j’entends le clinquement d’objets durs sur le marbre.

Écouter et imaginer le gangbang de folie que cette personne doit être en train de recevoir me suffit pour avoir une irrésistible envie de me branler, et poussé par la sensation d’interdit, de danger, de complicité dangereuse, je ne résiste pas.

Les cris deviennent des couinements épuisés, des pleurs, moins secoués qu’auparavant, mais aussi éperdus. J’entends des gouttes frapper le sol. Ça m’excite tellement que je viens, bruyamment, perdu.e dans l’instant.

Une fois ma respiration tremblante maîtrisée, je réalise qu’il règne un silence complet. Je me tétanise.

Quelqu’un rallume la lumière.

Moi, encore à genoux dans un coin ; ma robe perlée d’éjaculat.

Douze personnes debout autour du corps concave et inerte sur le marbre ; leurs robes encrassées de sang et de viscères.

Il était une fois un jeune pd trans et un vieux pd sexy

Par GLD

C’était le soir d’Halloween, et ils avaient prévu de sucer des glaces à la citrouille ensemble.

Mais Alan, le vieux pd sexy était bien mal en point ce soir là (du moins il le faisait croire à son jeune prince trans).

La veille, en faisant du cruising, il avait été mordu par un garou un peu brutal qui, n’avait pas su se retenir de la lui croquer. Malicieusement, il surjouait sa douleur assurant que son membre endoloricourait un risque certain.

Sasha, le jeune pd trans, affamé, était prêt à tout pour soulager cette malheureuse morsure et pouvoir se délecter du nectar d’Alan au plus vite. Celui ci lui désigna fiévreusement un vieux grimoire.

Ainsi Sasha parti à l’heure dorée avec pour quête de réunir les 3 ingrédients du remède.

(La vérité, c’est qu’Alan l’avait envoyé à la recherche du Plug Suprême et non en quête d’onguents pour faire une surprise de qualité au cul de son amant !)

La forêt mentionnée n’était pas dure à trouver, mais une fois à l’orée, le chemin qui disparaissait sous les frondes lui paru intimidant…Sasha hésita quelques instant puis se glissa entre les branches de sapins àl’odeur enivrante, les jeunes pousses vertes tendres chatouillant sa peau nue que le soleil avait réchauffée auparavant sur les collines. 

Dans un rayon de lumière, Il vit la pousse idéale. La recette indiquait qu’il fallait la prélever avec lesdents, il la croqua donc fermement. Un claquement sonore se fit entendre et une voix gronda:

– Qui ose goutter ma forêt?! 

– Huuum, ne faites pas attention à moi, je ne fais qu’une cueillette médicinale en faveur de mon ami souffrant.

– Ah oui ? Pensez vous que vous passez inaperçu dans cette foret avec cette élégante moustache ?! 

– Merci pour elle, mais à vrai dire je suis vraiment pressé, et je cherche la résurgence de Fondevallon ? 

-Je peux t’y conduire, mais surtout vous laisser repartir de ma clairière, à une condition! Je prélèverais une pousse de ta moustache, comme tu viens de le faire avec ma forêt , il ne faudra surtout pas crier!

Il approcha ses lèvres et croqua sa moustache, Sasha fut traversé par une envie fulgurante de gémir ou soupirer, qu’il étouffa en lui roulant une pelle ! Le gardien l’accueillit avec appétit.

Ils marchèrent en silence vers Fondevallon se lançant des regards évocateurs et souriants de temps à autre.

Ils arriverent à la résurgence où Sasha avait pour consigne d’obtenir un « secret ». Il s’agenouilla contre le rebord du petit bassin et à peine avait il effleuré le rebord que soudain un jeune homme apparu. Il était extrêmement attirant. Il y avait probablement de la magie là dessous !

Sa voix était sucrée, son regard légèrement acidulé… (de la magie oui oui) 

– On m’a informé qu’un petit PD s’était aventuré dans cette forêt, et qu’il était affamé, est ce que cette information est vérifiable?

– Oui, répondu Sasha

Mais le jeune homme ne semblait pas l’entendre… 

Sasha chercha du regard le gardien précédent, visiblement il lui plaisait d’observer la scène et lui montra la margelle où il pouvait caresser une pierre avec gravé 

« oui » et une pierre avec « non ».

Il frotta la pierre « oui »

– Bien, viens tu pour mon secret ?

Sasha caressa la pierre oui. 

– Voici mon secret. Il lui tendit une cruche avec un liquide visqueux que Sasha accepta.

– Es tu capable de dire « non » ?

– Oui

Il se disait que répondre « non » à cette question aurait été paradoxal… et commença à s’inquiéter de ce qui était à l’oeuvre dans cette conversation….

– Est ce que tu aurais envie de m’embrasser? 

– Absolument (mais il n’y avait pas de pierre « absolument » alors il se contenta de oui)

Ils se roulèrent une pelle, sa salive était étonnamment salée et onctueuse.

Elle lui coulait dans la gorge comme un jus délicieux, alors il bu à ses lèvres comme on boit à un robinet au parc. Sa salive lui coula sur le bord des lèvres et la figure.

Dans sa tête Sascha entendit 

Est ce que le premier gardien peut nous rejoindre? 

Sasha frotta la pierre « non ».

Mais rapidement et en riant il se décala afin de frotter son cul avec provocation et sensualité sur la pierre « oui ».

Le soleil avait disparut derrière la crête pendant qu’ils emmêlèrent leur langues avec ivresse et indécence. Quand ils séparerent leur bouche, le beau jeune homme se transforma brutalement en un crapaud! …plutôt mignon! et souriant! Il leur adressa un geste de la patte et décampa aussitot.

Sasha reparti avec la cruche, légèrement confus. Le gardien à ses cotés

La dernière quête du grimoire était… étrange. Il s’agissait d’aller livrer un « drive ». WTF?! Sasha sorti son smartphone par réflexe, peut être à la recherche d’une carte pour regarder le « drive » le + proche… mais Fondevallon n’était pas réputée pour sa couverture réseau. Cependant une nouvelle icône d’application attira son attention :

« M4B »

Il l’ouvrit. Le gps se déclencha. 

Il suivi donc l’itinéraire et se retrouva bientôt devant une falaise où une corniche les menèrent à une entrée de grotte. Le gardien lui servi un « après toi » moqueur. 

Sasha avança, la cruche à la main, mais regarda son téléphone plutôt que ses pieds et s’entrava, la cruche heurta l’entrée du passage en déversant son precieux contenu sur le pas de la porte de la caverne, dans laquelle, entrainé dans sa chute, il roula avec souplesse.

Il se retrouva nez à nez… heu non… plutôt nez à queue!…Nez à queue avec Alan! 

Il aimait trop sa queue… et il dut faire un effort pour ne pas se mettre à la sucer immédiatement.

– Cher amant, as tu trouvé le lait du remède? demanda Alan

– Oups, non, je crois que je suis trop empressé et..maladroit. le GPS de l’appli Milk4Bears m’a emmené directement à toi.. et heu… j’ai fracassé le cadeau du 2eme gardien mais ce n’était pas du lait.. pardon… mais d’ailleurs, c’est toi le dernier gardien?!

– Oui! et il faut me sucer pour achever ta quete!

– Hinhinhin avec plaisir !

Nous passerons sur ces moments avec moult gémissements mais l’histoire raconte aussi qu’il lui fit quand même boire du lait, et que le plan d’Allan fonctionna : le mélange des salives des trois gardiens fit apparaitre le Plug Suprême !

Ce qui n’était pas indiqué dans le grimoire, c’est que celui qui y ajoutait sa semence allait étre irrémédiablement attiré par celui ci…

Ainsi la caverne résonna de ses mots:

« huuuum quelle délice, j’en rêvais ». et Alan offrit délicieusement son cul à son Prince Suprême.

Quand au gardien de la forêt, il les regarda baiser en se branlant copieusement (et en dévorant toutes les glaces à la citrouille)

« Tel est pris qui croyait surprendre hinhinhin »

Songes d’une nuit d’automne

Par Panda

Le crépuscule s’installe petit à petit à mesure que je m’enfonce dans la forêt. Dans la pénombre, je commence à avoir du mal à distinguer où je pose les pieds. Le bruit des feuilles mortes qui jalonnent le sol m’accompagne. Tout est à la fois si calme, et si éveillé. Je suis aux aguets pour trouver l’endroit parfait.

Le voilà : à la fois caché du quotidien mais baignant dans la lumière naissante de la pleine lune. Le temps presse, la nuit est courte, et je veux profiter de la moindre seconde qu’elle m’offre. Je sors de mon sac tout le matériel nécessaire. Par-ci, par-là, j’allume des cierges épais, dont le vent fait couler de grosses gouttes sur leur longueur. Au centre, un feu de joie pour nous réchauffer. Un peu d’encens, des coupelles d’eau infusées de plantes aphrodisiaques soigneusement choisies. Je me pose près du feu, sa chaleur léchant mes jambes froides. La brise d’automne me gèle la peau, mais la pensée de cette soirée me fait bouillir de l’intérieur. Mes vêtements – trop légers pour la saison – me caressent au fil du vent nocturne. Je sens mes tétons durcir, de froid ou d’appréhension.

Il est temps. Je sors mon grimoire et l’ouvre à la page soigneusement préparée pour cette occasion. Je prends une grande inspiration, à la fois hésitante et exaltée, et me lance dans la lecture de l’incantation soigneusement choisie. Tout autour et en moi s’emballe à mesure que les mots effleurent mes lèvres. Le vent souffle plus fort, les flammes grandissent, la surface de l’eau s’agite. Mon cœur cogne contre ma poitrine, les frissons parcourent mon corps. Les goûts et les odeurs s’emmêlent. Je ferme les yeux, pour les rouvrir quelques secondes après.

Je ne suis plus seul·e. Autour de moi, la forêt s’est éveillée, et nous nous retrouvons enfin. Entourant le feu se sont réunies des dizaines de créatures diverses et variées. Je scrute la foule des yeux, me mordillant la lèvre d’excitation face à cette hétérogénéité de personnes avec qui je vais passer la nuit. Certain·e·s sont très grand·e·s, presque deux fois ma taille, et j’entends particulièrement leur voix se détacher de la foule. Certain·e·s, à l’inverse, sont minuscules et virevoltent entre les membres de l’assemblée avec une rapidité certaine. L’un·e de ces créatures me frôle le bras de ses petites ailes, m’arrachant un frisson au contact de cette douce chatouille. Dans le manque de lumière, je distingue des traits que je ne reconnais pas dans le monde des humain·e·s : cornes, queues, dents acérées, ongles écharpés. Le seul point commun de cette assemblée serait le peu de vêtements que ses membres portent. A la lueur des flammes, je distingue les activités engagées par les participant·e·s, et je sens la chaleur venir me rougir les joues, et m’animer le bas-ventre.

Un gémissement me sort de ma contemplation. Je tourne la tête dans sa direction, et tombe nez-à-nez avec deux êtres, me regardant, les yeux remplis de désir. La première créature, adossée sur le ventre de saon partenaire, est vêtue de bouts de dentelle rouge ne cachant au final que pas grand chose. Iel me regarde, les yeux mi-clos, en se passant la langue sur la lèvre et en soupirant de petits gémissements. Entre les deux cornes qui habillent son crâne, j’entrevois la silhouette de saon partenaire, plus grand·e, les oreilles dressées en pointe, le museau long et les dents aiguisées, prêtes à mordre sa proie. En observant les deux amant·e·s, je découvre des mains qui se baladent en quête de quelque chose à agripper afin de les satisfaire. En suivant leurs mouvements, j’aperçois une main se glisser sous la dentelle pour aller se nicher entre les jambes qui s’écartent pour se donner en spectacle. Voyant mon regard les scruter, iels me murmurent un « viens ». Sans trop réfléchir, je m’approche du couple en avançant à quatre pattes, envouté·e par leur danse. Sans m’en rendre compte, mes lèvres viennent se poser sur celles de la première personne rencontrée. Très vite, sa langue cherche la mienne et sa main s’agrippe à l’arrière de mes cheveux, appuyant mon visage, m’empêchant une possible fuite. Je sens ses ongles se balader sur ma nuque, entre l’effleurement et la griffure, et son corps bouger lentement au rythme des caresses reçues par son acolyte. Je sens le feu monter en moi, et m’envahir. Très vite, ses mains guident mon visage de plus en plus bas. D’abord à la découverte du creux de son cou que je m’amuse à mordre doucement puis un peu plus fermement, puis le haut de son buste. Mes lèvres rencontrent la dentelle qui recouvre ses seins. Je ne prends pas la peine de la décaler, et continue mes embrassades au travers du tissu. Je m’attarde sur sa poitrine, prenant le temps de déposer de doux baisers par ci par là, lae sentant trépigner d’impatience à l’idée que je puisse prochainement approfondir le contact. Je me réjouis de cette réaction, qui me donne envie de prendre encore plus le temps. Enfin, je cède. Je glisse mes doigts sous le tissu, maintient fermement le sein qui s’offre à moi et commence à lécher, sucer, mordiller sa proéminence. Les gémissements se font de plus en plus présents dans mes oreilles, les balancements des hanches viennent se frotter contre mon ventre. Je glisse moi-même ma main entre mes jambes. Je me sens durcir à ce contact. 

Mon corps s’enduit petit à petit de fluides divers, à mesure que je sens des caresses se joindre à la mienne. Incapable de discerner qui me touche, ni même combien de personnes, je me sens défaillir sous toutes ces stimulations. Sur ma peau se superposent des contacts, doux, brûlants, vifs, visqueux, gelés. Je ne sais plus si les caresses me chatouillent ou m’éraflent. Le corps meurtri de coups, de morsure et de griffures, je ne sais plus ce qui m’entoure, ni qui je suis. Je perds le décompte des heures, espérant que cette nuit ne se termine jamais.

C’est le vent froid qui vient me tirer de mon sommeil. Le même qui faisait s’éveiller mes sens au début de la nuit vient m’arracher de mes songes et me reprendre ce qu’il m’a donné. Douloureusement, je me redresse et scrute ce qui m’entoure. Le soleil semble s’être levé, caché par le ciel nuageux de cette fin d’année. Du feu, il ne reste qu’un tas de bois noir éteint depuis peu. Je trouve, ça et là, quelques restes de la nuit : de la cire fondue, des cendres, des coupelles salies. Toutes aussi salies que moi. Seul le silence m’entoure, me faisant douter de si la nuit passée était le fruit de l’accomplissement de mon sortilège, ou un simple songe. 

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Compte rendu – Handicap et validisme au sein des luttes LGBTI+

Handicap et validisme au sein des luttes LGBTI+

Ceci est un compte rendu qui vise à retranscrire la table ronde du 27/06/2020 lors du festival de Queerantaine.

Salut ! Je suis Panda, la personne qui anime cette table ronde. Pour me présenter rapidement, je suis non binaire et je suis en situation de handicap invisible. Je suis atteint·e du Syndrome d’Ehlers Danlos. Je suis militant·e bédéiste sur Lille, où je n’ai pas d’implication associative fixe, mais où je travaille avec pas mal d’associations différentes. J’aborderai donc ici une perspective politique et associative particulièrement.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je tiens a définir quelques termes que j’utiliserai par la suite.

Situation de handicap : a mon sens, on n’est pas handicapé. La situation, la société et son manque d’accessibilité me met en situation de handicap comparé a d’autres gens. Si j’avais les adaptations nécessaires, je ne serais probablement pas en situation de handicap.

Validisme et valide : les personnes valides sont les personnes qui ne sont pas en situation de handicap. Le validisme est le nom donné à l’oppression que subissent les personnes en situation de handicap.

Neuroatypie : correspond à un fonctionnement neurologique ou psychologique qui s’écarte de la norme, contrairement à la neurotypie.

Non binarité : correspond aux genres différents de homme et femme.

Pour introduire un peu mon propos, je vais commencer par parler un peu de ce qu’est être en situation de handicap et LGBTI+. Tout d’abord, cela correspond à une convergence de plusieurs oppressions, donc plusieurs luttes. Les personnes en situation de handicap et LGBTI+ vont subir des LGBTIphobies dans le milieu médical, et inversement. La convergence des luttes est là pour prendre en compte les personnes qui sont au centre de plusieurs oppressions.

Ensuite, je tiens à parler de la pathologisation à outrance des personnes LGBTI+. En effet, pour la majorité dominante, iels sont vu·e·s comme étant des personnes « à soigner », que « c’est dans leur tête ». Allant parfois jusqu’aux thérapies de reconversion, toujours légales en France. Être LGBTI+, ce n’est pas être malade. Cependant, les personnes LGBTI+ peuvent également être malades et / ou neuroatypiques. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut chercher à les soigner, car cela correspond simplement à une perception différente du monde.

Les personnes LGBTI+ sont certes plus souvent déconstruites aux sujets des situations de handicap comparé aux personnes non LGBTI+, cependant, cela n’empêche pas qu’il y ait énormément de validisme présent dans cette communauté. C’est une remise en cause permanente et nécessaire. De plus, on pourra remarquer que ce validisme de manière très générale est encore plus présent sur les réseaux sociaux. Encore récemment, nous avons pu remarquer une vague oppressive de part le mouvement Trans Et Handi lancé sur Twitter. Ce mouvement consistait simplement à se visibiliser en temps que personnes à la convergence de ces deux oppressions, cependant, il a été directement repris par des trolls et autres fascistes, laissant place a une vague de validisme, transphobie, nazisme, pédocriminalité et j’en passe. Cette affaire a été étouffée, peu de médias en ont parlé malgré nos sollicitations. Nous avons été invisibilisés une fois de plus.

Mais parlons désormais du militantisme LGBTI+. J’aborderai à ce sujet 3 points essentiels : l’associatif, les lieux queer, et les manifestations.

Comme je vous le disait un peu plus tôt, je ne travaille jamais avec une association fixe, en temps que bénévole. Je préfère de loin la liberté de travailler avec un peu toutes les associations que je rencontre. Cependant, j’ai tout de même fait parti d’une association LGBTI+ sur Lille au début de l’année scolaire 2019. Cette association était a hiérarchie horizontale, ce qui veut dire que tout le monde avait le même pouvoir. A la création de celle ci, plusieurs idées très très limite ont été proposées. Dans le lot, il y avait par exemple le fait d’exclure les bénévoles ne venant pas à 3 assemblées générales consécutives, ou l’obligation de lecture de certains livres, documentaires, films. Ces propositions sont tout simplement dangereuses pour les personnes en situation de handicap, cependant plusieurs personnes avaient voté pour. Nous avions décidé de mettre en place des formations internes faites par des personnes concernées, pour mieux nous déconstruire sur certains sujet. Avec un·e ami·e, nous avons mené une formation sur les situations de handicap et la non binarité. Ces formations n’ont malheureusement pas changé grand chose au validisme qui y régnait. Beaucoup de personnes minoritaires, particulièrement les personnes en situation de handicap, doivent passer leur temps à former et sensibiliser leur entourage. C’est encore plus présent dans le militantisme et l’associatif, où personne n’est formé sur ces sujets. Nous ne sommes pas vos profs, les personnes en situation de handicap plus que quiconque ont de l’énergie et du temps limités. Bien entendu, il est actuellement complexe de trouver de bonnes ressources pour se documenter, sans tomber dans la désinformation. Cependant, certaines personnes sont plus a même de vous aider, ces personnes en général le signalent. C’est mon cas, d’où le fait que je fasse cette table ronde (et ce festival).

Pour préparer cette prise de parole, j’avais un peu sondé les gens autour de moi, notamment pour savoir ce qu’iels pensaient de accessibilité des lieux LGBTI+. Valides ou pas, la majeure partie voyaient très bien qu’il y a un gros problème d’accessibilité. Ce n’est pas rare que certains bars par exemple soient « accessibles » pour y entrer (encore faut il aller demander une rampe au bar, complexe si on ne peut pas rentrer demander) mais que leurs toilettes ne le soient pas. En outre, ils ne sont pas accessibles. Certes, ces travaux ne dépendent pas que d’eux, cependant des lois d’accessibilité existent mais ne sont prises en compte ni par l’état, ni par les propriétaires des locaux, ni par les locataires (bars, locaux associatifs..). Et c’est nous, personnes en situation de handicap, qui en subissons les conséquences. Encore. Et puis, quand un bar est accessible aux fauteuils roulants (miracle!), il ne l’est pas nécessairement aux PMR (Personnes à Mobilité Réduite). Combien de fois je me suis retrouvé·e à faire tout le chemin pour venir dans un bar, pour me retrouver face à une salle pleine, sans chaise prévue, ou a des escaliers imprévus ? Hop, marche arrière, je rentre chez moi. On me prive encore d’une soirée. Je ne crois pas, personnellement, que ça soit très compliqué de garder une ou deux chaises pliantes dans la réserve, et une affiche au bar qui mentionne « si tu as besoin de t’asseoir, préviens moi ! ». Je ne crois pas que ça soit si compliqué que ça de mentionner sur un événement Facebook qu’il y a des escaliers, que des gens peuvent t’aider à descendre si besoin. Je crois simplement en de l’hypocrisie. Car oui, ne toujours pas prendre en compte ces choses alors qu’on s’époumone à vous les dire depuis des années, c’est de l’hypocrisie. Et puis, ça fait également beaucoup d’années qu’on demande à prendre en compte les personnes hypersensibles. Lumières trop blanches, son trop fort, soirée foutue. Pourtant c’est pas très compliqué de baisser le volume de la sono, il me semble. Enfin, probablement que si, vu que ce n’est jamais fait. Parlons un peu des soirées fumette et alcool. C’est toujours la même chose, ne jamais proposer de soirée sans fumer, sans boire, c’est un manque d’accessibilité. Il y a un nombre incalculable de personnes qui ne peuvent et veulent pas être confrontées à ces éléments, pourtant.

A-t-on encore besoin de parler de l’accessibilité (ou plutôt la non-accessibilité) des manifestations ? Visiblement, oui. La marche des fiertés (manifestation devenue technoparade) est, je pense, l’un des exemples les pires dans le domaine. Reparlons de la musique trop forte, par exemple. Reparlons du manque d’endroits où l’on peut s’asseoir quand on est PMR. Baisser le son n’est toujours pas une tâche compliquée. Prévoir des fauteuils roulants à emprunter (par exemple sur l’un des chars) ou un itinéraire avec des bancs sur la route n’est pas non plus très complexe. Les fauteuils roulants sont quasiment toujours inutilisables lors de ces manifestations, faute de crevasse et de dos-d’âne. Et c’est la responsabilité des organisateur·ice·s pourtant. Sur toute la France, ça ne fait quelques années seulement (3, il me semble) qu’un char handi est mis en place. Ce char n’est présent qu’à Paris. Il n’existe non pas sur la demande des organisateur·ice·s, mais bien sur les demandes incessantes de l’association handi queer auprès de la mairie et autres. Pourtant ce char est nécessaire. Il est limité, une poignée de personnes seulement peuvent y accéder, sur réservation de plus. Il n’est pas suffisant. Et dans les autres villes ? Où est il ? Ne cherchez pas la réponse, ce char n’existe pas ailleurs. Ajoutez à cela qu’une grande partie des militant·e·s en situation de handicap ne manifestent pas par peur des violences policières. Par peur de mauvaise prise en charge médicale en cas d’arrestation, par peur de ne pas savoir fuir, par peur de ne pas savoir respirer dans les lacrymo, par peur de se faire tabasser.

La conclusion, c’est à vous de la tirer. Comment faisons nous pour lutter pour nos droits quand nous sommes exclu·e·s des luttes ? Comment faisons nous pour faire bouger les choses quand on ne nous accepte pas dans les locaux ? Comment faisons nous pour nous chercher, et pour nous trouver, quand nous ne pouvons pas être auprès de nos adelphes ?

Il est temps que tout cela change. Il est urgent que vous, valides ou non, LGBTI+ ou pas, preniez conscience de la gravité de la situation. Il est urgent de faire entendre nos voix et nos revendications. Nous ne voulons plus être les oublié·e·s des luttes. Chaque pride month, j’espère ne pas avoir à en revivre un autre sans y avoir réellement ma place.

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Laisser la parole aux concerné.e.s

Pourquoi faire ?

J’ai récemment eu une conversation fort intéressante avec un camarade sur le fait qu’un auteur avait écrit un livre sur un thème qui ne le concerne pas. On s’est demandé ensemble pourquoi c’est problématique, et voilà la conclusion que j’en ai tirée.

En réalité, la seule chose a dire c’est : précarité des artistes

Personnellement, mon travail a peu de visibilité vu que je parle de handicap et de non binarité, et que, bizarrement, c’est pas super vendeur. (C’est l’une des raisons pour lesquelles je ne travaille pas avec des maisons d’édition, mais j’y reviendrais)

À côté de ça, je vois des personnes cisgenre (contraire de transgenre, donc en accord avec son genre assigné à la naissance) et / ou valide qui parlent dans leurs bouquins de ce que moi je vis.

Et eux sont édités, lus, achetés… En bref, quand tu rentre dans les normes, tu as de la visibilité.

Même si écrire sur le thème du handicap quand on est validé c’est pas une si mauvaise idée, il faut prendre en compte que parfois les propos et faits déformés sans le vouloir, et qu’à force de faire de la pédagogie sans savoir ce qu’on dit, ça peut vite devenir dangereux.

Vu que les personnes considérées comme marginales ont moins accès à l’édition, on va le faire à leur place, comme on a ce privilège !

L’idée n’est pas mauvaise, mais ça donne un cercle vicieux, la pensée s’auto-alimente et on marginalise un peu plus.

Cette problématique se retrouve dans beaucoup de situations. Parlons des films par exemple.

On engage quasiment toujours des acteurs valides pour jouer des personnes en situation de handicap (Jean-Michel Valide, le retour)

Déjà, ça alimente des stéréotypes, et en plus de ça, on refuse des jobs aux acteurs en situation de handicap parce que des valides les jouent à leur place. le handicap c’est c’est pas qu’un fauteuil roulant !

Économiquement, cela créé un gros problème de précarité chez ces personnes, faisant ainsi en sorte qu’elles ne vont pas avoir accès a des soins adaptés, à un cadre de vie normal, ou tout simplement un job qui leur plaît.

Le mieux, quand tu veux parler d’un sujet mais que tu n’es pas concerné·e, c’est de te mettre un peu en retrait, et prêter de ta visibilité à des personnes concernées en les nommant si elles le souhaitent, et en les payant de préférence !

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Marie pas claire

Marie pas claire, votre nouveau zine 100% santé mentale !
Zine créé lors d’un atelier créatif au J’en Suis, J’y Reste Lille (tous les 1ers samedi du mois, 16-18h)

Marie pas claire, chaque heure me semblait un an !, vivre selon son cœur, s’aimer soi-même, Quizz l’envers du jeu, lettre qui fait mal, It’s all about finding the calm in the chaos, le miroir de votre moi intérieur, Laisse-toi porter par la vie, ne résiste pas, fais confiance.

Illustrations par @tournesoldeviant / Axelle

Parfois c’est dur de trouver des trucs qui rendent la vie chouette alors voici quelques trucs chouettes je trouve : le thé, la musique nostalgique, l’air frais, un rayon de soleil, partager un rire, créer des choses, trouver un caillou cool, le sentiment de communauté, flotter dans l’eau, faire sourire. Rajoute tes trucs chouettes.

Tous les ans à la même période de l’année les petits coups de fatigue font peur parce qu’il ressemblent très fort à ces expériences dont je n’ai pas le nom. Je suis perdue dans un endroit pourtant familier, j’entends les sons mais pas les mots, je vois mais je ne sais pas ce que je regarde, impossible de retrouver mon chemin, il fait froid, il est tard, il fait sombre. 2 secondes, 1 minute, 15 minutes, 30 minutes, 45 minutes, 1 heure, 1 heure 30, 2 heures, 2 heures 30, je ne sais plus au final mais ça recommence de temps en temps.

12, je perdais beaucoup de temps. 8, je ne pouvais pas dormir. 7, j’arrivais en retard. 25, j’étais distraite. A l’infini, ça m’épuisait. 31, j’avais peur qu’on les remarque. Le même hiver, j’ai eu le plus de tocs (trouble obsessionnel compulsif) de ma vie (enfin on (la psy (?) de la fac (lol)) m’a dit que c’était ça et on m’a dit de les compter et lister. Leur donner plus d’attention n’a pas aidé. On m’a aussi dit d’essayer de ne pas leur obéir. Ca marchait un peu des fois (bof). Un peu d’espoir : ça va mieux.

Illustrations par @gabriael.le

TW : mention d’auto-mutilation.

Note : cette partie a été censurée d’Instagram pour cause d’images violentes, discours haineux, harcèlement, intimidation, nudité et actes sexuels.

Prendre soin de soi pour un auto-mutilation moins risquée.

Est-ce que tu t’auto-mutiles ? Tu n’es pas seul.e. Tu n’as aucune honte à avoir. Se couper, se taillader, se bruler ou toute autre façon de gérer sa douleur, sa peur, son anxiété.

Fais en sorte de réduire les risques ! Et éviter les dégâts au long terme ! Ce qui suit pourrait t’être utile avant de te couper (essaie de tout lire pour avoir toutes les infos)

Se couper en limitant les risques

La chose la plus importante à se rappeler c’est de ne pas te juger ou te dévaluer (oui, oui, facile à dire). Se couper peut être la seule solution pour s’en sortir.

1. S1 tu as une personne de confiance, dis lui que tu te coupes, ou demande lui d’être présent.e quand tu le fais.

2 – l’emplacement. Réfléchis à si tu souhaites que les gens voient tes coupures. Si tu ne veux pas, par peur d’être jugé.e ou puni.e, alors coupe-toi à des endroits que tu peux facilement cacher.

3 – Assure-toi que tes instruments soient aussi propres que possible pour éviter les infections (risque d’hépatite par exemple). Utilise de l’alcool (même si ce n’est pas 100% efficace), favorise le désinfectant. Si tu n’as pas de produit à dispo, nettoie la zone + l’outil à l’eau et au savon.

4 – Ne partage pas tes instruments !! (pour aussi éviter la transmission des hépatites…)

5 – Coupe toujours lentement

6 – Ni trop profond, et ne coupe pas près des veines principales

7 – Tiens t’en au minimum requis pour enlever ton mal-être. Fixe des limites. Décide à l’avance du nombre de coupures que tu t’autorises et respecte cette limite.

Tu peux avoir besoin d’assistance médicale si…

Les coupures sévères peuvent entrer le corps en état de choc, ce qui veut dire que tu commences à défaillir. En absence de traitement, cela peut être mortel.

Les signes :
– Irritabilité, impossibilité de rester immobile
– Vertiges, nausées
– Teint pâle, peau moite
– Respiration rapide
– Pouls élevé

Que faire ?
– Allonge-toi
– Contrôle le saignement externe
– Assure-toi que ta température corporelle est stable. Si tu as froid, mets toi sous la couette ou mets des vêtements chauds
– Sauf si tu as mal à la tête, au cou ou au dos, élève tes jambes d’au mois 30 cm.
Ne lève pas la tête, ne mange pas, ne bois pas.
Si tu le peux, appelle une personne de confiance ou les urgences.

Si tu n’arrives pas à arrêter le saignement
1 – Applique une pression avec un tissu/compresse propre directement sur la blessure
2 – Par dessus, met un objet large (comme une chaussette en boule) et enroule le tout avec une bande ou du sparadrap.
3 – Garde la blessure au niveau de ton cœur et regarde l’état dans 10 minutes.

N’enlève pas le bandage avant 10 minutes ! Si le bandage est imbibé avant, rajoute en autour. Si après 10 minutes tu saignes encore, panse à nouveau et appelle les urgences.

Après avoir arrêté le saignement :
– Mets une compresse froide sur la blessure et laisse le 10 minutes.
– Ensuite, nettoie la plaie avec un produit désinfectant. SI tu en as une, applique aussi une crème antibiotique.
– Change tes bandages 2 fois par jour
– Fais attention à toute rougeur ou chaleur provenant de la plaie. Ce sont des signes d’infection.

Si tu as des rougeurs ou de la fièvre, contacte un médecin. Et bois beaucoup d’eau !

Alternatives à la mutilation.
SI tu veux essayer qelque chose de différent, tu peux essayer les méthodes suivantes pour te procurer des sensations intenses et similaires à la coupure.
– Serrer un glaàon dans ta main ou crier dans ton oreiller
– Avoir des relations sexuelles protégées
– Couper des morceaux de papier ou de carton
– Utiliser un marqueur rouge à la place du rasoir ou de la lame
– Frotte une brosse à dents ou un glaçon contre ta peau
– Fais claquer un élastique contre ta peau.
Ecrire, composer ou desiner, faire de la musique sont aussi de bons moyens ‘exprier tes émotions et de mieux comprendre ton désire d’auto-mutilation.

Fin du TW

Illustrations par Panda

Le super quizz des effets secondaires de médocs.
Trouve l’effet secondaire réel de chaque type de médicament, et entoure la bonne réponse !
Anti dépresseur : idées suicidaires, dépression ou avoir une confiance inouïe en l’avenir ?
Anxiolytiques : oreillons, jaunisse ou varicelle ?


Anti-psychotiques : envie de faire la teuf, devenir neurotypique ou délire ?
Somnifère : passion pour la pêche, Alzheimer ou insomnie ?

Réponses : Anti-presseurs – idée suicidaires. Anxiolytiques : jaunisse. Antipsychotiques : délire. Somnifères : Alzheimer et insomnie (on t’a bien eu !)

Me réveiller me donne envie de me rendormir… J’ai envie de rien alors je me recouche. mois une cuillère (la théorie des cuillères)

Tu fais de ton mieux. Y a des gen autour de toi qui t’aiment et qui veulent t’aider. Oublie pas de leur laisser une petite place ! Un petit pas à la fois, et un jour ça ira mieux. Oh wow, un.e humain.e incroyable ! Si t’es encore là aujourd’hui, tu galère pas avec ta santé mentale : ta santé mentale galère avec toi.

Plan d’urgence trouvé sur internet

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Féminisme

Dans le cadre d’une option « étude féministes » ce semestre, nous avons travaillé à 3 pour créer un zine sur le sujet de la reproduction d’oppressions dans le féminisme. Un rapide tour d’horizon pour aborder 3 types oppressions : l’écoféminisme avec Emma (@emma_2aaaa ), étudiante en histoire de l’art, le validisme avec moi même, étudiant.e en culture et média, et le spécisme avec Mathilde, étudiante en histoire.

Avant propos :
Logements inabordables, salaires de misère, systèmes de santé inexistants ou dysfonctionnels, catastrophe climatique, rejet des migrant·e·s, violences policières… on entend peu les féministes s’exprimer sur ces questions. Pourtant, elles ont un impact majeur sur la vie de l’immense majorité des femmes à travers le monde.
« […] Face à un système néolibéral qui concentre toutes les aliénations, injustices et inégalités et instrumentalise certaines luttes sociales pour servir ses velléités impérialistes et engranger le plus de profits possible, le féminisme doit repenser son agenda théorique comme militant.
[…] Pour un féminisme véritablement inclusif, capable de faire converger l’anticapitalisme, l’antiracisme, l’écologie politique, l’internationalisme et l’anti-hétérosexisme : un féminisme pour les 99 %. » Extrait du résume du manifeste Féminisme pour les 99%
En tant que personnes concerné.e.s par certains luttes et par le féminisme, nous avons pu remarquer qu’il existe des reproductions de schémas d’oppressions, au sein même du féminisme. L’écocide, le validisme et le spécisme sont des luttes qui se rejoignent. Lutter pour un féminisme cis blanc valide n’est pas lutter pour un féminisme révolutionnaire, c’est donner du pouvoir à des forces dominantes. Une convergence des luttes est nécessaire.

Partie 1, éco-féminisme :

L’écoféminisme, qu’est ce que c’est ?
Une idée directrice : domination des femmes et domination de la nature sont deux facettes indissociables d’un seul modèle de civilisation. Il y a une interconnexion des oppressions, donc le féminisme et l’écologie ne sont pas deux phénomènes distincts.

Trois liens principaux sont faits par les écoféministes.
Factuel : l’injustice environnementale touche plus les femmes que les hommes. C’est en lien direct avec la pauvreté. A l’échelle mondiale, 80% des ménages pauvres sont des femmes élevant leur enfant seule, et nous savons que la pauvreté joue un grand rôle dans l’exposition à la crise environnementale. Les premiers réfugiés climatiques sont et seront des femmes. A cela s’ajoutent les catastrophes naturelles dont les femmes représentent plus de victimes.

Symbolique : Dans l’imaginaire collectif, la femme est associée à a nature, que ce soit au cinéma ou dans la religion. La femme est naturalisée et la naturalisation d’un groupe social signifie son oppression.

Systémique : Le patriarcat capitaliste, autrement dit la double exploitation des femmes et de la nature. Il se manifeste par un travail non rémunéré, une surexploitation. Il fait écho au travail de la nature qui se régénère, travail de fait non rémunéré.

Pourquoi le changement climatique est-il sexiste ?
Cette différence se fait principalement à cause de la pauvreté. A l’échelle mondiale, 80% des ménages pauvres sont des femmes élevant leur enfant seule. La pauvreté limite l’accès à des ressources et de l’information en cas de catastrophe naturelle. L’éducation joue aussi un rôle determinant.
Pakistan : en 2010 les inondations touchent 70% de femmes.
Bangladesh : Lors du cyclone Gorky en 1991, 91% des victimes sont des femmes.
Indonésie : en 2004 à Banda Aceh en Indonésie, le tsunami compte parmi ses victimes 70% de femmes. Au Sri Lanka, culturellement, nager et grimper aux arbres est enseigné en priorité aux garçons.

L’apport de l’écoféminisme – Greenham common women’s peace camp
Dans les années 80, le combat écoféministe est marqué par la dénucléarisation. En 1981 commence l’occupation du camp de Greenham Common, sur la base de la Royal Air Force, pour protester pacifiquement contre l’installation de missiles nucléaires. Le camp organisera à plusieurs reprises des opérations de protestation marquantes. Comme en 1982 et en 1983, où elles réalisent une chaine humaine de plusieurs dizaines de kilomètres constituée de plus de dizaine de milliers de personnes. En 1982, à la veille du nouvel an, elles s’introduisent sur la base, et réalisent une de leur opération la plus célèbre, « dancing on the silos » au cours de laquelle elles danseront pendant des heures sur les silos contenant les têtes des missiles. L’occupation du camp se termine en 2000, soit 19 ans d’occupation !!!!

La planète, ma chatte, protégeons les zones humides.
Nous sommes plus chaud.e.s que le climat
Ni les femmes, ni la planète, ne sont des territoires de conquêtes
A défaut de dire que je suis ravagé.e, arrête de ravager la planète
The sea is rising and so are we
Arrêtez de niquer vos mers

Partie 2 : anti-validisme

Ces meufs handies badass qui ont marqué l’histoire, mais dont on oublie souvent qu’elles sont handies.
1945-1992, Marsha P. Johnson, pionnière des émeutes de Stonewall (qui ont abouti sur nos Prides actuelles)
1890-1976, Agatha Christie, Autrice de romans policiers.
1947, Judy Heumann, Pionnière des mouvements anti-validistes aux USA dans les années 70 (pour que les lieux publics deviennent accessibles)
1920-2019, Alicia Alonso, Danseuse étoile, fondatrice du ballet national de Cuba, et partisane de la révolution à Cuba.
1915-1963, Edith Piaf, Chanteuse et comédienne.

La révolte des éclopé.e.s : petit tour d’horizon des luttes pour les droits des pers handies.
Années 1970 (USA) : Crip Camp. Littéralement un camp d’été pour les éclopé.e.s, tenu par des moniteur.ice.s valides comme handi.e.s, et où l’entraide, le soutien communautaire et l’auto-soutien prônaient, permettant de diminuer la présence de professionnels de santé (et donc de personnes valides). Pour beaucoup de jeunes (18-20 ans environ), c’était le seul lieu de socialisation, de réflexion sur l’avenir, et d’épanouissement, car le reste du temps, ces jeunes étaient enfermé.e.s dans des institutions.

1972 (USA), Loi anti-discrimination : L’article 504 de la loi sur la réadaptation parlait de discriminations. Nixon pose un véto contre cette loi, qui reviendrait trop cher. S’en suivent des manifestations handies (les premières !) avec blocage de routes etc. En 1973, la loi est finalement adoptée. A la tête de ces mouvements, Judy Heumann.

1977 (USA), loi menacée : Pour cause de révision budgétaire, l’article 504 est menacé. Les militant.e.s handi.e.s investissent donc le QG du gouvernement à San Francisco, qui durera 24 jours. Certain.e.s effectueront même une grève de la faim durant ce temps. L’article de loi est enfin sauvé, avant d’être de nouveau menacé en 1980.

1990 (USA), Loi d’accessibilité : Parce qu’un article de 10 lignes est insuffisant pour parler des spécificités liées aux discriminations validistes, une loi complète à vu le jour, permettant notamment aux personnes handicapées d’accéder à des lieux publics (à peu près) accessibles !

2006 (France), Loi française : Il faudra encore 16 ans pour que la France se décide à elle aussi nous promettre des droits ! Cependant, rien n’est acquis, comme on a pu le constater avec les mouvements pour la déconjugualisation de l’AAH en 2021.

Alors pourquoi on lutte pas ensemble pour dé-faire l’oppression cis-blanche-valide-hétéro-patriarcale ?

4 femmes (terme utilisé dans les enquêtes car les gens pensent est toustes binaires, c’est nul !) handies sur 10 sont embauchées, contre 7 sur 10 femmes valides.
Les questions d’accessibilité physique concernent tout le monde, notamment les parents (surtout les mères) et leurs enfants.
Une personne sur 5 est handicapée en France. 80% des handicaps sont invisibles.
Les femmes sont sous diagnostiquées de certaines choses, comme l’autisme, l’endométriose, le SED et bien d’autres encore.
Dans le monde, seul 20% des femmes handies ont un emploi.
35% des femmes handies subissent des violences conjugales. C’est 16% de plus que chez les femmes valides.
Les recherches médicales ne s’intéressent pas aux maladies liées à l’utérus/vagin/etc, comme pour l’endométriose, le syndrome des ovaires poly-kystiques, ou même, tout simplement, les règles.
Ouvrons nos espaces de réflexion et de lutte pour ne pas reproduire des schémas oppressifs. Ecoutons nous, apprenons, renseignons-nous et évoluons !

Partie 3 : anti-spécisme

Quelques ressources pour aller plus loin

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Subis et tais-toi


Subis et tais toi

Avant de commencer… Prendre soin de sa santé mentale est très important. Il est tout aussi important de se faire aider par un personnel qualifié qui pourra t’apporter des clefs pour aller mieux. + Le porte de plainte (comme toute démarche en cas d’agression) peut avoir des repercussions (mauvais comportement des flics, refus illégal de prendre la plainte, confrontation avec l’agresseur…). Et même si ça ne devrait pas nous empêcher de nous défendre, il est important de bien y réfléchir.
3114 : prévention suicide
112 : urgences
0148780078 : sos suicide

On écoute jamais les victimes (pas du tout une révélation).
On préfère écouter nos agresseurs, on remet en cause nos paroles, on tente de nous faire taire, de minimiser nos vécus et ressentis, on nous refuse des prises en charge médicales quand on en demande, puis quand c’est trop tard, on nous hospitalise de force en nous disant qu’il fallait demander de l’aide plus tôt.

On nous défends… parfois… et en silence.
Un soutien reste un soutien, mais parfois, défendre des gens de manière publique, c’est bien, même si ça peut nous mettre en danger, ou que c’est inconfortable pour nous.

Mais surtout, ce que je voulais dire ici, c’est qu’on attend de nous qu’on soit des victimes exemplaires.
On doit maintenir notre éthique à toute épreuve, quitte à se faire démolir par les autres, car se défendre, insulter, porter plainte ou prendre d’autres mesures, c’est pas assez woke.

Alors on se retrouve avec des espaces remplis d’agresseurs car « on peut pas les isoler de contacts sociaux, c’est important pour elleux ».

Et en attendant, les victimes restent enfermées chez elles, seules, et finissent par en mourir à petit feu. On s’indigne un peu à leur mort, puis on les oublie.

Parce qu’en temps que victime, souvent, on peut compter que sur d’autres victimes. Qu’on doit trainer le traumatisme de l’agression, et on doit être parfait.e, parce que visiblement, subir, c’est pas une excuse valable pour se défendre.

Toi qui subis, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réaction face à une agression. On deale comme on peut, avec les ressources et le soutien qu’on a. C’est ok de porter plainte même si tu préfèrerait cramer la police. C’est ok de faire tout ce que tu peux pour rester debout. Personne n’a le droit de t’en vouloir pour ça. Protèges-toi, et on en reparlera quand d’autres gens nous protégerons.

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Le grand soir

Le Grand Soir

Ca fait longtemps qu’on l’attend, mais moi, j’ai arrêté.

J’ai parlé avec plein de personnes de leur vision de la révolution. Dans toutes les visions qu’on en a, les personnes handicapées sont absentes.

Même si on venait à vos côtés, vous nous exposeriez beaucoup trop au danger. Une simple reproduction grande échelle des manifs actuelles, en somme.

Si on lançait notre propre révolution, vous ne nous suivriez probablement pas.

Quand on parle de l’après, on existe pas non plus.

Micro-société, auto-gestion, partage égal des tâches…
Comment on fait pour rendre une société équitable envers des personnes qui ont des besoins divers et variés ? La tâche est déjà compliquée quand on y réfléchit entre personnes concernées. L’accessibilité des un.e.s rend inaccessible la chose pour l’autre. On construit des idéaux sociétaux en consultant les besoins des groupes majoritaires et privilégiés sur les notions de validisme. A un moment, ça peut être intéressant de nous consulter pour qu’on réfléchisse ensemble à (par exemple) comment abolir l’état tout en ayant un système de santé gratuit et accessible. Ou comment abolir les violences intra-communautaires sans que les handi.e.s passent systématiquement à la trappe.

Alors oui, dans l’idée, on a bien besoin d’une révolution.

Mais quitter une société validiste pour en retrouver une autre, c’est loin d’être révolutionnaire.

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Mairie de Lille transphobe

Il aura fallu presque un an avant que je réussisse à poser mes mots ici. 6 mois d’angoisse et de peur, 6 mois recul sur les évènements et de préparation à ce que je vais écrire aujourd’hui.

En juillet 2021, j’ai déposé mon dossier de changement de prénom à la mairie de Lille. J’étais serein·e, j’ai apporté beaucoup de preuves et d’attestations (bien plus que ce qu’il ne faut), et la mairie de Lille était réputée pour avoir été formée sur la question, et donc accepter les dossiers facilement et rapidement s’ils étaient correctement constitués (ce qui était le cas du mien).

Quelques jours après avoir déposé mon dossier, un mail :
« Monsieur,
En date du 30 juillet 2021, vous avez déposé un dossier de demande de changement de prénom.
Je vous propose de nous rencontrer le vendredi 13 août prochain à 9h pour en échanger.
Je vous remercierais de bien vouloir me confirmer votre disponibilité. »

J’appelle pour savoir le motif de ce rendez-vous (qui n’est pas une convocation, insistera-t-elle plus tard), mais on ne veut rien me dire. « C’est confidentiel » (retenez bien ce passage). J’envoie un mail, réponse « nous souhaiterions échanger au sujet du dossier que vus avez déposé ». Super précis /s.

Nous informons plusieurs assos de cette prise de rendez-vous qui n’est pas illégale, mais qui est tout à fait hors procédures d’une demande de changement de prénom. L’asso En Trans décide de contacter la mairie, et aussitôt la mairie annule la demande de rendez-vous qu’on m’avait envoyé.

Durant l’été, En Trans + une autre personne demandent (de ce qu’elles nous ont dit) des rendez-vous à la mairie, qui trouve toujours un prétexte pour annuler, car untel est en vacances ou autre.
13 septembre, je reçois de nouveau une demande de rendez-vous, sans qu’En Trans n’ait pu voir les membres de la mairie. Sur conseils de plusieurs associations, je décline le rendez-vous, mais la mairie persiste. Je finis par dire que sans motif clair de rendez-vous, étant en situation de handicap et en reprise d’études, je ne peux pas me déplacer pour quelque chose sur lequel on refuse de me donner des infos.
Aucune réponse.

Le 27 septembre, je reçois une lettre du Tribunal : mon dossier y est, la mairie ne pouvant pas prouver de mon intérêt légitime (pour rappel, la transidentité est reconnu comme un interet légitime). Pour celleux qui ne connaissent pas ces démarches, légalement la mairie doit informer les personnes concernées que leurs dossiers sont renvoyés vers le Tribunal, ce qui n’a absolument jamais fait.
Le Tribunal, avec son grand respect des personnes trans (/s), adresse son courrier à « Madame » au sujet de ma « transsexualité » en disant que les preuves justificatives datant de 2019 ne permettent pas de prouver de l’usage prolongé de mon prénom.

En clair, on me demande de fournir d’autres pièces justificatives, à savoir « attestations professionnelles, abonnements anciens, attestations de vos professeurs… ».

Alors soyons clair·e·s, je suis auto-entrepreneur donc à part m’auto attester, je ne vois pas trop, et j’ai taffé dans des structures où je n’étais pas out car je ne me sentais pas en sécurité.
Pour avoir un abonnement il faut souvent que ça soit au même prénom que celui sur la carte de paiement par exemple.

Et pour ce qui est de mes profs, iels me harcelaient pour la plupart dès que j’ai fait mon coming out au lycée, ou refusaient de changer mon prénom sur les documents non officiels, entrainant une déscolarisation et un retour au placard pendant quelques années.

Désolé.e de vous décevoir hein, mais si on fait une demande de changement de prénom c’est justement pour éviter d’avoir à se manger cette transphobie.

Enfin bref, autant vous dire que je me suis retrouvé.e dans un état catastrophique en pensant que c’est un cauchemar qui n’en finira jamais.

Mais bon, peut être que tu me connais un peu, et que tu sais que je suis de la team « tout cramer » plutôt que de me laisser abattre.

Donc je retourne vers les camarades d’asso (mais pas vers En Trans, dont concrètement on a plus trop de nouvelles depuis plus d’un mois). On se regroupe à 4 assos, et on décide d’écrire 2 lettres, une à Martine Aubry (maire de Lille) et une à Marie-Christine Staniec-Wavrant (adjointe à l’état civil), disant que les associations ont recensé plusieurs personnes ayant eu des difficultés sur leurs dossiers de changement de prénom, et on leur demande un rendez-vous. Le 29 octobre, nous envoyons les lettres, laissant un délais de 3 semaines pour nous répondre.
Bien entendu, nous n’avons jamais eu de réponse.
La fin des 3 semaines approchant, nous apprenons par un contact qu’une association (En Trans) a un rendez-vous prochainement à la mairie. Nous relançons la mairie, demandant à ce que les 4 autres associations et collectifs co-signataires de la lettre soient également conviés. On nous envoie globalement bouler en nous disant qu’iels n’accepteront qu’une seule autre association car il n’y a qu’une seule signature au bas de la lettre (c’est faux, mais passons). Les réunions s’enchainent, on choisit nos représentant·e·s, on prépare tout, on s’informe auprès d’avocats et de membres de la mairie…

Puis on prévient En Trans de la venue de 2 représentant·e·s. Ce à quoi En Trans refuse finalement de venir au rendez-vous.

Les 2 autres personnes décident d’y aller quand même. La réunion se tient quelque chose comme le 1er décembre, avec 6 membres de la mairie, contre 2 personnes trans venues défendre les dossiers. Pendant 2h, ces personnes n’ont pas la parole, sont coupées dès qu’elles essaient de parler, et rabâcher d’élitisme à base de « moi je sais mieux que vous » (oui bien-sûr Jean-Michel cis)

Avant de continuer à raconter à quel point cette réunion était inutile, absurde et violente pour les personnes trans qui y étaient, voici quelques éléments dont je ne me souviens plus trop de la temporalité.

Nous avons appris d’un contact sûr que les dossiers avaient été traités par… l’adjointe aux sports. Petit retour sur les textes lois qui précisent bien (absolument tous) que le dossier de changement de prénom revient à un·e membre de l’état civil OU au tribunal. Les dossiers sont donc sortis de ce cadre pour être traités par Sarah Sabé, sous prétexte qu’elle est directrice de pôle au CHU de Lille.

Autre point, nous avons eu d’autres témoignages de personnes ayant eu le même parcours depuis a peu près la même période que moi (été 2021, donc). Une personne a vu son dossier être envoyé au tribunal car il y aurait une circulaire interdisant aux personnes trans de choisir un deuxième ou troisième prénom qui soit de leur genre assigné (j’y reviens après, mais no stress, c’est du bullshit).

En décembre 2021, la ville de Lille à voté un « plan d’action contre les discriminations envers les personnes LGBT+ » dans lequel on nous promet une exemplarité de l’administration lilloise sur l’inclusion des personnes LGBTQIA+. Plutôt paradoxal.

Après quelques brèves nouvelles d’une ancienne membres d’En Trans (enfin, techniquement) indiquant qu’elle revenait d’un rendez-vous avec le procureur, nous avons appris avec grande surprise que celui-ci demanderait soit disant des photos de nous comme preuves de transition (c’est totalement illégal), et elle n’aurait pas bronché.

Petit point personnel, mais le cumul d’informations grosses et absurdes provenant de cette association, leurs menaces, leur invisibilisation volontaire de la situation, sans compter la transphobie (voir harcèlement) que d’ancien·ne·s membres ont subi de leur part en plus de leur collaboration avec Trans Santé (anciennement la SOFECT) ne me donnent personnellement pas confiance en leurs propos. Je dis personnellement, mais en vrai on est beaucoup, beaucoup, à pas se sentir du tout safe auprès d’elles (j’aurais des 10aine d’anecdotes à raconter alors que je ne les ai quasi jamais vues). Bref je m’arrête là avant qu’on me menace de nouveau de porter plainte.

De mon côté, j’ai décidé de tenter le tout pour le tout en envoyant d’autres pièces au procureur, plus « officielles » (une attestation sur l’honneur ça l’est visiblement pas assez) mais absolument pas anciennes (genre 2021). J’y ait joint mon ancien dossier et une lettre expliquant qu’en temps que personne trans je ne peux pas fournir plus officiel ou plus vieux, et sous entendant que jamais je n’enverrai de photo (et que jamais ça n’a été demandé officiellement, et heureusement).

Bref, revenons-en à notre fameux rendez-vous à la mairie. Donc après s’être tapé du cissplaining à tout bout de champ, est venu la tant attendue question de « mais pourquoi vous convoquez les gens ? ». Leur réponse : « c’est parce que vous dites dans les dossiers que c’est pour transidentité, ça nous arrange pas, on voulait juste demander aux gens de refaire le dossier en disant que c’était pour cause d’usage prolongé ». Motif ultra confidentiel, donc /s.

Des infos sur la fameuse nouvelle circulaire ont été demandées, dans la panique c’était un bafouillement de « ah heu ben on va vous retrouver le numéro, on vous enverra ça ». Sans surprise, 6 mois après on en a toujours pas vu la couleur. De notre côté, on avait fouillé partout et contacté une avocate, aucun texte n’existe sur cette décision de 2eme ou 3eme prénom du genre assigné. Bref, un gros mensonge.

Puis, comble du comble, l’adjointe aux sports à eu le culot de venir pour se justifier elle-même d’avoir traité des dossiers. Bref, la mairie de Lille aime bien s’auto-tirer dans le pieds je crois.

Bien-sûr, les camarades étant allé·e·s à cette réunion sont ressorti·e·s complétement dépité·e·s et épuisé·e·s, avec l’impression de n’avoir avancé sur absolument rien.

Le temps passe et rien n’avance.

Puis le 7 janvier, je reçois un appel de ma mère. Mon changement de prénom est enfin accepté, elle a reçu mes papiers (me demandez pas pourquoi, j’ai jamais donné son adresse, mais bref). Bref, je m’effondre dans la rue. C’est presque 6 mois d’angoisse, d’espoir qui s’estompe de jour en jour, et toute une vie de lutte, pour un petit papier.

Quelques mois après, d’autres personnes avec qui j’étais en contact (dont la personne à qui on a inventé une circulaire) voient leurs dossiers être acceptés.

Malheureusement, ça ne s’arrête pas là, car d’autres cas sont apparus, et nous sommes toujours en quête de trouver ces personnes là pour pouvoir les aider dans leurs démarches. Un refus total du Tribunal a même eu lieu, sans justification. Les dossiers sont renvoyés au Tribunal quasi directement après leur dépôt en mairie. Puis d’autres sont épargné·e·s.

Si tu me connais un peu, tu dois connaître mon non-amour pour Fiertés Lille Pride (si non, rendez sur le post « le jour où les queers ont pris la place des cisgays à Lille »). Mais bon, la Pride arrive, et on s’est dit que c’était nécessaire de mettre en avant cette revendication. Des discours ont été prévus, et Fiertés Lille Pride et En Trans ont tenté de censurer les parties concernant la mairie, sous prétexte qu’il ne c’est jamais rien passé. Avec un coup de pression, la question a vite été réglée et les discours auront bel et bien lieu, nous rappelant tout de même qu’on est bien loin d’avoir des allié·e·s dans la « communauté ».