
Liste des Trigger Warning
La première nuit dans ton nouveau lit : non consentement consensuel
Je reviendrais te hanter : deuil
T’engloutir : mort, vore, gore
Cuculidae : mort, sacrifice
Edito
Ca fait maintenant 3 ans que j’ai ce projet en tête : celui de travailler ensemble sur un receuil de contes qui mette en avant des créatures diverses et variées, dans des contextes parfois un peu horrifiques, le tout pour parler de nos sexualités, nos fantasmes. Mêler peur et plaisir, deux concepts si éloignés, mais à la fois si proches l’un de l’autre. 9 personnes ont répondu à cet appel, et partagentmaintenant avec vous, lecteur.ice.s, leurs fantasmes les plus étranges. Il nous tenait à coeur, communément, de rédiger des histoires les plus inclusives possibles, parce que même même si le patriarcat cis-hetero-blanc-valide c’est un peu flippant, on en veut pas ici !
Frisson, frissons
Par Med’H
C’était un soir d’hiver. Une pluie fine s’épandait le long des vieux bâtiments du ghetto institutionnel où je vivais depuis mes douze ans. Aujourd’hui, j’ai trente-deux ans. Comme d’habitude, j’étais nu-e sous ma couette, attendant les bras de Morphée.
Mais revenant quelques mois plus tôt, c’était l’été. Vers une heure trente-six, un murmure se fit entendre à quelques mètres de mon lit. J’allume la lumière. Rien. J’éteins. À deux heures, la télé s’allume.
Mon cœur s’emballe. J’essaie de rationaliser. La télé change de chaîne. Je suis pétrifié-e, je sue abondamment. J’appelle le veilleur de nuit. Arrivé et voyant la télé allumée, il m’engueule, l’éteint, puis repart. Mon lit est inondé de sueur. Le frottement de mes cuisses me donne la chair de poule. J’essaie de nier qu’il y a quelqu’un-e ou quelque chose ici, près de moi. Je respire profondément. Je ferme les yeux pour m’endormir.
Je me réveille en sursaut : la télé est allumée. Des larmes coulent sur mon visage. Je prends mon téléphone pour appeler ma mère. Sur l’écran, ce message :
« N’aie pas peur, je ne te veux aucun mal. »
À ces mots, j’éclate en sanglots et me crispe. L’estomac noué, je reprends mon téléphone échappé de mes mains. Tremblotant-e, j’efface le message et écris :
« T’es qui ? »
Une seconde après, mon message s’efface. Sous mes yeux, des lettres apparaissent toutes seules :
« Je m’appelle Massiva. Je suis arrivé ici en deux-mille-un et je ne suis plus jamais parti. Un soir, un aide-soignant a oublié de me mettre le bouton de sonnette dans ma main. J’ai essayé de l’attraper, mais je me suis emmêlé dans le drap. J’ai haleté deux heures. Le matin, on m’a retrouvé sans vie. Depuis, j’erre dans ce bâtiment. »
Je réponds que je suis confus-e. Mes muscles, crispés trop longtemps, me font mal. Du fait de ma spasticité, je suis fatigué-e. Demain les aide-soignant-es vont me réveiller à sept heures trente. J’ai besoin de dormir.
Emporté-e par la fatigue et l’épuisement musculaire, je m’endors.
Le lendemain, j’ai cru que c’était un cauchemar. J’en ai parlé à personne. Ma journée s’est déroulée dans la monotonie habituelle. Le soir venu, dans ma chambre, l’ennui me prend. Je tente de vérifier si j’avais rêvé. J’ouvre une fenêtre de message et j’écris :
« Massiva, t’es là ? »
Dès le point d’interrogation, mon message s’efface. Des gouttes de sueur glissent dans mon dos. Sur l’écran, des lettres apparaissent une à une :
« Salut toi, j’avais hâte que tu reviennes. »
Un frisson me traverse. Mon cœur s’accélère. Je n’avais plus peur, mais une excitation me prit. Je lui demande pourquoi maintenant, pourquoi moi.
Massiva répond qu’il est décédé dans cette chambre et ne peut plus en sortir.
« Je t’ai rencontré-e à ton arrivée, on a grandi ensemble. Mais j’avais peur, de te contacter, de ton rejet.»
C’est vrai que j’ai eu peur la veille. Mais ce soir, Massiva m’attendrit, comme une personne croisée le long de ma vie sans pouvoir lui parler. Toutefois, un détail me fait tiquer :
« Tu dis qu’on a grandi ensemble, mais on ne grandit pas après la mort, si ? »
Massiva éclate de rire et me répond, comme une évidence connue de toustes : bien sûr que si, on grandit dans l’au-delà.
Donc, d’après lui, on a le même âge, les mêmes références. Après cette soirée, chaque soir, on discutait.
C’était mon confident, j’avais de l’affection pour lui, et lui pour moi.
Ce soir d’hiver, disais-je, nous discutâmes de tout et de rien. Vers vingt-deux heures, une question jamais pensée me vint :
« Massiva, tu as jamais eu envie de m’embrasser ? »
Mon portable s’allume : un « si » s’affiche.
« Si tu veux, on peut essayer, lui dis-je.
— Oui, je veux bien, mais je dois me transférer de mon fauteuil sur ton lit, O.K ?
— Oui bien sûr. » (Une fraîcheur se fait sentir entre mon ventre et mon bras gauche.)
« Je suis à quinze centimètres de ta bouche. » (La fraîcheur se rapproche de mon visage.)
« Dix centimètres. » (Je sens la fraîcheur près de mon nez.)
« Cinq centimètres. » (Mon bout de nez refroidit légèrement.)
« Mes lèvres frôlent les tiennes. » (Une sensation comme une crème glacée effleure mes lèvres.)
— Oui je sens tes lèvres, j’aime bien. (C’était la première fois que je partageais mon lit avec quelqu’un.)
Si tu veux, tu peux dormir avec moi ce soir.
— Je veux bien. Je peux te caresser les seins ? (Ces mots m’ont fait bander.)
— Oui, déshabille-toi aussi si tu veux. (La fraîcheur s’éloigne, revient le long de mon corps, puis mon sein s’enveloppe d’une buée.)
— Tu veux que je te suce et que je te pénètre avec un doigt ?
— Grave ! J’ai trop envie de toi !
— Moi aussi ! (Je sentis un air frais autour de mon bassin et plus intensément le long de mon pénis, qui maintenant était tout dur, à la verticale, et dans mon anus, je sentis deux doigts glacés faire des va-et-vient.)
— Je veux sentir ta bite en moi. (À mes mots, je me retourne et soulève légèrement mes fesses, je sens le pénis de Massiva se durcir près de moi puis me pénètre.)
Ce fut une nuit formidable, notre première fois à toustes les deux, et ce ne fut pas notre dernière ensemble.

La première nuit dans ton nouveau lit
Par Tom
Ce texte contient des sujets pouvant être sensibles. Pour savoir de quoi il est question, rendez-vous dans la section « liste des trigger warning » en haut de page.
On ne sait jamais ce que l’on peut trouver dans un vide grenier, mais cette fois tu as fait fort on dirait.Probablement la plus grosse pièce que tu aies jamais trouvé. Un antique lit à baldaquin qui aurait appartenu à un vieil excentrique un peu fou. C’est une horreur à démonter, transporter et remonter, certaines parties des boiseries ayant des formes complexes de branches et feuilles qui se prennent et sebloquent constamment entre elles. Mais le résultat final est un régal pour les yeux, la tête et le pied de lits sont des buissons sculptés dans un bois sombre, laissant branches et feuillages en ressortir. La couverture est d’origine, surprenamment bien conservée, elle est d’un vert sombre avec de discretsmotifs en fil d’or. Quatre troncs blanc de boulot entourent le lit et amènent a un feuillage éparse, sculpté lui aussi en plusieurs grandes arabesque créant une canopée protectrice. La seule chose que tu as rajouté ce sont deux grands rideaux accrochés comme tu l’as pu sur les côtés et permettant une plus grande intimité.
Content de toi, le soleil descendant sur l’horizon, tu te glisses dans les nouveaux draps avec ton livre du moment. La lampe de chevet accrochée à ta tête de lit est dans le bon angle et tu t’engouffre dans ta lecture, ne remarquant pas que la frondaison de l’arbre s’agrandit, refermant peu à peu ta vue sur le monde extérieur. Au moment d’éteindre, tu te poses bien la question de pourquoi tu voulais tant mettre ses rideaux, le lit cache bien assez par lui même le reste de la pièce. Tu fermes les yeux et tente de t’endormir peu à peu.
C’est alors que des caresses se font sentir sur ton corps, à peine perceptible. Une sensation tendre,comme une douce brise entre les arbres, mais qui semble traverser couette, pyjama et autres tissus sur le passage. Elles parcourent ton corps, le rendant peu à peu plus sensible.
Les caresses s’intensifient, passant de ce que tu méprends comme une brise à de vrai contact de mains, certes tendres, mais bien réelles. C’est au moment de vouloir t’en dépêtrer que tu te rends compte que l’on te bloque. Emprisonné par des dizaines de mains que tu ne vois pas qui parcourent tes courbes a la recherche de sensations. Tu te débats mais les mains se font plus strictes. Tu veux crier, appeler à l’aide mais elles te musellent la bouche. Tu voudrai chercher de l’aide mais tes pensées avancent au ralenti, entraîné par les frissons de plaisir causés par toutes ses caresses. les va et vient entre tes jambes érodent, vague après vague ton envie de fuir, le remplaçant peu à peu par celui de jouir.
Maintenant les mains te manipulent avec force, écartant tes jambes, étendant tes bras que tu avais su garder contre ton torse jusqu’à maintenant, les envoyant loin au-dessus de ta tête, tu sens les branches du lit s’enlacer autour de tes poignets et de tes chevilles. Tu gémis, de toutes ses sensations qui vont et viennent en toi. Tu sens monter une chaleur intérieure. Les mains le sentent aussi et cherchent à l’atteindre. Elles t’ouvrent la bouche, forçant l’entrée, elles te fouillent, te remplissent jusqu’à ce que les larmes te viennent.
Tu les sens te prendre, t’utiliser pour fabriquer du plaisir, qu’elles viennent prendre sur toi. Tes sensations sont exacerbées. Tes pensées sont dispersées dans l’orage d’émotion qui te traverse, les éclairs brillants, tes cris traversent la nuée de mains dans ta gorge. Des spasmes prennent ta chair au dépourvu. Libérés d’une quelconque intention tes muscles s’agitent sans cohérence. Encore tu ressens, encore tu vis l’instant.
Ta bouche est libérée, tu respires de nouveau plus normalement, épuisée. ton souffle fait partir doucement la tension accumulée dans tes membres en même temps que tu sens glisser sur toi les dernière mains, en même temps que tu sens les branches du lit desserrer leur étreinte. le lit reprend une forme réelle, ne laissant comme preuve de cet évènement que toi, hagard.
Tu hésites à fuir ce lit dans l’instant, mais il semble lui aussi chercher le repos maintenant. Tu commences à décrypter peu à peu les sensations qui te sont venues et tu découvre, surprise, qu’aucune ne fut déplaisante. le sommeil semble te reprendre doucement et pendant que tu te dis qu’il serait peut être intéressant de trouver d’autres de ses étranges meubles, ta conscience s’évapore dans des rêves perturbants. Et plaisant.
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Par Max / @weirdocraft (instagram)
Traversée par le vent d’automne, la foret frémis. Déjà ensommeillées, les branches étirent leur extrémités vers la rencontre. La lumière orangée baigne le bois d’une aura insaisissable.
Ici, à la frontière des saisons, dans les tourbillons de poussière de feuilles mortes, réside une hésitation, entre urgence débordante et étrange tranquillité. Une magie inquiétante qui s’infiltre dans chaque aspérité.
Des pas troublent la cadence, interrompant la symphonie d’un crissement de bottes empressées sur la litière. Le craquement est suivit d’un silencieux virevoltement de jupes mousseuses, qui s’accrochent à chaque ronces, avertissements ignorés de ne pas s’aventurer, si tard dans la saison, si profond dans la forêt. Un désir aussi de garder l’indésirable pour elles, de voler sa douce chaleur.
Rapidement, le bruissement du vent dans la végétation est éclipsé par le clapotis de l’eau.
Fougères et arbres se font clairsemés. Les ronces desserrent lentement leur griffes,
abandonnant les jupes à leur sort.
Enfin, une clairière s’ouvre sur le lit d’une rivière. Invisible jusqu’alors, elle sort de terre sur quelques mètres avant d’être avalée de nouveau par les pierres derriere un rideau de lianes impénétrables.
L’air dans la clairière est humide et fragrant. Humus, champignons, terre et vase; Vie et mort entrelacées, et puis un souffle sulfureux qui tache l’air et s’accroche aux poumons, vertige puissant et entêtant quicapture tout les sens. Les bottes abandonnées sur un carré d’herbes rases jettent une ombre élancée sur les jupons froissés, laissés là en pile.
Les galets polis de la berge roulent et s’entrechoquent sous le poids changeant des pas qui entrent dans l’eau. Leur surface lisse embrasse la paume rêche qui les enjambe, goûtant chaque appui éphémère.
Tout ici est surpris de la soudaine présence humaine, de sentir la chair, d’apercevoir la peau.
Il fait trop sombre pour un bain, trop froid pour la nage, et le silence est trop lourd pour un pari perdu. Partout autour de la clairière on détourne le regard : les curieux s’empressent de jeter un œil intrigué vers la rivière, les autres baissent les yeux, pudeur, inquiétude ou dégoût.
La vase s’écarte et se resserre autour de chevilles agiles jusqu’à ce que les pas mènent à une marche naturelle vers le centre de la rivière. L’eau est soudain plus profonde, lapant des mollets aux genoux, suscitant un cri de surprise et un rire qui choque l’auditoire captif. La rivière s’enroule autour des articulations et lèche les cuisses qui fourmillent et se tendent. Le bout des doigts brisent la surface de l’eau, et le torrent vient mordre les phalanges et boire la chaleur des extrémités. Un brin d’algue glisse entre les doigts humides, s’enroule et se déroule au grès du courant, provoquant un frisson le long des bras, avant de poursuivre son chemin en aval.
Séduit, le vent attrape doucement des mèches de cheveux pour découvrir les épaules, et le soleil, filtrant à travers la canopée, vient poser des baisers chauds sur la peau révélée. Un murmure exalté s’élève vers le ciel, mais son ascension est écourtée par le cri sinistre d’une pie et le sursaut qui le suit.
La rivière comprime jalousement son flot autour des jambes, pousse tout le poids du courant dans lecreux du genou, qu’elle fait fléchir. Une plainte et de grandes éclaboussures éclatent, alors que lasilhouette est brusquement submergée jusqu’aux épaules dans le bassin glacial. Froid sur chaud, mouillé sur transpirant, le corps s’agite, bat des bras et des jambes en rattrapant son souffle, puis se laisse aller àflotter et rit encore. Les observateurs hululent de soulagement.
Des mains graciles fouillent le centre du court d’eau et trouvent appui et accroche entre les rochers solides des profondeurs. Le liquide frais coule le long du dos et caresse délicatement le cou; il enveloppe tout entier l’être et soupir, au creux de son oreille, un envoûtement. Le rire vient encore, et ungémissement avec lui, qui résonne obscènement dans la clairière.
Les lèvres trempent dans l’eau, elles répètent le sors et s’entrouvrent pour goûter la rivière, acre sur lalangue. Le ventre, chatouillé par les eaux ondulante, frissonne et se crampe.
Le murmur du torrent se mêle au bourdonnement des insectes et aux bruissements d’ailes invisibles. Tout s’agite et tourbillonne; dessus, dessous. Le ciel se voile et soudain, la digue cède: la tête plonge et plonge sous l’eau.
Toute entière prise par la rivière, la forme humaine coule et disparaît, ses cris étouffés par le courant.
Je reviendrais te hanter
Par Zeph
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Pour la première fois depuis six mois, Amir s’est endormi sans pleurer, ou presque, et rapidement.
L’habitude et l’épuisement de la journée ? Je ne sais pas ce qu’il fait dehors, pendant que je l’attends.
Quand il rentre, ses gestes sont mécaniques, réduits à l’essentiel, puis il s’effondre dans le lit, et ses yeux se remplissent de larmes en fixant le plafond.
Je voudrais tellement pouvoir le réconforter.
Ce soir, je me rapproche, le matelas ne s’enfonce plus sous mon poids, et rien de ce que je fais le réveille.
J’ai si faim de sa chaleur, de son rire, de sa vie, et moi je ne peux même pas pleurer. Sa respiration change vers celle du sommeil, ses longs cils lui effleurent les joues. Las, je m’allonge derrière lui,véritable fournaise contre mon néant glacé. Mon nez disparaît dans sa nuque, sous ses boucles poivre et sel, mes bras l’enlacent, mon ventre épouse son dos, et mon bassin ses fesses. Un léger rire m’échappe, de l’avantage d’être mort : mon bras traverse le matelas et n’a plus besoin de circulation sanguine.
J’enveloppe mon amour, comme si je pouvais étendre plus mon être pour le serrer toujours plus fort, plus entier. Je voudrais pleurer avec lui ce que nous avons perdu.
Amir remue dans son sommeil, tressaute. Même mal réveillé, sa voix ne perd ni sa douceur ni sa tessiture de mue :
« Amour ? »
Mon âme s’agite, puis s’affole quand il vient poser sa main à travers la mienne. Agité d’un frisson de froid, il s’éloigne à peine de moi.
« Oui, je suis là. »
Quand Amir se retourne vers moi et que son regard s’agrippe au mien, je flanche. Je le connais par cœur, je l’ai scruté tous les jours depuis six mois, mais ses yeux me happent toujours autant, deux foyers de tendresse entourés des rides de nos rires. La lumière de la lune argente leur teinte de miel. À travers les larmes, il m’embrasse, nos lèvres se touchent et se traversent, sa chaleur en moi, autour de moi, sa langue dans la mienne, ses mains me brûlent sur leur passage. Tellement vivant.
Il grelotte mais ça ne l’empêche pas de venir se coller à moi, en moi, il dépose des baisers-braises surmes joues, et je lui rends des glaçons dans le cou ; les frissons se transforment en frémissements, ses muscles se tendent. Je le connais tellement. Où se glisser, où embrasser, où griffer, pour qu’il se tortille, qu’il supplie pour obtenir plus, et je sais que d’une caresse sur la jambe, il écartera les cuisses avec avidité. J’explore son torse par touches légères, je découvre nos nouvelles réactions, ses soupirs me guident.
Du bout du doigt, j’effleure son cœur, pointe de glace contre brasier. Les yeux d’Amir roulent dans leurs orbites, ses battements ralentissent, mais il parvient à murmurer deux oui haletés, un encore. Un deuxième doigt le fait gémir, ses mains se crispent sur les draps, son dos s’arc-boute, sa bouche cherche l’air. Il veut approfondir le contact, son corps réclame plus encore. Je le laisse sur la frontière quelques secondes, puis me retire en douceur. Il s’effondre, pantelant. Ses mâchoires s’agitent, quémandent que je revienne. À son oreille, j’ordonne :
« Suis ma main. »
Et il obéit, alors que je descends la mienne sur son chemin du plaisir. Je suis le vent dans ses poils si doux, sur le ventre d’abord, puis sur son pubis. La sienne me suit de près, comme un feu de forêt. Je ralentis, il pousse un râle, remonte le bassin. Ma main se glisse entre ses cuisses, et la familiarité du geste souligne toute l’étrangeté de la situation. Il ne m’attrape pas, il ne m’embrasse pas. Mais son souffle me tisonne la nuque. Sans pouvoir l’agripper, les sensations de son corps m’entourent, sa queue gonflée, ses lèvres dépliées, sombres et trempées. Je brûle alors que mes doigts le pénètrent, et que les siens me rejoignent. Je m’abandonne à l’incendie. On gémit à l’unisson. De l’autre main, je glace sa gorge, j’y coince ses cris,
son visage se crispe dans un hurlement muet. Tout son corps spasme alors qu’il se branle de plus belle. Je voudrais pouvoir lui jouir dessus. Puis, un grognement assourdi, puis un deuxième, et il fond, toute tension disparue.
Sa tête roule dans les coussins, il papillonne, son regard s’arrime au mien. Quelque chose de familier, comme si nous existions encore ensemble. Lui aussi le ressent, glousse alors que ses lèvres épuisées esquissent un sourire.
« Merci. » Il ferme les yeux. « Tu veux bien… venir avec moi ? En moi ? »
Nos désirs assouvis pour l’instant, la différence de température est moins intense. Je me coule dans sa forme, une ombre à l’intérieur de lui. Et nos corps ne font qu’un, ses larmes coulent sur mes joues, ses bras nous étreignent à lui briser les os.
« Je peux pas continuer sans toi.
— Je te promets que si. »
Silence.
« Je t’aime. »
Mes mots flottent avec nous. L’apaisement me berce, son souffle est un murmure apaisant. Sa chaleur, le battement de son cœur qui met du temps à se calmer. Je me sens si bien.
Je m’endors.
Le prince hanté
Par Ortie
Mon histoire se passe il n’y a pas si longtemps dans la belle ville de Lille. Elle commence dans les allées fréquentées de la célèbre braderie.
Un jeune homme flâne sans quête précise, s’attarde devant des bacs de vinyles et des vestes en jean sur des portants. Un stand se démarque au milieu des étals de jouets et d’électroménager. Il est composé de deux tables étroites sur lesquelles sont exposées harmonieusement des sérigraphie et des planches àl’encre colorée, des arrangements d’insectes et d’ossements dans des globes de verre et des bijoux variés dans des caissettes vitrées.
Notre protagoniste s’approche et parcours des yeux les illustrations, planches de flashs et affiches bicolores. Le petit tatoueur qui se tiens entre les présentoirs et la devanture du salon de tatouage le salue. Iels se sont parfois croisés dans des soirées et le chineur est déjà venu se faire percer par sa collègue. Lepetit tatoueur lui précise que les planches et les bijoux ont été trouvés lors du rangement de l’arrière boutique, reliques de précédents occupants. Certains bijoux sont clairement artisanaux et uniques, tousne sont pas neufs mais ils ont été nettoyés et stérilisés et sont prêts à être portés.
Notre chineur se penche avec intérêt sur les caissettes, il cherche un bijou pour remplacer l’anneau d’acier à son oreille. Mais c’est autre chose qu’il trouve, un épais anneau à bille dont une extrémité s’évase, évoquant une gueule ouverte ornementée de spirales.
« Un modèle unique c’est certain, joli choix !
Tu veux qu’on te le change maintenant ? »
Le chineur accepte et va trouver la pierceuse dans la boutique. Il repars dans les rues, heureux et décoré, fouilles des collections de vinyles avant de rentrer à son logis.
Dans la chaleur de l’après midi, il tire ses chaussures et ses maronnes et admire dans le miroir de l’entre son nouveau bijou, émergeant fièrement du méat de sa queue. Il installe une autre de ses trouvailles sur le tourne disque du studio et souris, satisfait de sa sortie. Il se verse un verre et s’étale sur le canapé, jette sa tête en arrière et yeux fermés, se laisse prendre par la musique.
Presque sans y penser, sa main vient à son membre. Il tire sur la peau souple, la fait rouler sur son gland et joue distraitement avec.
Il tripote de ouf.
Le soleil chauffe son côté droit , la musique s’envole et il lui semble être en transe. Il a l’impression délirante que le métal s’enroule autour de son gland et pulse, le contact froid et précis lui procurant des sensations inédites. Son sexe se durcit à cette idée et il commence à caresser sa longueur.
Le diamant fini sa course sur le disque et le silence met fin à l’enchantement. Il ouvre les yeux, s’apprêtant à se lever pour lancer la seconde face, mais son regard tombe sur son membre. L’extrémité est enveloppée de lignes métalliques ondulant lentement. Il se redresse brusquement et tente de décrocher l’aberration mais celle-ci resserre son emprise et accélère ses palpitations, comme animée de malice. Soudainement, l’étrange objet se développe à sa base et son porteur sens une protubérance se former et parcourir son urètre. Une sensation de plaisir l’envahis, redouble son érection et le jette à nouveau dans la mollesse du canapé.
Il se saisi de lui même et se manualise vivement, la longueur qui palpite en lui et l’emprise sur son gland lui offrent des sensations telles qu’il ne songe plus à questionner la scène. Très rapidement, il flirte avec l’orgasme mais la sonde étrange lui en interdit l’accès.
Il accélère son mouvement, reste pendu à cette tension de longues minutes avant que soudainement cette tige ne se rétracte. Il éjacule d’un seul trait et, pris de stupeur, n’a pas le temps de s’abandonner à la moiteur post-orgasmique. Perché à la pointe de sa bite, une tête argentée ridicule, les joues gonflées de sperme, surmonte un petit corps aux longs membres frêles, enroulés sur le membre.
Le visage grotesque le regarde, sourire en coin. Il avale d’une gorgée le contenu de sa bouche et d’une voix nasillarde s’exclame « Aaah ! Ça faisait longtemps ! »
L’humain, sans voix, recule dans ses coussins. Mais fuir un être accroché à soi même n’est pas très efficace. Le diablotin, tapotant de ses doigts minuscules le bout du membre redevenu flasque continue « bah alors ? Tu as pas kiffé ? Et puis d’abord, c’est toi qui a commencé à m’astiquer dans tous les sens. »
Après un temps d’adaptation, m’a-t-on dit, ces deux compères ont poursuivi une cohabitation fort agréable, pour eux et pour les partenaire du percé compagnon.
Cette histoire on me la dite et je n’ai pas de raison d’en douter, je vous la prête et vous pourrez à votre tour la raconter.
T’engloutir
Par Runes
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C’est la fin.
L’air siffle à tes oreilles, et un bref instant, tu as l’impression de voler. Un sourire te gagne, c’est une ultime révérence, un dernier plaisir.
La surface de la mer te rattrape, et la douleur explose entre tes omoplates, chassant l’air de tes poumons. Tu sens ta peau se fendre, tu entends tes os se briser.
Tu te dis que c’est sans doute un bon moment pour perdre connaissance, en vain.
Tu t’enfonces dans les eaux, et tu sens le froid te gagner.
Tout est plus calme ici, même la douleur s’assourdit. Les bulles sont remontées sans toi, les rayons du jour t’ont délaissée.
Tu sens une vague chaleur suinter de ton dos, tu imagines ton sang se répandre dans les flots.
La première morsure te prend par surprise. Morsure est inexact, c’est si léger, presque un baiser, dans le creux de tes hanches. Tu sursauterais si tu en étais encore capable. La deuxième arrive très vite, sur ton ventre. Bientôt, ce sont des dizaines de bouches qui s’affairent sur ton torse, délicates, insistantes. Si elles sont douces au premier abord, elles se font confiantes, affamées. Elles grignotent, entaillent, sucent, aspirent, nettoient chaque centimètre disponible. Une nuée degloutonnes, sans cesse changeante, qui se relaie pour dévorer tes vêtements, s’attaquer à ta peau, à tes seins. Chaque morsure envoie des frissons dans tout ton corps, réveillant une chaleur que tu pensais disparue. C’est une tension délicieuse, et ton dos s’arque légèrement alors que tu continues ta descente.
Un autre prédateur a repéré ta chute, et veut sa part. Un premier tentacule se referme autour de ton bras, un autre s’enroule autour de ton cou. Tu veux tendre ta main pour l’arracher, mais elle ne répond plus. Tu es prisonnière de ton corps, et pourtant tu ressens chaque contact.
Un dernier tentacule explore ton visage, carresse ta joue, tes lèvres, et enfin trouve ta langue. Comme par réflexe, ta mâchoire s’ouvre, se bloque, avale l’intrus. C’est une danse que tu connais bien, un va-et-vient que tu as tant aimé, et des larmes se joignent à l’eau salé. Un gémissement se meure dans ta gorge, étouffé par le manque d’air. Sur ta nuque, un bec, dur, tranchant, se plonge entre les muscles, et commence à se repaître.
Ton corps se souvient, et a faim lui aussi. Tu bandes quand une autre pieuvre rejoint le festin, enserrant ta cuisse, explorant ton dos, avant de dévorer tes fesses, d’avaler ta verge, d’engloutir ton bas-ventre.
C’est la dernière sensation que tu arrives à tracer précisément. Alors que ta chute se poursuit, on explore chaque parcelle de ta peau, on lèche chaque goutte de sang, on suce, on avale, on te remplit, tant et si bien que
Lorsque t’écrases au fond, c’est dans une explosion de plaisir, une ultime jouissance, un dernier souffle. Au milieu des algues, coincée entre deux rochers, alors que les crabes commencent à s’enfouir dans ta chair, que les vers pondent leur premiers oeufs dans tes entrailles, tu trouves enfin ta place. Toute tension te déserte, ton corps se relâche, et doucement, tout doucement, tu te sens disparaître.
Ta mort sera le début de tant d’autres vies, et sur tes lèvres, on peut lire un dernier sourire.

Cuculidae
Par Hickory
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Printemps dernier, j’ai rencontré quelqu’un de formidable à une orgie.
Iel avait l’air plein.e aux as et n’a pas quitté son costard (ni la bouteille de gin) de toute la nuit.
J’avais prévu.e de plonger dès que possible dans la masse de corps entremêlés, comme une fourchette dans un plat de spaghettis, mais j’ai fini par rester habillé.e et causer avec cette personne tout du long. Iel était vraiment très belleau, à la Mads Mikkelsen, mystérieus.e, un peu distant.e ; on s’est assis.e.s dans deux fauteuils sur la berge de la mer de peaux.
Iel s’appelle Rossignol, et était déçue de la soirée, préfèrant les évènements un peu plus « sérieux ».
Moi ça faisait des semaines que j’avais hâte de cette orgie, mais j’avais peur qu’iel me juge donc j’ai fait mine d’être d’accord. Iel me fascinait et m’impressionait. Iel parlait du cul et des teufs comme si iel avait déjà tout fait, tout consommé, et j’ai fait de mon mieux pour faire semblant que je m’y connaissais autant qu’iel. Ça me rappelait comment je me sentais à mes débuts dans ce milieu, à entrevoir par le trou d’une serrure un monde qui m’excitait plus que tout, cherchant désespèrément à ouvrir la porte pour y mettre un pied.
Notre conversation était régulièrement interrompue par les gémissements ambiants, ce qui moi me distrayait totalement, tandis qu’ellui ça semblait l’impatienter. Je lui ai demandé.e, pendant une accalmie, en quoi consisterait une soirée plus « sérieuse » digne de son estime. Iel a regardé le fond de son tumbler en le faisant tourner pendant une dizaine de secondes, et pile quand iel a relevé la tête pour me répondre, quelqu’un a eu un orgasme particulièrement strident qui m’a fait vaciller. Jetant un regard méprisant vers personne en particulier, iel a descendu l’entièreté de son gin avant de me regarder droit dans les yeux :
-Dans une semaine, à vingt-et-une heures, à ma résidence, je vous répondrai.
Sur une serviette, iel a écrit une adresse. Iel s’est levé.e, m’a salué.e de la tête, et partit.
~
Vingt heures cinquante et je me trouve devant une grande porte d’orme et de bronze. Je crois que je suis en avance, mais j’ai tellement traité et retraité les informations dans ma tête depuis la semaine dernière que je suis même plus sûr.e. Je suis en train d’hésiter à toquer quand la porte s’ouvre. Mon esprit et ma chair palpitent en concert ; je m’apprête à mettre pied dans un monde dont je ne sais franchement rien, et ça m’excite plus que tout.
Sur le seuil, Rossignol est en train d’ajuster les ourlets de sa robe bleu ciel, et quand iel lève le regard sur moi, iel marque un temps d’arrêt, bouche entrouverte. Le silence endurant quelques secondes, je me présente et lui rappelle notre rendez-vous. Iel ferme les yeux, fort, puis se ressaisit. Iel me fait signe de rentrer urgemment, et scrute la cour en refermant la porte, avant de faire volte-face et me pointer un doigt accusateur, regard sévère et.
-Vous ne pouvez pas rester. Je ne sais pas ce que vous pensez faire ici, mais c’est une erreur.
Confus, je reste enthousiaste et lui rappelle les circonstances de notre rencontre, avant qu’iel ne m’interrompe.
– Vous avez mal compris. Vous devez partir, immédiatement. Pour votre bien.
Je comprends. Iel doit penser que je suis pas prêt.e pour sa soirée « sérieuse » ? Que je suis trop vanille ? Iel n’a peut-être pas tort, mais je refuse qu’on me ferme la porte à la gueule. Je n’ai pas peur, je veux savoir, je veux voir. Je lui dit que si, j’ai tout à fait compris, que les soirées « sérieuses » ça me connaît, et qu’iel n’a pas à s’inquiéter, je ne ferais pas de vagues.
Avant qu’iel puisse répondre, le son de voitures se garant dans la cour. Rossignol crache un juron, passe une main dans ses cheveux, et m’ordonne de lea suivre.
~
Je ne sais pas quelle heure il est. Dans les trous de la capuche sur ma tête, à la lumière anémique des néons, je vois presque rien sauf une douzaine de personnes debout en cercle, vêtues de bleu ciel, de capuches et des mêmes robes que celle de Rossignol. Dix mètres devant moi, une personne nue attachée sur une dalle de marbre au milieu du caveau. Iel semble inconscient.e. Mon coeur bat si vite, mon cerveau tourne si fort, mon entrejambe est si chaud, que j’arrive pas du tout à me concentrer sur la cérémonie.
Pendant qu’on déclame des trucs en latin, une des capuches se tourne vers moi. Je ne sais pas si c’est Rossignol. Personne ne m’a adressé la parole.
Je réagis juste à temps pour m’agenouiller quand les autres le font. Tout le monde marmonne une courte phrase comme une prière. Je fais semblant de la réciter de mes lèvres, même si personne ne peut les voir.
La lumière s’éteint alors que la pierre résonne encore des voix de tous mes compatriotes.
J’entends le son d’une vingtaine de pieds se lever et traîner vers le centre de la salle, et moi j’ose pas bouger. Ça y est, ça commence !
Notre soumis.e commence à gémir, puis passe très vite aux cris désespérés tandis que je commence à entendre des bruits de chair mouillée. On doit être trop « sérieux » pour le foreplay ici.
Le temps passe en acceléré et au ralenti simultanément tandis que je pends aux flux et reflux des sons réverbèrant dans le caveau.
Quelqu’un doit avoir sorti des toys ou des chaînes, j’entends le clinquement d’objets durs sur le marbre.
Écouter et imaginer le gangbang de folie que cette personne doit être en train de recevoir me suffit pour avoir une irrésistible envie de me branler, et poussé par la sensation d’interdit, de danger, de complicité dangereuse, je ne résiste pas.
Les cris deviennent des couinements épuisés, des pleurs, moins secoués qu’auparavant, mais aussi éperdus. J’entends des gouttes frapper le sol. Ça m’excite tellement que je viens, bruyamment, perdu.e dans l’instant.
Une fois ma respiration tremblante maîtrisée, je réalise qu’il règne un silence complet. Je me tétanise.
Quelqu’un rallume la lumière.
Moi, encore à genoux dans un coin ; ma robe perlée d’éjaculat.
Douze personnes debout autour du corps concave et inerte sur le marbre ; leurs robes encrassées de sang et de viscères.

Il était une fois un jeune pd trans et un vieux pd sexy
Par GLD
C’était le soir d’Halloween, et ils avaient prévu de sucer des glaces à la citrouille ensemble.
Mais Alan, le vieux pd sexy était bien mal en point ce soir là (du moins il le faisait croire à son jeune prince trans).
La veille, en faisant du cruising, il avait été mordu par un garou un peu brutal qui, n’avait pas su se retenir de la lui croquer. Malicieusement, il surjouait sa douleur assurant que son membre endoloricourait un risque certain.
Sasha, le jeune pd trans, affamé, était prêt à tout pour soulager cette malheureuse morsure et pouvoir se délecter du nectar d’Alan au plus vite. Celui ci lui désigna fiévreusement un vieux grimoire.
Ainsi Sasha parti à l’heure dorée avec pour quête de réunir les 3 ingrédients du remède.
(La vérité, c’est qu’Alan l’avait envoyé à la recherche du Plug Suprême et non en quête d’onguents pour faire une surprise de qualité au cul de son amant !)
La forêt mentionnée n’était pas dure à trouver, mais une fois à l’orée, le chemin qui disparaissait sous les frondes lui paru intimidant…Sasha hésita quelques instant puis se glissa entre les branches de sapins àl’odeur enivrante, les jeunes pousses vertes tendres chatouillant sa peau nue que le soleil avait réchauffée auparavant sur les collines.
Dans un rayon de lumière, Il vit la pousse idéale. La recette indiquait qu’il fallait la prélever avec lesdents, il la croqua donc fermement. Un claquement sonore se fit entendre et une voix gronda:
– Qui ose goutter ma forêt?!
– Huuum, ne faites pas attention à moi, je ne fais qu’une cueillette médicinale en faveur de mon ami souffrant.
– Ah oui ? Pensez vous que vous passez inaperçu dans cette foret avec cette élégante moustache ?!
– Merci pour elle, mais à vrai dire je suis vraiment pressé, et je cherche la résurgence de Fondevallon ?
-Je peux t’y conduire, mais surtout vous laisser repartir de ma clairière, à une condition! Je prélèverais une pousse de ta moustache, comme tu viens de le faire avec ma forêt , il ne faudra surtout pas crier!
Il approcha ses lèvres et croqua sa moustache, Sasha fut traversé par une envie fulgurante de gémir ou soupirer, qu’il étouffa en lui roulant une pelle ! Le gardien l’accueillit avec appétit.
Ils marchèrent en silence vers Fondevallon se lançant des regards évocateurs et souriants de temps à autre.
Ils arriverent à la résurgence où Sasha avait pour consigne d’obtenir un « secret ». Il s’agenouilla contre le rebord du petit bassin et à peine avait il effleuré le rebord que soudain un jeune homme apparu. Il était extrêmement attirant. Il y avait probablement de la magie là dessous !
Sa voix était sucrée, son regard légèrement acidulé… (de la magie oui oui)
– On m’a informé qu’un petit PD s’était aventuré dans cette forêt, et qu’il était affamé, est ce que cette information est vérifiable?
– Oui, répondu Sasha
Mais le jeune homme ne semblait pas l’entendre…
Sasha chercha du regard le gardien précédent, visiblement il lui plaisait d’observer la scène et lui montra la margelle où il pouvait caresser une pierre avec gravé
« oui » et une pierre avec « non ».
Il frotta la pierre « oui »
– Bien, viens tu pour mon secret ?
Sasha caressa la pierre oui.
– Voici mon secret. Il lui tendit une cruche avec un liquide visqueux que Sasha accepta.
– Es tu capable de dire « non » ?
– Oui
Il se disait que répondre « non » à cette question aurait été paradoxal… et commença à s’inquiéter de ce qui était à l’oeuvre dans cette conversation….
– Est ce que tu aurais envie de m’embrasser?
– Absolument (mais il n’y avait pas de pierre « absolument » alors il se contenta de oui)
Ils se roulèrent une pelle, sa salive était étonnamment salée et onctueuse.
Elle lui coulait dans la gorge comme un jus délicieux, alors il bu à ses lèvres comme on boit à un robinet au parc. Sa salive lui coula sur le bord des lèvres et la figure.
Dans sa tête Sascha entendit
–Est ce que le premier gardien peut nous rejoindre?
Sasha frotta la pierre « non ».
Mais rapidement et en riant il se décala afin de frotter son cul avec provocation et sensualité sur la pierre « oui ».
Le soleil avait disparut derrière la crête pendant qu’ils emmêlèrent leur langues avec ivresse et indécence. Quand ils séparerent leur bouche, le beau jeune homme se transforma brutalement en un crapaud! …plutôt mignon! et souriant! Il leur adressa un geste de la patte et décampa aussitot.
Sasha reparti avec la cruche, légèrement confus. Le gardien à ses cotés
La dernière quête du grimoire était… étrange. Il s’agissait d’aller livrer un « drive ». WTF?! Sasha sorti son smartphone par réflexe, peut être à la recherche d’une carte pour regarder le « drive » le + proche… mais Fondevallon n’était pas réputée pour sa couverture réseau. Cependant une nouvelle icône d’application attira son attention :
« M4B »
Il l’ouvrit. Le gps se déclencha.
Il suivi donc l’itinéraire et se retrouva bientôt devant une falaise où une corniche les menèrent à une entrée de grotte. Le gardien lui servi un « après toi » moqueur.
Sasha avança, la cruche à la main, mais regarda son téléphone plutôt que ses pieds et s’entrava, la cruche heurta l’entrée du passage en déversant son precieux contenu sur le pas de la porte de la caverne, dans laquelle, entrainé dans sa chute, il roula avec souplesse.
Il se retrouva nez à nez… heu non… plutôt nez à queue!…Nez à queue avec Alan!
Il aimait trop sa queue… et il dut faire un effort pour ne pas se mettre à la sucer immédiatement.
– Cher amant, as tu trouvé le lait du remède? demanda Alan
– Oups, non, je crois que je suis trop empressé et..maladroit. le GPS de l’appli Milk4Bears m’a emmené directement à toi.. et heu… j’ai fracassé le cadeau du 2eme gardien mais ce n’était pas du lait.. pardon… mais d’ailleurs, c’est toi le dernier gardien?!
– Oui! et il faut me sucer pour achever ta quete!
– Hinhinhin avec plaisir !
Nous passerons sur ces moments avec moult gémissements mais l’histoire raconte aussi qu’il lui fit quand même boire du lait, et que le plan d’Allan fonctionna : le mélange des salives des trois gardiens fit apparaitre le Plug Suprême !
Ce qui n’était pas indiqué dans le grimoire, c’est que celui qui y ajoutait sa semence allait étre irrémédiablement attiré par celui ci…
Ainsi la caverne résonna de ses mots:
« huuuum quelle délice, j’en rêvais ». et Alan offrit délicieusement son cul à son Prince Suprême.
Quand au gardien de la forêt, il les regarda baiser en se branlant copieusement (et en dévorant toutes les glaces à la citrouille)
« Tel est pris qui croyait surprendre hinhinhin »
Songes d’une nuit d’automne
Par Panda
Le crépuscule s’installe petit à petit à mesure que je m’enfonce dans la forêt. Dans la pénombre, je commence à avoir du mal à distinguer où je pose les pieds. Le bruit des feuilles mortes qui jalonnent le sol m’accompagne. Tout est à la fois si calme, et si éveillé. Je suis aux aguets pour trouver l’endroit parfait.
Le voilà : à la fois caché du quotidien mais baignant dans la lumière naissante de la pleine lune. Le temps presse, la nuit est courte, et je veux profiter de la moindre seconde qu’elle m’offre. Je sors de mon sac tout le matériel nécessaire. Par-ci, par-là, j’allume des cierges épais, dont le vent fait couler de grosses gouttes sur leur longueur. Au centre, un feu de joie pour nous réchauffer. Un peu d’encens, des coupelles d’eau infusées de plantes aphrodisiaques soigneusement choisies. Je me pose près du feu, sa chaleur léchant mes jambes froides. La brise d’automne me gèle la peau, mais la pensée de cette soirée me fait bouillir de l’intérieur. Mes vêtements – trop légers pour la saison – me caressent au fil du vent nocturne. Je sens mes tétons durcir, de froid ou d’appréhension.
Il est temps. Je sors mon grimoire et l’ouvre à la page soigneusement préparée pour cette occasion. Je prends une grande inspiration, à la fois hésitante et exaltée, et me lance dans la lecture de l’incantation soigneusement choisie. Tout autour et en moi s’emballe à mesure que les mots effleurent mes lèvres. Le vent souffle plus fort, les flammes grandissent, la surface de l’eau s’agite. Mon cœur cogne contre ma poitrine, les frissons parcourent mon corps. Les goûts et les odeurs s’emmêlent. Je ferme les yeux, pour les rouvrir quelques secondes après.
Je ne suis plus seul·e. Autour de moi, la forêt s’est éveillée, et nous nous retrouvons enfin. Entourant le feu se sont réunies des dizaines de créatures diverses et variées. Je scrute la foule des yeux, me mordillant la lèvre d’excitation face à cette hétérogénéité de personnes avec qui je vais passer la nuit. Certain·e·s sont très grand·e·s, presque deux fois ma taille, et j’entends particulièrement leur voix se détacher de la foule. Certain·e·s, à l’inverse, sont minuscules et virevoltent entre les membres de l’assemblée avec une rapidité certaine. L’un·e de ces créatures me frôle le bras de ses petites ailes, m’arrachant un frisson au contact de cette douce chatouille. Dans le manque de lumière, je distingue des traits que je ne reconnais pas dans le monde des humain·e·s : cornes, queues, dents acérées, ongles écharpés. Le seul point commun de cette assemblée serait le peu de vêtements que ses membres portent. A la lueur des flammes, je distingue les activités engagées par les participant·e·s, et je sens la chaleur venir me rougir les joues, et m’animer le bas-ventre.
Un gémissement me sort de ma contemplation. Je tourne la tête dans sa direction, et tombe nez-à-nez avec deux êtres, me regardant, les yeux remplis de désir. La première créature, adossée sur le ventre de saon partenaire, est vêtue de bouts de dentelle rouge ne cachant au final que pas grand chose. Iel me regarde, les yeux mi-clos, en se passant la langue sur la lèvre et en soupirant de petits gémissements. Entre les deux cornes qui habillent son crâne, j’entrevois la silhouette de saon partenaire, plus grand·e, les oreilles dressées en pointe, le museau long et les dents aiguisées, prêtes à mordre sa proie. En observant les deux amant·e·s, je découvre des mains qui se baladent en quête de quelque chose à agripper afin de les satisfaire. En suivant leurs mouvements, j’aperçois une main se glisser sous la dentelle pour aller se nicher entre les jambes qui s’écartent pour se donner en spectacle. Voyant mon regard les scruter, iels me murmurent un « viens ». Sans trop réfléchir, je m’approche du couple en avançant à quatre pattes, envouté·e par leur danse. Sans m’en rendre compte, mes lèvres viennent se poser sur celles de la première personne rencontrée. Très vite, sa langue cherche la mienne et sa main s’agrippe à l’arrière de mes cheveux, appuyant mon visage, m’empêchant une possible fuite. Je sens ses ongles se balader sur ma nuque, entre l’effleurement et la griffure, et son corps bouger lentement au rythme des caresses reçues par son acolyte. Je sens le feu monter en moi, et m’envahir. Très vite, ses mains guident mon visage de plus en plus bas. D’abord à la découverte du creux de son cou que je m’amuse à mordre doucement puis un peu plus fermement, puis le haut de son buste. Mes lèvres rencontrent la dentelle qui recouvre ses seins. Je ne prends pas la peine de la décaler, et continue mes embrassades au travers du tissu. Je m’attarde sur sa poitrine, prenant le temps de déposer de doux baisers par ci par là, lae sentant trépigner d’impatience à l’idée que je puisse prochainement approfondir le contact. Je me réjouis de cette réaction, qui me donne envie de prendre encore plus le temps. Enfin, je cède. Je glisse mes doigts sous le tissu, maintient fermement le sein qui s’offre à moi et commence à lécher, sucer, mordiller sa proéminence. Les gémissements se font de plus en plus présents dans mes oreilles, les balancements des hanches viennent se frotter contre mon ventre. Je glisse moi-même ma main entre mes jambes. Je me sens durcir à ce contact.
Mon corps s’enduit petit à petit de fluides divers, à mesure que je sens des caresses se joindre à la mienne. Incapable de discerner qui me touche, ni même combien de personnes, je me sens défaillir sous toutes ces stimulations. Sur ma peau se superposent des contacts, doux, brûlants, vifs, visqueux, gelés. Je ne sais plus si les caresses me chatouillent ou m’éraflent. Le corps meurtri de coups, de morsure et de griffures, je ne sais plus ce qui m’entoure, ni qui je suis. Je perds le décompte des heures, espérant que cette nuit ne se termine jamais.
C’est le vent froid qui vient me tirer de mon sommeil. Le même qui faisait s’éveiller mes sens au début de la nuit vient m’arracher de mes songes et me reprendre ce qu’il m’a donné. Douloureusement, je me redresse et scrute ce qui m’entoure. Le soleil semble s’être levé, caché par le ciel nuageux de cette fin d’année. Du feu, il ne reste qu’un tas de bois noir éteint depuis peu. Je trouve, ça et là, quelques restes de la nuit : de la cire fondue, des cendres, des coupelles salies. Toutes aussi salies que moi. Seul le silence m’entoure, me faisant douter de si la nuit passée était le fruit de l’accomplissement de mon sortilège, ou un simple songe.