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Féminisme

Dans le cadre d’une option “étude féministes” ce semestre, nous avons travaillé à 3 pour créer un zine sur le sujet de la reproduction d’oppressions dans le féminisme. Un rapide tour d’horizon pour aborder 3 types oppressions : l’écoféminisme avec Emma (@emma_2aaaa ), étudiante en histoire de l’art, le validisme avec moi même, étudiant.e en culture et média, et le spécisme avec Mathilde, étudiante en histoire.

Avant propos :
Logements inabordables, salaires de misère, systèmes de santé inexistants ou dysfonctionnels, catastrophe climatique, rejet des migrant·e·s, violences policières… on entend peu les féministes s’exprimer sur ces questions. Pourtant, elles ont un impact majeur sur la vie de l’immense majorité des femmes à travers le monde.
“[…] Face à un système néolibéral qui concentre toutes les aliénations, injustices et inégalités et instrumentalise certaines luttes sociales pour servir ses velléités impérialistes et engranger le plus de profits possible, le féminisme doit repenser son agenda théorique comme militant.
[…] Pour un féminisme véritablement inclusif, capable de faire converger l’anticapitalisme, l’antiracisme, l’écologie politique, l’internationalisme et l’anti-hétérosexisme : un féminisme pour les 99 %.” Extrait du résume du manifeste Féminisme pour les 99%
En tant que personnes concerné.e.s par certains luttes et par le féminisme, nous avons pu remarquer qu’il existe des reproductions de schémas d’oppressions, au sein même du féminisme. L’écocide, le validisme et le spécisme sont des luttes qui se rejoignent. Lutter pour un féminisme cis blanc valide n’est pas lutter pour un féminisme révolutionnaire, c’est donner du pouvoir à des forces dominantes. Une convergence des luttes est nécessaire.

Partie 1, éco-féminisme :

L’écoféminisme, qu’est ce que c’est ?
Une idée directrice : domination des femmes et domination de la nature sont deux facettes indissociables d’un seul modèle de civilisation. Il y a une interconnexion des oppressions, donc le féminisme et l’écologie ne sont pas deux phénomènes distincts.

Trois liens principaux sont faits par les écoféministes.
Factuel : l’injustice environnementale touche plus les femmes que les hommes. C’est en lien direct avec la pauvreté. A l’échelle mondiale, 80% des ménages pauvres sont des femmes élevant leur enfant seule, et nous savons que la pauvreté joue un grand rôle dans l’exposition à la crise environnementale. Les premiers réfugiés climatiques sont et seront des femmes. A cela s’ajoutent les catastrophes naturelles dont les femmes représentent plus de victimes.

Symbolique : Dans l’imaginaire collectif, la femme est associée à a nature, que ce soit au cinéma ou dans la religion. La femme est naturalisée et la naturalisation d’un groupe social signifie son oppression.

Systémique : Le patriarcat capitaliste, autrement dit la double exploitation des femmes et de la nature. Il se manifeste par un travail non rémunéré, une surexploitation. Il fait écho au travail de la nature qui se régénère, travail de fait non rémunéré.

Pourquoi le changement climatique est-il sexiste ?
Cette différence se fait principalement à cause de la pauvreté. A l’échelle mondiale, 80% des ménages pauvres sont des femmes élevant leur enfant seule. La pauvreté limite l’accès à des ressources et de l’information en cas de catastrophe naturelle. L’éducation joue aussi un rôle determinant.
Pakistan : en 2010 les inondations touchent 70% de femmes.
Bangladesh : Lors du cyclone Gorky en 1991, 91% des victimes sont des femmes.
Indonésie : en 2004 à Banda Aceh en Indonésie, le tsunami compte parmi ses victimes 70% de femmes. Au Sri Lanka, culturellement, nager et grimper aux arbres est enseigné en priorité aux garçons.

L’apport de l’écoféminisme – Greenham common women’s peace camp
Dans les années 80, le combat écoféministe est marqué par la dénucléarisation. En 1981 commence l’occupation du camp de Greenham Common, sur la base de la Royal Air Force, pour protester pacifiquement contre l’installation de missiles nucléaires. Le camp organisera à plusieurs reprises des opérations de protestation marquantes. Comme en 1982 et en 1983, où elles réalisent une chaine humaine de plusieurs dizaines de kilomètres constituée de plus de dizaine de milliers de personnes. En 1982, à la veille du nouvel an, elles s’introduisent sur la base, et réalisent une de leur opération la plus célèbre, “dancing on the silos” au cours de laquelle elles danseront pendant des heures sur les silos contenant les têtes des missiles. L’occupation du camp se termine en 2000, soit 19 ans d’occupation !!!!

La planète, ma chatte, protégeons les zones humides.
Nous sommes plus chaud.e.s que le climat
Ni les femmes, ni la planète, ne sont des territoires de conquêtes
A défaut de dire que je suis ravagé.e, arrête de ravager la planète
The sea is rising and so are we
Arrêtez de niquer vos mers

Partie 2 : anti-validisme

Ces meufs handies badass qui ont marqué l’histoire, mais dont on oublie souvent qu’elles sont handies.
1945-1992, Marsha P. Johnson, pionnière des émeutes de Stonewall (qui ont abouti sur nos Prides actuelles)
1890-1976, Agatha Christie, Autrice de romans policiers.
1947, Judy Heumann, Pionnière des mouvements anti-validistes aux USA dans les années 70 (pour que les lieux publics deviennent accessibles)
1920-2019, Alicia Alonso, Danseuse étoile, fondatrice du ballet national de Cuba, et partisane de la révolution à Cuba.
1915-1963, Edith Piaf, Chanteuse et comédienne.

La révolte des éclopé.e.s : petit tour d’horizon des luttes pour les droits des pers handies.
Années 1970 (USA) : Crip Camp. Littéralement un camp d’été pour les éclopé.e.s, tenu par des moniteur.ice.s valides comme handi.e.s, et où l’entraide, le soutien communautaire et l’auto-soutien prônaient, permettant de diminuer la présence de professionnels de santé (et donc de personnes valides). Pour beaucoup de jeunes (18-20 ans environ), c’était le seul lieu de socialisation, de réflexion sur l’avenir, et d’épanouissement, car le reste du temps, ces jeunes étaient enfermé.e.s dans des institutions.

1972 (USA), Loi anti-discrimination : L’article 504 de la loi sur la réadaptation parlait de discriminations. Nixon pose un véto contre cette loi, qui reviendrait trop cher. S’en suivent des manifestations handies (les premières !) avec blocage de routes etc. En 1973, la loi est finalement adoptée. A la tête de ces mouvements, Judy Heumann.

1977 (USA), loi menacée : Pour cause de révision budgétaire, l’article 504 est menacé. Les militant.e.s handi.e.s investissent donc le QG du gouvernement à San Francisco, qui durera 24 jours. Certain.e.s effectueront même une grève de la faim durant ce temps. L’article de loi est enfin sauvé, avant d’être de nouveau menacé en 1980.

1990 (USA), Loi d’accessibilité : Parce qu’un article de 10 lignes est insuffisant pour parler des spécificités liées aux discriminations validistes, une loi complète à vu le jour, permettant notamment aux personnes handicapées d’accéder à des lieux publics (à peu près) accessibles !

2006 (France), Loi française : Il faudra encore 16 ans pour que la France se décide à elle aussi nous promettre des droits ! Cependant, rien n’est acquis, comme on a pu le constater avec les mouvements pour la déconjugualisation de l’AAH en 2021.

Alors pourquoi on lutte pas ensemble pour dé-faire l’oppression cis-blanche-valide-hétéro-patriarcale ?

4 femmes (terme utilisé dans les enquêtes car les gens pensent est toustes binaires, c’est nul !) handies sur 10 sont embauchées, contre 7 sur 10 femmes valides.
Les questions d’accessibilité physique concernent tout le monde, notamment les parents (surtout les mères) et leurs enfants.
Une personne sur 5 est handicapée en France. 80% des handicaps sont invisibles.
Les femmes sont sous diagnostiquées de certaines choses, comme l’autisme, l’endométriose, le SED et bien d’autres encore.
Dans le monde, seul 20% des femmes handies ont un emploi.
35% des femmes handies subissent des violences conjugales. C’est 16% de plus que chez les femmes valides.
Les recherches médicales ne s’intéressent pas aux maladies liées à l’utérus/vagin/etc, comme pour l’endométriose, le syndrome des ovaires poly-kystiques, ou même, tout simplement, les règles.
Ouvrons nos espaces de réflexion et de lutte pour ne pas reproduire des schémas oppressifs. Ecoutons nous, apprenons, renseignons-nous et évoluons !

Partie 3 : anti-spécisme

Quelques ressources pour aller plus loin