Le Grand Soir
Ca fait longtemps qu’on l’attend, mais moi, j’ai arrêté.
J’ai parlé avec plein de personnes de leur vision de la révolution. Dans toutes les visions qu’on en a, les personnes handicapées sont absentes.
Même si on venait à vos côtés, vous nous exposeriez beaucoup trop au danger. Une simple reproduction grande échelle des manifs actuelles, en somme.
Si on lançait notre propre révolution, vous ne nous suivriez probablement pas.
Quand on parle de l’après, on existe pas non plus.
Micro-société, auto-gestion, partage égal des tâches…
Comment on fait pour rendre une société équitable envers des personnes qui ont des besoins divers et variés ? La tâche est déjà compliquée quand on y réfléchit entre personnes concernées. L’accessibilité des un.e.s rend inaccessible la chose pour l’autre. On construit des idéaux sociétaux en consultant les besoins des groupes majoritaires et privilégiés sur les notions de validisme. A un moment, ça peut être intéressant de nous consulter pour qu’on réfléchisse ensemble à (par exemple) comment abolir l’état tout en ayant un système de santé gratuit et accessible. Ou comment abolir les violences intra-communautaires sans que les handi.e.s passent systématiquement à la trappe.
Alors oui, dans l’idée, on a bien besoin d’une révolution.
Mais quitter une société validiste pour en retrouver une autre, c’est loin d’être révolutionnaire.