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La fatigue militante

📸 @loup.der

Quand je parle avec des adelphes handicapé•e•s, c’est toujours la même chose qui ressort. Iels doivent faire de la pédagogie gratuite a longueur de journée, des gens viennent en commentaire ou en messages privés pour régler leur compte, donner leur avis et leur point de vue, souvent en étant valides

Pour nombre d’entre nous, et je n’y échappe pas, nous devons éduquer les personnes avec qui nous relationnons

Je suis toujours heureuxe de voir que mes relations s’intéressent à l’anti-validisme (même si ça me fatigue d’avoir l’impression d’être le déclencheur de leur déconstruction) et j’ai toujours envie de les accompagner et les conseiller. Au fil des ans je me suis rendu•e compte que pour ma propre sauvegarde ce n’était pas faisable, et qu’aucune personne n’était en droit de m’obliger à l’éduquer

Le contexte sanitaire, la marche des fiertés, les évènements militants, les lois restrictives… Ces derniers mois ont été très difficiles à supporter en temps que personne handicapée

Tous les matins je me réveille, et j’ai l’impression d’exister aux yeux de personne. C’est ça, le sentiment de ces derniers mois : je me sens oublié•e, dispensable, optionnel•le.

On a gueulé, à la marche des fiertés, dans les assos, sur les réseaux sociaux, partout. Mais les valides continuent leurs p’tites soirées sans nous, iels continuent « d’oublier » de venir à nos manifs, à nos évènements.

Je vis avec le validisme depuis ma naissance, je suis directement concerné•e depuis 6 ans, j’ai des séquelles physiques comme mentales de ce que les valides pensent des personnes handies. Et je suis à bout de souffle

[TW suicide]

On parle du taux de suicide chez les personnes trans, mais de combien sont-ils chez les personnes trans et handicapées ? On commémore la journée du souvenir trans tous les ans, mais je pleure tous les jours la mort de mes adelphes trans et handis, mort•e•s de transphobie et de validisme dans le silence le plus total des personnes valides

Je continuerai à lutter jusqu’au jour où nous existeront enfin à vos yeux, ou je tomberai avec elleux dans l’indifférence totale.

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